Читаем Том 6. С того берега. Долг прежде всего полностью

L'organisation communale endormait le Peuple russe, et ce sommeil devenait chaque jour plus profond, jusqu'à ce qu'enfin Pierre Ier éveilla brutalement une partie de la nation. Il provoqua artificiellement une sorte de lutte et d'antagonisme, et ce fut là précisément l'œuvre providentielle de la période de Pétersbourg.

Avec le temps, cet antagonisme est devenu naturel. C'est un bonheur que nous ayons si peu dormi; à peine éveillés, nous nous trouvons en face de l'Europe, et tout d'abord notre manière de vivre naturelle, à demi-sauvage, répond mieux à l'idéal rêvé par l'Europe, que la manière de vivre du monde civilisé germano-romain; ce qui n'est' encore pour l'Occident qu'une espérance, vers laquelle tendent ses efforts, est le fait même par où nous débutons; nous, qui sommes opprimés par l'absolutisme impérial, nous allons à la rencontre du Socialisme comme les anciens Germains, les adorateurs de Thor et d'Odin, marchaient au-devant du christianisme.

On dit que tous les Peuples sauvages ont ainsi commencé par une commune analogue; qu'elle exista chez les Germains dans son complet développement, mais que partout elle a dû disparaître avec les commencements de la civilisation. On en conclut que le même sort attend la commune russe; mais je ne vois pas que la Russie doive nécessairement subir toutes les phases du développement européen, je ne vois pas davantage pourquoi la civilisation de l'avenir serait invariablement soumise aux mêmes conditions d'existence que la civilisation du passé.

La commune germaine est tombée en présence de deux idées sociales complètement opposées à; la vie communale: la féodalité et le droit romain. Nous, par bonheur, nous nous présentons, avec notre commune, à une époque où la civilisation anticommunale aboutit à l'impossibilité absolue de se dégager, par ses principes, de la contradiction entre le droit individuel et le droit social. Pourquoi la Russie perdrait-elle maintenant sa commune rurale, puisqu'elle a pu la conserver pendant toute la période de son développement politique; puisqu'elle l'a conservée intacte so us le joug pesant du tzarisme moscovite, aussi bien que sous l'autocratie à l'européenne des empereurs?

Il lui est bien plus facile de se détacher d'une administration créée par la force, et sans racines aucunes dans le Peuple, que de renoncer à la commune; mais, dit-on, par ce partage continu du sol, la vie communale trouvera sa limite naturelle dans l'accroissement de la population. Quelque grave en apparence que soit cette objection, il suffit, pour l'écarter, de répondre que la Russie possède encore des terres pour tout un siècle et que, dans cent ans, la brûlante question de possession et de propriété sera résolue d'une façon ou de l'autre. Il y a plus à dire. L'affranchis sèment des biens nobles, la possibilité de passer d'une province plus peuplée dans une autre mal peuplée, offrent aussi de grandes ressources.

Beaucoup, et parmi eux Haxthausen, disent que, par suite ûe cette instabilité dans la possession, la culture du sol ne prend aucun accroissement; le possesseur temporaire du sol, ne considérant jamais que le profit qu'il en tire sans y chercher son intérêt, sans y placer son capital, – cela peut bien être; mais les amateurs agronomes oublient que l'amélioration de l'agriculture, dans le système occidental de la possession, laisse la plus grande partie de la population sans un morceau de pain, et je ne crois pas que la fortune croissante de quelques fermiers et le progrès de I agriculture, comme art, puissent être considérés, par l'agriculture elle-même, comme un juste dédommagement de l'horrible situation du prolétariat affamé.

L'esprit de la constitution communale a pénétré de bonne heure toutes les sphères de la vie populaire en Russie. Chaque ville, à sa manière, représentait une commune; elle avait ses assemblées générales, et, sur les questions qui se présentaient, elle se prononçait à l'unanimité; la minorité, ou donnait son assentiment à la majorité, ou la combattait sans se soumettre; très souvent elle abandonnait la ville et il y a même des exemples qu'elle fut fréquemment annihilée.

Dans cette minorité inflexible, on peut reconnaître le fier veto des magnats polonais. L'autorité princière, en présence des tribunaux composés de jurés qui décidaient verbalement par une sentence arbitrale, en face du droit de libres assemblées dans les villes, et, d'ailleurs, sans armée permanente, ne pouvait grandir dans sa force; on le comprendra surtout si l'on ne perd pas de vue combien les besoins de la vie sont bornés chez un Peuple livré aux travaux de l'agriculture. La centralisation moscovite mit un terme à cet état de choses; Moscou fut pour la Russie un premier Pétersbourg. Les grands-ducs de Moscou, déposant ce titre pour prendre celui de tzar de toutes les Russies, tendirent à une toute autre puissance que celle dont avaient joui leurs prédécesseurs.

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Иммануил Кант

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