La lumière magique se refléta sur son crâne luisant, ses yeux globuleux, son énorme moustache argentée, à la gauloise, les boutons fortement polis de la veste en velours marron qu'il portait au-dessus d'un pyjama en soie couleur lilas. Le haut de sa tête atteignait à peine le menton de Dumbledore.
"Qu'est-ce qui vous amène ?" grogna-t-il en chancelant sur ses pieds, et frottant toujours le bas de son ventre. Il semblait remarquablement peu intimidé pour un homme qui venait d'être découvert à l'intérieur d'un fauteuil.
"Mon cher Horace," dit Dumbledore, amusé, "Si les Mangemorts étaient vraiment venus te chercher, la marque des ténèbres serait visible au-dessus de la maison."
Le magicien se frappa le front avec une main .
"la marque des ténèbres" chuchota-t-il. "Je savais qu'il y avait quelque chose... ah bien ! Je n'aurais pas eu le temps de toute façon, J'en étais juste aux finitions de la tapisserie quand tu es entré ici."
Il poussa un grand soupir qui fit bouger les extrémités de sa moustache.
" Acceptes-tu que je t'apporte mon aide ?" demanda poliment Dumbledore.
"S'il te plaît !" répondit l'autre.
Ils se mirent dos à dos, un sorcier mince et grand d'un côté, l'autre petit et dodu de l'autre. Ils remuèrent leur baguette dans un même mouvement rapide.
Les meubles se replacèrent dans leur position d'origine. les lustres reprirent leur place entre ciel et terre, les plumes retournèrent dans leurs coussins, les livres déchirés se réparèrent alors qu'ils débarquaient sur leurs étagères, les lampes à huile se posèrent sur les guéridons et s'allumèrent, la collection de bibelots, de cadres et de tableaux cassés volèrent en scintillant à travers la pièce et se posèrent intacts sur un bureau , les déchirures, les fissures, et les trous se comblèrent partout, et les murs se nettoyèrent.
"Quel genre de sang était ce ?" se permit de demander Dumbledore faisant sonner la pendule contoise.
"Sur les murs ? Sang de dragon ! " cria le sorcier appelé Horace qui dans un tintement de cristal, revissait le lustre au plafond.
Il y eut encore un bruit de piano puis ce fut le silence.
"Oui, de dragon" répéta le sorcier sur le ton de la conversation. " Ma dernière bouteille, et les prix sont devenus extrêmement hauts à l'heure actuelle. Ça devrait pouvoir resservir !"
Il ramassa une petite bouteille de cristal posée sur un buffet et la présenta à la lumière en examinant le liquide épais à l'intérieur.
"Humm. Plus que quelques gouttes !"
Il remis la bouteille sur le buffet et soupira. C'est alors que ses yeux tombèrent sur Harry.
"Oho," dit-il, ses gros yeux globuleux fixant le front de Harry sur lequel on voyait une cicatrice en forme d'éclair. "Oho!"
"Voici" dit Dumbledore, s'avançant pour faire les présentations "Harry Potter. Harry, voici un de mes vieux amis et collègue, Horace Slughorn."
Slughorn tourna vers Dumbledore un visage malicieux. "C'est ainsi que tu as pensé me persuader ? Eh Bien, la réponse est non, Albus !"
Il ignora résolument Harry, son visage tourné dans une autre direction avec l'air d'un homme essayant de résister à la tentation.
"Je suppose que nous pouvons prendre un verre, au moins?" demanda Dumbledore . "Au souvenir du bon vieux temps?"
Slughorn hésita.
"D'accord pour un verre !"
Dumbledore sourit à Harry et fit glisser vers lui une chaise différente de celle que Slughorn avait récemment personnifiée, qui était juste auprès du feu rallumé et d'une lampe à huile brillant fortement. Harry s'assit sur le siège avec l'impression très nette que Dumbledore, pour une certaine raison, souhaitait le plus possible en évidence. Et en effet, quand Slughorn, qui s'était occupé des verres et des bouteilles, se tourna vers la salle, ses yeux tombèrent immédiatement sur Harry.
"Hmpf !" fit-il, regardant rapidement au loin comme s'il avait peur de se brûler les yeux. "Tiens…" il tendit un verre à Dumbledore, qui s'était assis sans invitation, poussa le plateau vers Harry, puis se cala au milieu des coussins du divan réparé dans un silence contrarié. Ses jambes étaient si courtes qu'elles ne touchaient pas le sol.
"Alors, Horace, comment vas-tu ?" demanda Dumbledore.
"Pas trop bien !" répondit Slughorn immédiatement. " Poitrine encombrée, asthme, rhumatismes aussi. Je ne peux pas me déplacer comme je le voudrais. Bien ! c'est la fatalité. Je vieillis, je suis plus fatigué."
"Mais tu dois encore pouvoir te déplacer assez rapidement pour nous avoir préparé une telle bienvenue en si peu de temps !" répliqua Dumbledore. "Tu n'as pas du avoir plus de trois minutes?"
Slughorn rectifia, mi-figue, mi-raisin "Deux. Je n'ai pas entendu mon charme d'intrusion d'assez loin ! Je prenais un bain. C'est toujours "ajouta-t-il sévèrement, s'étirant le dos" les conséquences du fait que je suis un vieil homme, Albus. Un vieil homme fatigué qui a bien mérité une vie silencieuse avec quelques réconforts."