Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Mais c’était surtout dans sa vie et dans sa gloire que Versailles était splendide à voir. Quand un peuple sans armes, contenu par un peuple de soldats brillants, battait de ses flots les grilles dorées; quand les carrosses de velours, de soie et de satin, aux fières armoiries, roulaient sur le pavé sonore, au galop de leurs chevaux fringants; quand toutes les fenêtres, illuminées comme celles d’un palais enchanté, laissaient voir un monde resplendissant de diamants, de rubis, de saphirs, que le geste d’un seul homme courbait comme fait le vent d’épis d’or entremêlés de blanches marguerites, de coquelicots de pourpre et de bluets d’azur; oui, Versailles était beau, surtout quand il lançait par toutes ses portes des courriers à toutes les puissances, et quand les rois, les princes, les seigneurs, les officiers, les savants du monde civilisé foulaient ses riches tapis et ses mosaïques précieuses.


Mais c’était surtout lorsqu’il se parait pour une grande cérémonie, quand les somptuosités du garde-meuble et les grandes illuminations doublaient la magie de ses richesses, que Versailles avait de quoi fournir aux esprits les plus froids une idée de tous les prodiges que peuvent enfanter l’imagination et la puissance humaines.


Telle était la cérémonie de réception d’un ambassadeur, telle aussi, pour les simples gentilshommes, la cérémonie de la présentation. Louis XIV, créateur de l’étiquette, qui renfermait chacun dans un espace infranchissable, avait voulu que l’initiation aux splendeurs de sa vie royale frappât les élus d’une telle vénération, que jamais ils ne considérassent le palais du roi que comme un temple dans lequel ils avaient le droit de venir adorer le dieu couronné à une place plus ou moins près de l’autel.


Ainsi, Versailles, déjà dégénéré sans doute, mais resplendissant encore, avait ouvert toutes ses portes, allumé tous ses flambeaux, mis à jour toutes ses magnificences pour la présentation de madame du Barry. Le peuple des curieux, peuple affamé, peuple misérable, mais qui oubliait, chose étrange! sa misère et sa faim à l’aspect de tant d’éblouissements, le peuple garnissait toute la place d’Armes et toute l’avenue de Paris. Le château lançait le feu par toutes ses fenêtres, et ses girandoles ressemblaient de loin à des astres nageant dans une poussière d’or.


Le roi sortit de ses appartements à dix heures précises. Il était paré plus que de coutume, c’est-à-dire que ses dentelles étaient plus riches, et que les boucles seules de ses jarretières et de ses souliers valaient un million.


Il avait été instruit par M. de Sartine de la conspiration tramée la veille entre les dames jalouses; aussi son front était-il soucieux; il tremblait de ne voir que des hommes dans la galerie.


Mais il fut bientôt rassuré quand, dans le salon de la reine, destiné spécialement aux présentations, il vit, dans un nuage de dentelles et de poudre où fourmillaient les diamants, d’abord ses trois filles, puis la maréchale de Mirepoix, qui avait fait tant de bruit la veille; enfin, toutes les turbulentes qui avaient juré de rester chez elles, et qui se trouvaient là au premier rang.


M. le duc de Richelieu courait comme un général de l’une à l’autre, et leur disait:


– Ah! je vous y prends, perfide!


Ou bien:


– Que j’étais certain de votre défection!


Ou bien encore:


– Que vous disais-je à propos des conjurations?


– Mais vous-même, duc? répondaient les dames.


– Moi, je représentais ma fille, je représentais la comtesse d’Egmont. Cherchez, Septimanie n’y est point; elle seule a tenu bon avec madame de Grammont et madame de Guéménée, aussi je suis sûr de mon affaire. Demain, j’entre dans mon cinquième exil ou ma quatrième Bastille. Décidément, je ne conspire plus.


Le roi parut. Il se fit un grand silence au milieu duquel on entendit sonner dix heures, l’heure solennelle. Sa Majesté était entourée d’une cour nombreuse. Il y avait près d’elle plus de cinquante gentilshommes, qui ne s’étaient point juré de venir à la présentation, et pour cette raison, probablement, étaient tous présents.


Le roi remarqua, tout d’abord, que madame de Grammont, madame de Guéménée et madame d’Egmont manquaient à cette splendide assemblée.


Il s’approcha de M. de Choiseul, qui affectait un grand calme, et qui, malgré ses efforts, n’arrivait qu’à une fausse indifférence.


– Je ne vois pas madame la duchesse de Grammont ici? dit-il.


– Sire, répondit M. de Choiseul, ma sœur est malade, et m’a chargé d’offrir à Sa Majesté ses très humbles respects.


– Tant pis! fit le roi.


Et il tourna le dos à M. de Choiseul.


En se retournant, il se trouva en face du prince de Guéménée.


– Et madame la princesse de Guéménée, dit-il, où est-elle donc? Ne l’avez vous pas amenée, prince?


– Impossible, sire, la princesse est malade; en allant la prendre chez elle, je l’ai trouvée au lit.


– Ah! tant pis! tant pis! dit le roi. Ah! voici le maréchal. Bonsoir, duc.


– Sire…, fit le vieux courtisan en s’inclinant avec la souplesse d’un jeune homme.


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