Читаем Du brut pour les brutes полностью

— On ne frappe pas une femme, déclaré-je calmement, surtout devant moi.

— De quoi je me mêle, pauv’ cloche ! me dit-il sans ambages (et les magasins étant fermés, il ne peut aller acheter de l’ambage à pareille heure).

Croyant m’impressionner, il me flanque une bourrade. Je recule de dix centimètres. Il rigole, croyant déjà m’avoir neutralisé. Mais c’est mal connaître San-A.

Je lui téléphone en urgent un parpaing monumental en acier trempé à la pointe du menton. Il émet un hennissement fernandelien et tombe assis sur le trottoir. Il secoue la tête, considère d’un air pensif l’extrémité de ses chaussures, se demandant quelle était la couleur du cheval blanc d’Henri IV… Puis, ayant récupéré de ce jeton, il se dresse et marche sur moi.

Pendant ce temps, la fillette s’est plaquée contre la façade d’un immeuble. Apeurée mais intéressée, elle assiste à cette bagarre en se contenant les flotteurs.

Le tordu est un peu plus futé que je ne pensais. Il me fait une feinte vicieuse en balançant son gauche. Moi, le croyant franco, je me paie une esquive. C’est justement ce qu’il espérait. Comme je suis penché à gauche, il me cueille avec sa droite bien fournie, toute prête. J’ai tout à coup l’impression que je viens de recevoir les œuvres complètes d’Honoré de Balzac sur la frime. Et reliées plein cuir ! Je découvre une tripotée de galaxies non homologuées et je sens que l’écrou central de mon cervelet s’est desserré. J’essaie de me remettre debout, mais cette peau de chose me couche d’un méchant coup de 44 dans les gencives.

Je crache du sang et pars à la renverse dans le ruisseau où s’écoule un filet d’eau sale. Le liquide me ranime. Comprenant que le dérouilleur ne me laissera pas me relever, je chique au gars groggy. L’autre me remue du bout du pied.

— Alors, le chevalier Bayard, ricane-t-il.

Il ne se marre pas longtemps, vu que le chevalier Bayard vient de lui cueillir les pinceaux et de le faire basculer. Il sacre, comme à Reims (j’ai de l’instruction, je lis le Reader’s Digest) et s’abat en avant. Il freine sa chute en se cramponnant au capot d’une bagnole. Moi je me remets à la verticale et, à nouveau, nous voici face à face. Cette fois je n’attends plus qu’il fasse sa séance de punching-ball. Il a droit à mon uppercut au plexus. Le voilà qui tousse, plié en deux. Je le relève avec un crochet du droit à la pommette. Il essaie de me balanstiquer un direct, mais maintenant il a un édredon à la place des biscotos. J’encaisse sans broncher et je lui place tout mon punch au foie. Le pauvre chéri a soudain plus mal au cœur qu’un monsieur qui se serait farci un tonneau de crème fouettée. Je termine par un une-deux à la face. Il décide qu’il n’est plus là et se met en congé de maladie pour une durée indéterminée. Ça fait bing ! contre le capot, plouf ! dans le ruisseau et flac ! contre la bordure du trottoir.

Je rajuste mes fringues et, galantin, me tourne vers la nana.

— C’est tout ce qu’il y a pour votre service, mademoiselle ? lui demandé-je, cérémonieux.

Elle est très pâle et ses yeux brillent dans l’ombre.

— Merci, balbutie-t-elle seulement, j’ai eu si peur pour vous.

Je me dis que ma situation est fort embarrassante. Logiquement je devrais la prendre en charge et la conduire chez sa maman ou, pour le moins, à une station de taxis. Seulement voilà : il y a le boulot.

Le boulot ! Un brusque tracsir me prend.

Je demande pardon à la môme et je traverse la street pour mater par la vitre du restaurant. Je pousse alors un juron qui fait frémir toutes les vieilles dames du quartier. Envolé ! Pendant que je m’expliquais avec Grosse-Brute, mon Ruski a fini son café, payé son addition et a mis les bouts… Je suis marron comme toute la forêt de Saint-Germain en novembre… C’est le Vieux qui va me souhaiter la fête, je vous jure !

Enfin, j’ai tout de même un lot de consolation, non ?

Je retourne vers la môme.

CHAPITRE II

LA CHANDELLE PAR LES DEUX BOUTS !

Elle zieute son ex-chevalier frappant, redoutant de lui voir récupérer ses esprits ; mais le gars Grosse-Tronche n’en a jamais eu beaucoup. Pour l’instant il continue de vagabonder dans une immensité de cirage. Inutile de s’appesantir sur son sort.

— Me permettez-vous de vous raccompagner, mademoiselle ? fais-je avec un sourire enjôleur digne de Rudolf Valentino.

Elle me cloque son regard de biche aux abois en pleine poire.

— C’est trop, gazouille-t-elle.

Je considère que cette protestation est, en soi, une acceptation et je lui propose mon aileron pour la guider jusqu’à ma charrette.

Je lui ouvre la lourde, rabats le pan de son manteau sur ses jambes et vais me mettre au volant.

— Vous pensez qu’il est mort ? s’inquiète ma protégée.

— En voilà une idée…

— Il ne bougeait plus…

— Il a eu un léger étourdissement. Les types de son espèce ont le crâne en fonte… A propos, où avez-vous pêché cette brute ? A la foire du Trône, dans la baraque des lutteurs ?

Elle secoue la tête.

— C’est toute une histoire.

— J’adore les histoires…

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