Читаем Réflexions Ou Sentences Et Maximes Morales полностью

[13] Les hommes ne sont pas seulement sujets à perdre également le souvenir des bienfaits et des injures, mais ils haïssent ceux qui les ont obligés. L'orgueil et l'intérêt produit partout l'ingratitude. L'application à récompenser le bien, et à se venger du mal, leur paraît une servitude, à laquelle ils ont peine de s'assujettir (max. 14, I 14).


[14] On élève la prudence jusques au ciel, et il n'est sorte d'éloges qu'on ne lui donne. Elle est la règle de nos actions, et de nos conduites; elle est la maîtresse de la fortune; elle fait le déclin des empires; sans elle on a tous les maux; avec elle on a tous les biens; et comme disait autrefois un poète, quand nous avons la prudence il ne nous manque aucune divinité, pour dire que nous trouvons dans la prudence tout le secours que nous demandons aux dieux. Cependant la prudence la plus consommée ne saurait nous assurer du plus petit effet du monde, parce que travaillant sur une matière aussi changeante, et aussi commune, qu'est l'homme, elle ne peut exécuter sûrement aucun de ses projets. Dieu seul, qui tient tous les cœurs des hommes entre ses mains, et qui peut quand il lui plaira en accorder les mouvements, fait aussi réussir les choses qui en dépendent. D'où il faut conclure que toutes les louanges dont notre ignorance, et notre vanité, flatte notre prudence, sont autant d'injures que nous faisons à sa providence (max. 65, I 75).


[15] On n'est jamais si ridicule par les qualités que l'on a que par celles que l'on affecte d'avoir (max. 134, I 136).


[16] Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes (max. 38, I 42).


[17] On est au désespoir d'être trompé par ses ennemis, et trahi par ses amis; et on est souvent satisfait de l'être par soi-même (max. 114, I 119).


[18] Il est aussi aisé de se tromper soi-même sans s'en apercevoir qu'il est difficile de tromper les autres sans qu'ils s'en aperçoivent (max. 115, I 120).


[19] Rien n'est plus divertissant que de voir deux hommes s'assembler, l'un pour demander conseil, et l'autre pour le donner. L'un paraît avec une indifférence respectueuse, et dit qu'il vient recevoir des conduites, et soumettre ses sentiments; et son désir, le plus souvent, est de faire passer le siens, et de rendre celui qu'il fait maître de son avis garant de l'affaire qu'il lui propose. Quant à celui qui est conseiller, il paye d'abord la sincérité de son ami d'un zèle ardent et désintéressé qu'il lui montre, et cherche en même temps dans ses propres intérêts des règles de conseiller: de sorte que son conseil lui devient plus propre qu'à celui qui le reçoit (max. 116, I 118).


[20] La faiblesse de l'esprit est mal nommée: c'est en effet la faiblesse du tempérament, qui n'est autre chose qu'une impuissance d'agir, et un manque de principe de vie (max. 44, I 49).


[21] Rien n'est impossible: il y a des voies qui conduisent à toutes choses; et si nous avions assez de volonté, nous aurions toujours assez de moyens (max. 243, I 265 et 272, Ier état).


[22] La pitié est un sentiment de nos propres maux dans un sujet étranger; c'est une prévoyance habile des malheurs où nous pouvons tomber, qui nous fait donner des secours aux autres pour les engager à nous les rendre dans de semblables occasions: de sorte que les services que nous rendons à ceux qui sont accueillis de quelque infortune, sont à proprement parler des biens anticipés que nous nous faisons (max. 264, I 287).


[23] Celui-là n'est pas raisonnable qui trouve la raison, mais celui qui la connaît, qui la goûte, et qui la discerne (max. 105, I 115).


[24] Nous avouons nos défauts pour réparer le préjudice qu'ils nous font dans l'esprit des autres par l'impression que nous leur donnons de la justice du nôtre (max. 184, I 193).


[25] L'humilité est une feinte soumission, que nous employons pour soumettre effectivement tout le monde. C'est un mouvement de l'orgueil par lequel il s'abaisse devant les hommes pour s'élever sur eux. C'est son plus grand déguisement, et son premier stratagème; et comme il est sans doute que le Protée des fables n'a jamais été, il est certain aussi que l'orgueil en est un véritable dans la nature, car il prend toutes les formes comme il lui plaît. Mais quoiqu'il soit merveilleux et agréable à voir dans toutes ses figures et dans toutes ses industries, il faut pourtant avouer qu'il n'est jamais si rare, ni si extraordinaire, que lorsqu'on le voit les yeux baissés, sa contenance modeste et reposée, ses paroles douces et respectueuses, pleines de l'estime des autres et de dédain pour lui-même: il est indigne de tous les honneurs, il est incapable d'aucun emploi, et ne reçoit les charges où l'on l'élève que comme un effet de la bonté des hommes, et de la faveur aveugle de la fortune (max. 254, I 277).


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