Читаем Du brut pour les brutes полностью

Mes hors-d’œuvre bectés, je commande des côtelettes Pojarsky. Je me hâte de grailler afin de pouvoir douiller mon addition avant le Boris. Dans mes débuts, je me suis laissé souvent coincer pour des questions d’addition pas réglée à temps ou parce que je manquais de mornifle pour carmer un taxi. Faut la technique. Comme disait une péripatéticienne diplômée de mes relations : « Sans technique on peut aller se faire foutre ! »

La Petite Sibérie est un coin agréable. A part la musique crin-crin, le silence est de rigueur. Les garçons sont discrets, les clients pas bavards et la tortore de

first quality. La Russie a du bon, surtout quand on la fréquente à Paris. Je siffle mon verre de vodka et je fais signe au loufiat qui m’a pris en charge de remettre ça. Au poil, la vodka. C’est plus pur que de l’eau et ça vous caresse la glotte au passage.

Aussi est-ce tout guilleret que je quitte le restaurant avant le gars Boris qui en est encore au caoua.

La nuit est humide comme le mouchoir d’une veuve. Une espèce de bruine gluante vous tombe sur le râble sans faire de bruit et les lampadaires baignent dans une vapeur grise. On se croirait à Londres. D’ailleurs c’est une manie : dès qu’il fait un temps à ne pas fiche un poulet dehors, on se croit toujours à Londres.

Je poireaute au volant de ma chignole dans l’attente de mon homme lorsque je vois sortir le couple annoncé plus haut. Le mec a l’air furax après la souris. Il ne l’aide même pas à enfiler son manteau, ce tordu. Comme butor, on ne fait pas mieux. Faut croire qu’il a des dons cachés. Quand vous voyez une bath souris commak accouplée à un péquenot, vous pouvez parier une jambe articulée contre une gueule de bois, que le type a découvert l’art de l’expédier au septième ciel sans escale. Les superchampions du dodo toutes catégories ont toujours des bouilles impossibles ; sauf moi bien entendu, je crois opportun de le rappeler au passage. Les vilains-pas-beaux, les mufles, les petites tronches, les cerveaux lents ont, par compensation, leurs brevets de pilote et les gonzesses le savent. C’est pourquoi les plus futées d’entre elles ont souvent deux julots au pesage. Un chouette, genre Alain Delon, pour le théâtre, les « coquetèles » et les parties de tennis, et un locdu mal embouché pour les championnats de jambonneaux sur toile à matelas.

Conclusion, la fillette que voici est organisée. La vie ne la prendra jamais au dépourvu ; le dépourvu étant un endroit trop inconfortable.

Bref, comme disent mes confrères qui n’ont pas le don des transitions, le gros trapu et la belle pépée (on dirait le titre d’une fable) se dirigent en silence et à la file indienne vers une file de bagnoles non indiennes.

J’ai noté qu’au cours du dîner, ils ne se sont pas bonni trois mots. Encore un sujet de révolte pour moi. Ne rien trouver à dire à une perlouze aussi rare dénote une atrophie du cerveau carabinée. Quand je vois une belle gosse, j’ai besoin de me manifester. Suivant son degré d’instruction, je lui parle de la dernière pièce d’Anouilh ou du dernier roman de Françoise Sagan. Quand je sors une cuisinière, je lui parle des recettes de tante Laure. Quand c’est une avocate, je lui raconte des histoires de barreaux de chaise. A une dentiste, je propose un bridge. Avec une marchande de poissons, je discute du Marais. Une actrice, je l’emmène côté jardin pour lui faire un doigt de cour. A une dactylo, je lui parle de son petit tabulateur tout en lui astiquant le clavier universel ; bref, je me mets à la portée, comme disait un chaud lapin de mes amis.

Donc, le mufle radine à sa bagnole. Naturlich, monsieur ne se soucie pas le moins du monde d’ouvrir la portière à mademoiselle. La galanterie française, sa pomme la met dans les waters avec le journal de la veille. Le voilà qui se carre au volant et qui attend. C’est alors que se produit un incident étrange, surprenant, bizarroïde et troublant. Au lieu de monter dans l’auto avec son petit camarade, la gosse s’élance en courant dans la rue mouillée. Elle trotte à perdre haleine, suivant l’expression favorite de mon cordonnier. Qu’est-ce à dire ? Le butor jaillit de sa charrette et se lance aux trousses de la poulette. Il est mastard, mais entre autres pointes, il en a une de vitesse qui mystifierait une médaille d’or des jeux olympiens.

En moins de temps qu’il n’en faut à Yul Brynner pour se faire la raie au milieu, il a rattrapé la fuyarde. Et en guise d’explications il se met à la dérouiller. Moi, vous me connaissez ! Ou si vous me connaissez pas, cherchez mon numéro de téléphone, je suis dans l’annuaire, afin qu’on prenne rencart. Défenseur du faible, de l’opprimé, de la veuve (si elle n’est pas tarte) et de l’orphelin. Je m’élance. J’arrive sur le mecton et je le fais pirouetter. Il pose sur moi un regard gélatineux. Il y a des zébrures sanglantes dans son œil bovin. Son front étroit, plissé par la hargne, s’étrécit encore.

— De quoi ! qu’il bredouille, l’affreux.

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