Il a longuement étreint ses enfants contre son cœur, pleurant de joie en les embrassant; baisa ses petites-filles avec une affection toute paternelle. Mais alors que les salutations les plus festives étaient échangées dans le tourbillon des démonstrations expressives d'affection et d'émotion, Cneius Lucius a remarqué que Lolius Urbicus dévisageait avec insistance le profil de sa belle-fille, pendant que Claudia Sabine, feignant d'avoir complètement oublié le passé, concentrait son attention sur Helvidius avec des regards furtifs qui disaient tout à son cœur plein d'expérience, fatigué de lutter contre les capricieuses désillusions du monde.
Nestor, à son tour, débarqué en Ostie pour satisfaire son vieux rêve de connaître la ville célèbre et puissante, sentait des émotions inconnues vibrer en son for intérieur, comme s'il revoyait des lieux accueillants et chers. Il avait maintenant l'entière conviction que le paysage qui se dévoilait à ses yeux avides, lui était familier depuis des temps reculés. Il n'arrivait pas à préciser la chronologie de ses souvenirs, mais il conservait la certitude que, par un processus mystérieux, Rome était vraiment là dans le souvenir de ses réminiscences les plus profondes.
Ce même jour, alors qu'Alba Lucinie et ses filles accompagnées de Fabien Corneille et de
Helvidius confia à son père toutes les impressions qu'il rapportait d'Asie Mineure, se rappelant des scènes vécues ou évoquant de doux souvenirs, faisant ressortir néanmoins ses profondes inquiétudes morales concernant sa fille dont les connaissances prématurées en matière de religion et de philosophie le hantaient, depuis qu'accidentellement, elle avait pris plaisir à écouter les esclaves de la maison parler des dangereuses superstitions de la nouvelle croyance qui envahissait l'Empire de toute part. Il expliqua, ainsi, au délicat et généreux mentor spirituel de son existence, toute la situation familiale, lui présentant les détails et les circonstances sur le sujet.
Après l'avoir écouté attentivement, le vieux Cneius Lucius dont la pratique éducative expérimentée lui serait d'un grand secours pour trouver une solution, promit de lui apporter son soutien moral sur la question.
Peu de temps après, nos amis s'installaient dans leur magnifique résidence du Palatin, initiant un nouveau cycle de vie citadine.
Helvidius Lucius était satisfait de sa nouvelle position, soulignant que comme adjoint substitut de son beau-père dans les fonctions de censeur, un rôle important lui était réservé dans la vie de la ville sous le regard bienveillant de l'Empereur. Quant à Alba Lucinie, assistée de Tullia, grâce à ses capacités artistiques innées, transformait la vieille propriété, conformément au goût de l'époque, édifiant dans chaque coin un peu de l'harmonie de son foyer où son mari et ses filles pourraient se reposer dans les moments de grande agitation de la vie.
Inutile de dire qu'engagée par Tullia, Hatéria fut admise dans le foyer d'Alba Lucinie, s'imposant à tous par son humilité habile, elle gagna toute la confiance de ses maîtres en quelques jours à peine.
La semaine suivante, sous prétexte de vouloir se reposer quelque temps chez son grand-père qu'elle Idolâtrait, Célia fut conduite par ses parents à sa résidence sur l'autre rive du Tibre, aux pieds de l'Aventin.
Cneius Lucius habitait dans un palais très confortable au style romain accentué en compagnie de deux de ses filles déjà âgées qui le remplissaient d'affection couvrant d'étoiles la nuit de sa vieillesse.
Il reçut sa tendre petite-fille avec les preuves de satisfaction les plus évidentes.
Le lendemain dans la matinée, il ordonna de faire préparer sa litière personnelle pour aller offrir un sacrifice au temple de Jupiter capitolin en sa compagnie.
Célia l'accompagna calme et agréable bien qu'elle remarqua le regard expressif avec lequel l'ancien l'observait, soucieux peut-être de maîtresse ses sentiments les plus intimes.
Cneius Lucius ne s'arrêta pas seulement au sanctuaire de Jupiter mais il se dirigea, également, au temple de Sérapis où il se mit à parler à sa petite-fille des plus anciennes traditions de la famille romaine. La fillette ne contredisait pas ses paroles, ni n'interrompait son affectueux discours, se soumettant avec la plus grande obéissance à tout ce qui se rapportait au rituel des temples conformément aux règles instituées à Rome par les flamines.