Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Votre Altesse! s’écria Andrée en réunissant toutes ses forces pour aller au-devant de la dauphine.


– Oui, petite malade, répondit la princesse, je vous amène la consolation et le médecin. Venez, docteur. Ah! monsieur de Taverney, continua la princesse en reconnaissant le baron, votre fille est souffrante, et vous n’avez guère soin de cette enfant.


– Madame…, balbutia Taverney.


– Venez, docteur, dit la dauphine avec cette bonté charmante qui n’appartenait qu’à elle; venez, tâtez ce pouls, interrogez ces yeux battus, et dites-moi la maladie de ma protégée.


– Oh! madame, madame, que de bonté!… murmura la jeune fille. Comment osé-je recevoir Votre Altesse royale…?


– Dans ce taudis, voulez-vous dire, chère enfant; tant pis pour moi, pour moi qui vous loge si mal; j’aviserai à cela. Voyons, mon enfant, donnez votre main à M. Louis, mon chirurgien, et prenez garde: c’est un philosophe qui devine, en même temps que c’est un savant qui voit.


Andrée, souriante, tendit sa main au docteur.


Celui-ci, homme jeune encore et dont la physionomie intelligente tenait tout ce que la dauphine avait promis pour lui, n’avait point cessé, depuis son entrée dans la chambre, de considérer la malade d’abord, puis la localité, puis cette étrange figure de père qui n’annonçait que la gêne et pas du tout l’inquiétude.


Le savant allait voir, le philosophe avait peut-être déjà deviné.


Le docteur Louis étudia longtemps le pouls de la jeune fille, et l’interrogea sur ce qu’elle ressentait.


– Un profond dégoût pour toute nourriture, répondit Andrée; des tiraillements subits, des chaleurs qui montent tout à coup à la tête, des spasmes, des palpitations, des défaillances.


À mesure qu’Andrée parlait, le docteur s’assombrissait de plus en plus.


Il finit par abandonner la main de la jeune fille et par détourner les yeux.


– Eh bien, docteur, dit la princesse au médecin, quid? comme disent les consultants. L’enfant est-elle menacée, et la condamnez-vous à mort?


Le docteur reporta ses yeux sur Andrée, et l’examina une fois encore en silence.


– Madame, dit-il, la maladie de mademoiselle est des plus naturelles.


– Et dangereuse?


– Non, pas ordinairement, répondit le docteur en souriant.


– Ah! fort bien, dit la princesse en respirant plus librement; ne la tourmentez pas trop.


– Oh! je ne la tourmenterai pas du tout, madame.


– Comment! vous n’ordonnez aucune prescription?


– Il n’y a absolument rien à faire à la maladie de mademoiselle.


– Vrai?


– Non, madame.


– Rien?


– Rien.


Et le docteur, comme pour éviter une plus longue explication, prit congé de la princesse sous prétexte que ses malades le réclamaient.


– Docteur, docteur, dit la dauphine, si ce que vous dites n’est pas seulement pour me rassurer, je suis bien plus malade alors que mademoiselle de Taverney; apportez-moi donc sans faute, à votre visite de ce soir, les dragées que vous m’avez promises pour me faire dormir.


– Madame, je les préparerai moi-même en rentrant chez moi.


Et il partit.


La dauphine resta près de sa lectrice.


– Rassurez-vous donc, ma chère Andrée, dit-elle avec un bienveillant sourire. votre maladie n’offre rien de bien inquiétant, car je docteur Louis s’en va sans vous rien prescrire.


– Tant mieux, madame, répliqua Andrée; car alors rien n’interrompra mon service auprès de Votre Altesse royale, et c’est cette interruption que je craignais par-dessus toute chose; cependant, n’en déplaise au savant docteur, je souffre bien, madame, je vous jure.


– Ce ne doit cependant pas être une grande souffrance qu’un mal dont rit le médecin. Dormez donc, mon enfant; je vais vous envoyer quelqu’un pour vous servir, car je remarque que vous êtes seule. Veuillez m’accompagner, monsieur de Taverney.


Elle tendit la main à Andrée et partit après l’avoir consolée, ainsi qu’elle l’avait promis.

Chapitre CXXXIX Les jeux de mots de M. de Richelieu

M. le duc de Richelieu, comme nous l’avons vu, s’était porté sur Luciennes avec cette rapidité de décision et cette sûreté d’intelligence qui caractérisaient l’ambassadeur à Vienne et le vainqueur de Mahon.


Il arriva l’air joyeux et dégagé, monta comme un jeune homme les marches du perron, tira les oreilles de Zamore ainsi qu’aux beaux jours de leur intelligence, et força pour ainsi dire la porte de ce fameux boudoir de satin bleu où la pauvre Lorenza avait vu madame du Barry préparant son voyage de la rue Saint-Claude.


La comtesse, couchée sur son sofa, donnait à M. d’Aiguillon ses ordres du matin.


Tous deux se retournèrent au bruit et demeurèrent stupéfaits en apercevant le maréchal.


– Ah! M. le duc! s’écria la comtesse.


– Ah! mon oncle! fit M. d’Aiguillon.


– Eh! oui, madame! eh! oui, mon neveu.


– Comment, c’est vous?


– C’est moi, moi-même, en personne.


– Mieux vaut tard que jamais, répliqua la comtesse.


– Madame, dit le maréchal, quand on vieillit, on devient capricieux.


– Ce qui veut dire que vous êtes repris pour Luciennes…


– D’un grand amour qui ne m’avait quitté que par caprice. C’est tout à fait cela, et vous achevez admirablement ma pensée.


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