Читаем Том 6. С того берега. Долг прежде всего полностью

Que signifie cet instinct, cette tendance éternelle et fatale qui pousse les Slavo-Russes vers Byzance, depuis les Varègues, depuis Oleg et Sviatoslaw qui allèrent clouer l'écusson de la barbarie et du paganisme sur les murailles de la capitale de l'empire d'Orient, jusqu'à l'empereur Nicolas! Est-ce une inclination naturelle, une loi physiologique, ou, si vous voulez, une fatalité?

Dans l'intérêt de l'empereur, je lui conseillerais cependant de ne pas s'aventurer dans cette guerre et d'y penser mûrement avant de l'entreprendre.

Vous croyez peut-être que je voudrais l'en détourner par la crainte que ses troupes ne soient battues? Non; l'armée russe sera victorieuse.

Vous croyez, peut-être, que l'Europe ne le permettrait pas? Non; l'Europe permettra tout.

Je sais très bien qu'une telle guerre fera beaucoup de bruit. On lancera des notes diplomatiques; on expédiera des diplomates notables. On fera faire une promenade militaire à quelque corps d'armée; une autre promenade aux flottes sur la mer. On profitéra de ce prétexte pour faire voter des crédits supplémentaires. On prononcera dans les parlements de magnifiques discours qui renverseront les ministères. On fera des rassemblements dans les rues. On imprimera dans les journaux des articles fulminants et des appels au Peuple. On tentera des manifestations pacifiques qui donneront l'occasion aux amis de l'ordre de fusiller et déporter leurs ennemis. Puis, les ministres viendront déclarer que l'empereur de Russie a donné des explications franches et satisfaisantes; qu'il ne veut pas agrandir ses Etats; que la guerre contre la Turquie n'est dirigée que contre les doctrines perverses et subversives; qu'il s'agit seulement de frapper le Socialisme à Constantinople, – et le silence se fera. L'Europe a-t-elle empêché la Russie de dévorer la Pologne, de dévaster la Hongrie et de protéger la Moldavie et la Valaquie?

Et qui prononcerait le veto?

La France, peut-être? La France, comme lady Macbeth, ne lavera pas sitôt les taches de sang sur ses mains fratricides. La France est trop coupable pour oser élever la voix contre l'iniquité d'autrui.

L'Angleterre, peut-être? Elle est forte, mais on traitera avec elle. On lui donnera l'Egypte. On pourrait lui donner Pétersbourg sans perdre à ce marché! En attendant, elle brûlera les vaisseaux de quelques négociants russes, elle stipulera un traité de commerce avec d'immenses avantages, et elle occupera provisoirement quelques îles qu'elle oubliera de restituer.

L'Autriche? Mais est-ce qu'il existe une Autriche? C'est une réminiscence historique, une expression géographique, un cadavre qu'on n'a pas encore eu le temps d'ensevelir.

Serait-ce, par hasard, le pacha russe de Berlin? Mais ce gouvernement peut-il être autre chose que russe?

Et néanmoins je ne conseillerais pas à l'empereur Nicolas d'aller se chauffer au soleil qui resplendit sur les rives du Bosphore. Il fait plus froid à Saint-Pétersbourg, mais il y fait plus sûr. Constantinople conquise, le sceptre de fer de Pierre Ier se rompra en voulant s'allonger jusqu'aux Dardanelles; Constantinople conquise, la dynastie des Romanoff devient impossible, inutile et n'a plus de signification.

La dynastie des Romanoff va se perdant depuis le réveil de la nationalité russe en 1812, depuis la maudite Sainte-Alliance, depuis la résurrection du sentiment politique en 1825. L'autorité impériale ne crée plus rien, a perdu toute initiative et ne fait que se maintenir, en réprimant tout mouvement, en s'opposant à tout progrès; son œuvre est toute négative.

La Russie, pleine de vie et de force, recule ou reste immobile. L'absolutisme, voulant absorber tout et craignant tout, entrave la marche de la Russie. C'est un pesant sabot attaché aux roues du char, lequel s'enfonce davantage à chaque pas et finira par arrêter la machine, la faire voler en pièces ou se briser lui-même.

Voyez l'attitude du gouvernement de Pétersbourg depuis le 24 Février. Avide d'agrandissements, ses yeux ne se détournent pas de la Galicie, du grand duché de Posen et des principautés danubiennes. Son inquiète avidité pèse les chances de s'approprier les Slaves autrichiens; et il n'ose! tant il craint d'inoculer la Révolution à la Russie, et de voir crouler, au premier mouvement, ce pesant et informe édifice de despotisme militaire et de bureaucratie germanique. Pierre Ier a bien trouvé le moyen de sortir de l'ornière de l'antique Russie; mais il n'a pas indiqué à ses successeurs le chemin pour sortir de la ténébreuse période de Pétersbourg.

Le passé lie et contraint le gouvernement russe. Le passé, lui, est toujours présent, vivant dans son sang et sa cervelle. Le passé jette l'inquiétude et la terreur dans le cœur et attriste la pensée; il existe comme souvenir et comme remords, et les remords sur le trône revêtent deux formes: la peur et la férocité.

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Все книги серии Герцен А.И. Собрание сочинений в 30 томах

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Иммануил Кант

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