Читаем Том 4. Письма 1820-1849 полностью

En vous donnant de mes nouvelles, je voudrais bien pouvoir vous dire que je commence `a me plaire `a Turin, mais ce serait l`a faire un tr`es grand mensonge. Non, en v'erit'e je ne m’y plais gu`eres et il n’y a que l’absolue n'ecessit'e qui puisse me faire accepter une existence pareille. Elle est vide de toute esp`ece d’int'er^et et me fait l’effet d’un mauvais spectacle et qui est d’autant plus insipide, quand il ennuie, que le seul m'erite qu’il pourrait avoir, c’est serait d’amuser. Il en est de m^eme de l’existence `a Turin. Elle est nulle sous le rapport des affaires et plus nulle encore sous le rapport de l’agr'ement. Revenu dans les premiers jours de ce mois de G^enes*

qui m’a infiniment plu, j’ai fait quelques tentations pour 'elargir un peu le cercle de mes connaissances d’ici. Parmi celles que j’ai faites en dernier lieu il y a assur'ement quelques femmes aimables et dont la soci'et'e dans tout autre pays serait d’une grande ressource. Mais ici tout cela 'echoue contre un ensemble d’habitudes inhospitali`eres et insociables. Ainsi, p
ex, d`es aujourd’hui toute r'eunion cesse, l’ombre m^eme de soci'et'e va dispara^itre. Et savez-vous pourquoi? C’est qu’aujourd’hui le th'e^atre se rouvre. Or, ici le th'e^atre c’est tout. Sans exag'eration aucune, la soci'et'e toute enti`ere va pour les deux mois du carnaval s’y 'etablir `a demeure. Ce n’est plus que l`a qu’on peut la rencontrer. Il ne reste en ville que les infirmes et les mourants. Hier soir on a pris formellement coup les uns des autres, et tous les salons se sont ferm'es jusqu’`a la fin du carnaval. On pourrait supposer d’apr`es cela que le spectacle, au moins, un grand amusement. Il n’en est rien pourtant. Car nous n’aurons pour nous amuser pendant deux mois entiers que deux pi`eces toujours les m^emes qu’apr`es la 4–5`eme
repr'esentation personne, comme de raison, ne se donne la peine d’'ecouter. Le plaisir consiste de courir de loge en loge, en restant cinq minutes dans chacune. Il y a, comme je vous l’ai dit, quelques femmes fort aimables et je crois que ceux qui ont l’honneur d’^etre leurs amants se trouvent tr`es bien de leur soci'et'e. Mais il faut n'ecessairement ou l’^etre, ou l’avoir 'et'e, ou pr'etendre `a l’^etre pour ^etre admis chez elles. C’est si vrai, que l’homme que vous avez le moins de chances de rencontrer dans une maison, c’est le ma^itre de la maison. En g'en'eral on ne se fait nulle id'ee au-del`a des Alpes du rel^achement de moeurs qu’on trouve dans ce pays-ci. Mais le d'esordre dans ce genre y est si g'en'eral, si uniforme qu’il a pris toutes les apparences de l’ordre, et il faut du temps pour s’en apercevoir. Tout cela, il est vrai, m’'etait d'ej`a connu. Mais on a beau savoir une chose, il faut s’^etre mis en sa pr'esence pour savoir au juste l’effet qu’elle produira sur vous. C’est dans ce pays qu’il faudrait envoyer toutes les gens `a imagination romanesque. Rien ne serait plus propre `a les gu'erir que la vue de ce qui se passe ici. Car ce qui partout ailleurs est mati`ere `a roman, l’effet de quelque passion qui bouleverse l’existence et finit par l’ab^imer est ici le r'esultat darrangement `a l’amiable et ne d'erange pas plus l’ordre habituel de la vie, que ne le fait de d'ejeuner ou de d^iner… Je n’ai pas entendu parler ici d’une femme perdue. Mais je n’en ai pas rencontr'e une seule, dont on ne m’ait pas officiellement d'esign'e l’amant ou les amants. Et cela sans nulle intention de m'edisance, pas plus que si on m’avait dit, en me montrant une voiture passer dans la rue: c’est la voiture de Mad. une telle… Tout ce que je vous dis l`a, une fois 'ecrit, para^it un lieu commun. Mais vu en r'ealit'e et de pr`es, cela ne laisse pas que d’^etre assez piquant. Il en est de m^eme d’une autre circonstance propre au pays. C’est `a c^ot'e de cette facilit'e de moeurs, l’extr^eme d'evotion qu’il y a ici, dans les femmes surtout. Aussi pendant le temps de l’avent, qui vient de finir, les 'eglises 'etaient combles. La ville enti`ere avait l’air d’un couvent. Pas de spectacle, de bal, ni de concert. Pour toute r'ecr'eation le sermon le matin. Aussi les femmes, je parle de celles de la plus haute soci'et'e, y 'etaient-elles en foule. Et quel sermon! Quelle rigueur, quelle aust'erit'e, quelle intol'erance! Le soir, il est vrai, personne n’y songeait plus.

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