Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Oh! je ne dis pas non, dit la plaideuse en faisant une révérence du buste seulement; j’ai été fort émue de l’honneur que vous me fîtes en me recevant si gracieusement chez vous.


– Je crois qu’il y a eu encore autre chose.


– Autre chose? Ma foi, non, rien que je sache, madame.


– Oh! si fait, une rencontre?…


– Que j’aurais faite!


– Oui, en sortant de chez moi.


– Je n’ai rencontré personne, madame. J’étais dans le carrosse de monsieur votre frère.


– Avant de monter dans le carrosse.


La plaideuse eut l’air de chercher.


– Pendant que vous descendiez les degrés du perron.


La plaideuse feignit une plus grande attention encore.


– Oui, dit madame du Barry avec un sourire mêlé d’impatience, quelqu’un entrait dans la cour comme vous sortiez de la maison.


– J’ai du malheur, madame, je ne me souviens pas.


– Une femme… Ah! vous y êtes maintenant.


– J’ai la vue si basse, qu’à deux pas de moi que vous êtes, madame, je ne distingue point. Ainsi, jugez.


– Allons, elle est forte, se dit tout bas la comtesse. Ne rusons pas, elle me battrait.


– Eh bien! puisque vous n’avez pas vu cette dame, continua-t-elle tout haut, je veux vous dire qui elle est.


– Cette dame qui est entrée comme je sortais?


– Précisément. C’était ma belle-sœur, mademoiselle du Barry.


– Ah! très bien, madame, très bien. Mais comme je ne l’ai jamais vue…


– Si fait.


– Je l’ai vue?


– Oui, et traitée même.


– Mademoiselle du Barry?


– Oui, mademoiselle du Barry. Seulement, ce jour-là, elle s’appelait mademoiselle Flageot.


– Ah! s’écria la vieille plaideuse avec une aigreur qu’elle ne put dissimuler; ah! cette fausse mademoiselle Flageot, qui m’est venue trouver et qui m’a fait voyager ainsi, c’était madame votre belle-sœur?


– En personne, madame.


– Qui m’était envoyée?


– Par moi.


– Pour me mystifier?


– Non, pour vous servir en même temps que vous me serviriez.


La vieille femme fronça son épais sourcil gris.


– Je crois, dit-elle, que cette visite ne me sera pas très profitable.


– Auriez-vous été mal reçue par M. de Maupeou, madame?


– Eau bénite de cour.


– Il me semble que j’ai eu l’honneur de vous offrir quelque chose de moins insaisissable que de l’eau bénite.


– Madame, Dieu dispose quand l’homme propose.


– Voyons, madame, parlons sérieusement, dit la comtesse.


– Je vous écoute.


– Vous vous êtes brûlé le pied?


– Vous le voyez.


– Gravement?


– Affreusement.


– Ne pouvez-vous, malgré cette blessure, douloureuse sans doute, mais qui ne peut être dangereuse, ne pouvez-vous faire un effort, supporter la voiture jusqu’à Luciennes et vous tenir debout une seconde dans mon cabinet, devant Sa Majesté?


– Impossible, madame; à la seule idée de me lever, je me sens défaillir.


– Mais c’est donc une affreuse blessure que vous vous êtes faite?


– Comme vous dites, affreuse.


– Et qui vous panse, qui vous conseille, qui vous soigne?


– J’ai, comme toute femme qui a tenu maison, des recettes excellentes pour les brûlures; je m’applique un baume composé par moi.


– Peut-on, sans indiscrétion, voir ce spécifique?


– Dans cette fiole, sur la table.


– Hypocrite! pensa la comtesse, elle a poussé jusque-là la dissimulation; elle est décidément très forte; mais voyons la fin.


– Madame, dit tout bas la comtesse, moi aussi, j’ai une huile admirable pour ces sortes d’accidents; mais l’application dépend beaucoup du genre de brûlure.


– Comment cela?


– Il y a la rougeur simple, l’ampoule et l’écorchure. Je ne suis pas médecin; mais tout le monde s’est brûlé plus ou moins dans sa vie.


– Madame, c’est une écorchure, dit la comtesse.


– Oh! mon Dieu! que vous devez souffrir! Voulez-vous que je vous applique mon huile?


– De grand cœur, madame. Vous l’avez donc apportée?


– Non; mais je l’enverrai…


– Merci mille fois.


– Il convient seulement que je m’assure du degré de gravité.


La vieille se récria.


– Oh! non, madame, dit-elle, je ne veux pas vous offrir un pareil spectacle.


– Bon! pensa madame du Barry, la voilà prise.


– Ne craignez point cela, madame, dit-elle, je suis familiarisée avec la vue des blessures.


– Oh! madame, je connais trop les bienséances…


– Là où il s’agit de secourir notre prochain, oublions les bienséances, madame.


Et brusquement elle étendit la main vers la jambe que la comtesse tenait allongée sur un fauteuil.


La vieille poussa un effroyable cri d’angoisse, quoique madame du Barry l’eût à peine touchée.


– Oh! bien joué! murmura la comtesse, qui étudiait chaque crispation sur le visage décomposé de madame de Béarn.


– Je me meurs, dit la vieille. Ah! quelle peur vous m’avez faite, madame!


Et, les joues pâles, les yeux mourants, elle se renversa comme si elle allait s’évanouir.


– Vous permettez, madame? continua la favorite.


– Faites, madame, dit la vieille d’une voix éteinte.


Madame du Barry ne perdit point de temps; elle détacha la première épingle des linges qui entouraient sa jambe, puis rapidement déroula la bandelette.


À sa grande surprise, la vieille la laissa faire.


– Elle attend que je sois à la compresse pour jeter les hauts cris; mais, quand je devrais l’étouffer, je verrai sa jambe, murmura la favorite.


Et elle poursuivit.


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