Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome IV полностью

– Moi, des résolutions extrêmes, dit Morrel en haussant les épaules; et en quoi, je vous prie, un voyage est-il une résolution extrême?


– Maximilien, dit Monte-Cristo, posons chacun de notre côté le masque que nous portons.


«Maximilien, vous ne m’abusez pas avec ce calme de commande plus que je ne vous abuse, moi, avec ma frivole sollicitude.


«Vous comprenez bien, n’est-ce pas? que pour avoir fait ce que j’ai fait, pour avoir enfoncé des vitres, violé le secret de la chambre d’un ami, vous comprenez, dis-je, que, pour avoir fait tout cela, il fallait que j’eusse une inquiétude réelle, ou plutôt une conviction terrible.


«Morrel, vous voulez vous tuer!


– Bon! dit Morrel tressaillant, où prenez-vous de ces idées-là, monsieur le comte?


– Je vous dis que vous voulez vous tuer! continua le comte du même son de voix, et en voici la preuve.»


Et, s’approchant du bureau, il souleva la feuille blanche que le jeune homme avait jetée sur une lettre commencée, et prit la lettre.


Morrel s’élança pour la lui arracher des mains. Mais Monte-Cristo prévoyait ce mouvement et le prévint en saisissant Maximilien par le poignet et en l’arrêtant comme la chaîne d’acier arrête le ressort au milieu de son évolution.


«Vous voyez bien que vous vouliez vous tuer! Morrel, dit le comte, c’est écrit!


– Eh bien, s’écria Morrel, passant sans transition de l’apparence du calme à l’expression de la violence; eh bien, quand cela serait, quand j’aurais décidé de tourner sur moi le canon de ce pistolet, qui m’en empêcherait?


«Qui aurait le courage de m’en empêcher?


«Quand je dirai:


«Toutes mes espérances sont ruinées, mon cœur est brisé, ma vie est éteinte, il n’y a plus que deuil et dégoût autour de moi; la terre est devenue de la cendre; toute voix humaine me déchire;


«Quand je dirai:


«C’est pitié que de me laisser mourir, car si vous ne me laissez mourir je perdrai la raison, je deviendrai fou;


«Voyons, dites, monsieur, quand je dirai cela, quand on verra que je le dis avec les angoisses et les larmes de mon cœur, me répondra-t-on:


– Vous avez tort?»


«M’empêchera-t-on de n’être pas le plus malheureux?


«Dites, monsieur, dites, est-ce vous qui aurez ce courage?


– Oui, Morrel, dit Monte-Cristo, d’une voix dont le calme contrastait étrangement avec l’exaltation du jeune homme; oui, ce sera moi.


– Vous! s’écria Morrel avec une expression croissante de colère et de reproche; vous qui m’avez leurré d’un espoir absurde; vous qui m’avez retenu, bercé, endormi par de vaines promesses, lorsque j’eusse pu, par quelque coup d’éclat, par quelque résolution extrême, la sauver, ou du moins la voir mourir dans mes bras; vous qui affectez toutes les ressources de l’intelligence, toutes les puissances de la matière; vous qui jouez ou plutôt qui faites semblant de jouer le rôle de la Providence, et qui n’avez pas même eu le pouvoir de donner du contrepoison à une jeune fille empoisonnée! Ah! en vérité, monsieur, vous me feriez pitié si vous ne me faisiez horreur!


– Morrel…


– Oui, vous m’avez dit de poser le masque; eh bien, soyez satisfait, je le pose.


«Oui, quand vous m’avez suivi au cimetière, je vous ai encore répondu, car mon cœur est bon; quand vous êtes entré, je vous ai laissé venir jusqu’ici… Mais puisque vous abusez, puisque vous venez me braver jusque dans cette chambre où je m’étais retiré comme dans ma tombe; puisque vous m’apportez une nouvelle torture, à moi qui croyais les avoir épuisées toutes, comte de Monte-Cristo, mon prétendu bienfaiteur, comte de Monte-Cristo, le sauveur universel, soyez satisfait, vous allez voir mourir votre ami!…»


Et Morrel, le rire de la folie sur les lèvres, s’élança une seconde fois vers les pistolets.


Monte-Cristo, pâle comme un spectre, mais l’œil éblouissant d’éclairs, étendit la main sur les armes, et dit à l’insensé:


«Et, je vous répète que vous ne vous tuerez pas!


– Empêchez-m’en donc! répliqua Morrel avec un dernier élan qui, comme le premier, vint se briser contre le bras d’acier du comte.


– Je vous en empêcherai!


– Mais qui êtes-vous donc, à la fin, pour vous arroger ce droit tyrannique sur des créatures libres et pensantes! s’écria Maximilien.


– Qui je suis? répéta Monte-Cristo.


«Écoutez:


«Je suis, poursuivit Monte-Cristo, le seul homme au monde qui ait le droit de vous dire: Morrel je ne veux pas que le fils de ton père meure aujourd’hui!»


Et Monte-Cristo, majestueux, transfiguré, sublime s’avança les deux bras croisés vers le jeune homme palpitant, qui, vaincu malgré lui par la presque divinité de cet homme, recula d’un pas.


«Pourquoi parlez-vous de mon père? balbutia-t-il; pourquoi mêler le souvenir de mon père à ce qui m’arrive aujourd’hui?


– Parce que je suis celui qui a déjà sauvé la vie à ton père, un jour qu’il voulait se tuer comme tu veux te tuer aujourd’hui; parce que je suis l’homme qui a envoyé la bourse à ta jeune sœur et Le Pharaon au vieux Morrel; parce que je suis Edmond Dantès, qui te fit jouer, enfant, sur ses genoux!»


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