Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Parce que ce sont de ces chagrins qu’une main humaine ne peut guérir.


– Même celle d’un roi?


– Même celle d’un roi.


– Même celle d’un père?


– Non plus, sire, non plus.


– Vous êtes religieuse, cependant, vous, Louise, et vous puisez de la force dans la religion…


– Pas encore assez, sire, et je me retire dans un cloître pour en trouver davantage. Dans le silence, Dieu parle au cœur de l’homme; et dans la solitude, l’homme parle au cœur de Dieu.


– Mais vous faites au Seigneur un sacrifice énorme que rien ne compensera. Le trône de France jette une ombre auguste sur les enfants élevés autour de lui; cette ombre ne vous suffit-elle pas?


– Celle de la cellule est plus profonde encore, mon père; elle rafraîchit le cœur, elle est douce aux forts comme aux faibles, aux humbles comme aux superbes, aux grands comme aux petits.


– Est-ce donc quelque danger que vous croyez courir? En ce cas, Louise, le roi est là pour vous défendre.


– Sire, que Dieu défende d’abord le roi!


– Je vous le répète, Louise, vous vous laissez égarer par un zèle mal entendu. Prier est bien, mais non pas prier toujours. Vous si bonne, vous si pieuse, qu’avez-vous besoin de tant prier?


– Jamais je ne prierai assez, ô mon père! jamais je ne prierai assez, ô mon roi! pour écarter tous les malheurs qui vont fondre sur nous. Cette bonté que Dieu m’a donnée, cette pureté que, depuis vingt ans, je m’efforce de purifier sans cesse, ne font pas encore, j’en ai peur, la mesure de candeur et d’innocence qu’il faudrait à la victime expiatoire.


Le roi se recula d’un pas, et, regardant Madame Louise avec étonnement.


– Jamais vous ne m’avez parlé ainsi, dit-il. Vous vous égarez, chère enfant; l’ascétisme vous perd.


– Oh! sire, n’appelez pas de ce nom mondain le dévouement le plus vrai et surtout le plus nécessaire que jamais sujette ait offert à son roi, et fille à son père, dans un pressant besoin. Sire, votre trône, dont tout à l’heure vous m’offriez orgueilleusement l’ombre protectrice, sire, votre trône chancelle sous des coups que vous ne sentez pas encore, mais que je devine déjà, moi. Quelque chose de profond se creuse sourdement, comme un abîme où peut tout à coup s’engloutir la monarchie. Vous a-t-on jamais dit la vérité, sire?


Madame Louise regarda autour d’elle pour voir si nul n’était à portée de l’entendre, et, sentant tout le monde à distance, elle continua:


– Eh bien! je la sais moi, moi qui, sous l’habit d’une sœur de la Miséricorde, ai vingt fois visité les rues sombres, les mansardes affamées, les carrefours pleins de gémissements. Eh bien! dans ces rues, dans ces carrefours, dans ces mansardes, sire, on meurt de faim et de froid l’hiver, de soif et de chaud l’été. Les campagnes que vous ne voyez pas, vous, sire, car vous allez de Versailles à Marly et de Marly à Versailles seulement, les campagnes n’ont plus de grain, je ne dirai pas pour nourrir les peuples, mais pour ensemencer les sillons, qui, maudits par je ne sais quelle puissance ennemie, dévorent et ne rendent pas. Tous ces gens, qui manquent de pain, grondent sourdement, car des rumeurs vagues et inconnues passent dans l’air, dans le crépuscule, dans la nuit, qui leur parlent de fers, de chaînes, de tyrannie, et à ces paroles ils se réveillent, cessent de se plaindre et commencent à gronder.


«De leur côté, les parlements demandent le droit de remontrance, c’est-à-dire le droit de vous dire tout haut ce qu’ils disent tout bas: «Roi, tu nous perds! sauve-nous, ou nous nous sauvons seuls…»


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