Читаем Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 полностью

Son époux vivait auprès de Philippe, un peu trop joyeusement pour son âge déjà avancé. « Il ne se rendra jamais compte qu'il n'est plus un jeune homme et que les femmes sont encore ce que l'on trouve de plus fatigant comme passe-temps ! » disait la comtesse avec philosophie. Cela ne la chagrinait guère. Il y avait beau temps que l'amour était mort entre elle et son légitime seigneur. Quant à son fils, il guerroyait dans les armées de Jean de Luxembourg et elle ne le voyait pas souvent. Il était grand amateur de beaux coups d'épée. « C'est de son âge et c'est de sa race ! » disait de lui Ermengarde. L'enfant qui devait naître de Catherine serait le bienvenu pour l'aider à supporter l'ennui d'une vie à la campagne car elle était bien décidée à demeurer désormais à Châteauvillain, pour y cultiver ses terres et y tenir ses paysans d'une main vigoureuse.

Derrière les hautes murailles solides de la forteresse, si semblables à leur maîtresse par l'impression de sûreté qu'elles donnaient au premier abord, Catherine vécut les jours paisibles dont elle avait le plus grand besoin. La demeure féodale dont les tours grises se miraient dans les eaux calmes de l'Aujon lui offrit un havre de paix et de longues soirées passées à contempler le coucher du soleil par-dessus les frondaisons de la forêt. C'est là qu'un matin d'août, après une dure nuit de combat contre la souffrance, Catherine donna le jour à un petit garçon que le chapelain du château baptisa sur l'heure du nom de Philippe... Ermengarde délirait de joie en regardant la nourrice, choisie par elle entre mille, emmailloter le nouveau-né. Elle était, certes, plus heureuse que Catherine elle-même. Le sentiment maternel ne vibrait pas très haut chez celle-ci. Elle n'avait pas désiré d'enfant de Philippe. L'amour qu'elle pouvait éprouver pour lui était plus de chair que d'esprit. Il l'attirait, il savait faire couler du feu dans ses veines et aussi la rendre profondément heureuse au moment de l'amour mais elle n'avait jamais déliré pour lui, brûlé de lièvre et d'ardeur et de passion, comme elle avait brûlé pour Arnaud. Et son absence ne lui pesait pas autrement.

Pourtant, quand il était venu à Châteauvillain, un mois environ après la naissance de l'enfant, elle en avait éprouvé de la joie. Philippe dégageait un charme magnétique et, auprès de lui, Catherine parvenait à se persuader aisément qu'il suffirait à emplir sa vie. Il s'était jeté à ses pieds pour implorer son pardon de n'être point venu plus tôt, il avait juré qu'il l'aimait plus que jamais et il le lui avait passionnément prouvé la nuit même de son arrivée.

Entre ses bras, Catherine s'était sentie revivre. Les sensations profondes, si ardentes, qu'il avait le don de lui offrir, réveillèrent en elle le goût de la vie, la coquetterie, l'envie d'être belle.

Il ne lui cacha pas, alors, qu'il allait se remarier. Mariage de convenance s'il en fut : il devait, au mois de novembre, épouser la comtesse Bonne d'Artois, beaucoup plus âgée que lui et veuve du propre oncle de Philippe, le comte de Nevers tué à Azincourt. Bonne était douce, timide, effacée et maladive mais son alliance était indispensable à la Bourgogne. Et Philippe se sacrifiait en épousant sa tante.

— Tu n'as pas à en être jalouse, avait-il affirmé à Catherine. Je n'aime et n'aimerai jamais que toi. Et, dès maintenant, tu ne me quitteras plus. Tu seras dame d'honneur de la duchesse, si tu le veux...

Catherine avait refusé, plus par orgueil que par souci des convenances. Elle ne voulait pas servir au grand jour une femme dont elle annexait le mari pendant la nuit. Elle avait obtenu de demeurer encore quelque temps auprès d'Ermengarde. Philippe avait acquiescé. Le 30 novembre 1424, il avait épousé Bonne de Nevers à Moulins-Engilbert mais, quelques jours plus tard, il revenait à francs étriers voler quelques baisers à sa maîtresse, la suppliant de revenir auprès de lui. Une fois encore, elle avait refusé. Elle aimait cette vie de campagne, la société vivifiante d'Ermengarde et aussi la compagnie de l'enfant auquel, à mesure que passait le temps, elle s'attachait enfin. Mais les jours de la nouvelle duchesse de Bourgogne étaient comptés. Avant qu'un an se fût écoulé, le 17 septembre 1425, elle mourait, laissant Philippe veuf une fois de plus, une fois de plus sans enfant légitime. Alors, presque de force, il avait arraché Catherine à sa calme retraite, en avait fait la favorite avouée, l'étoile éblouissante et toute- puissante autour de laquelle gravitait sa Cour, la plus brillante d'Europe.

Il lui avait rendu, et au centuple, tout ce que les hommes de justice lui avaient pris au moment du procès de Garin. Elle fut comtesse de Brazey afin que le petit Philippe eût un titre, elle posséda bientôt un château à Chenôve, au-dessus de Dijon, un petit palais à Bruges, des terres, de nouveaux joyaux, d'éblouissantes toilettes et l'amour de Philippe qui. jamais, ne se démentait.

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