Il déplaça un peu le steak pour qu’il recouvre ses contusions les plus douloureuses.
– Allez, Hagrid, racontez-nous ce qui vous est arrivé ! dit Ron. Racontez-nous l’attaque des géants et Harry vous racontera l’attaque des Détraqueurs…
Hagrid s’étouffa dans sa tasse et lâcha son steak. Une impressionnante quantité de salive, de thé et de sang de dragon se répandit sur la table tandis que Hagrid toussait, crachait et que le steak glissait par terre en tombant avec un bruit mou.
– Qu’est-ce que ça veut dire, l’attaque des Détraqueurs ? grogna Hagrid.
– Vous n’êtes pas au courant ? s’étonna Hermione, les yeux ronds.
– Je ne sais rien de ce qui s’est passé depuis que je suis parti. J’étais en mission secrète, je ne voulais pas que des hiboux me suivent partout… Fichus Détraqueurs ! Vous me faites une farce, ou quoi ?
– Pas du tout, ils sont arrivés à Little Whinging et nous ont attaqués, mon cousin et moi. Là-dessus, le ministère de la Magie m’a renvoyé de Poudlard…
– QUOI ?
– … et je suis passé devant le tribunal, mais racontez-nous d’abord l’histoire des géants.
– Tu as été
– Racontez-nous votre été et je vous raconterai le mien.
Avec un mélange d’innocence et de détermination, Harry soutint le regard noir que Hagrid lui lança de son unique œil ouvert.
– Oh bon, d’accord, dit enfin Hagrid, résigné.
Il se pencha et arracha le steak de dragon de la gueule de Crockdur.
– Oh, Hagrid, ne faites pas ça, ce n’est pas hygién…, commença Hermione, mais Hagrid avait déjà remis la viande sur son œil enflé.
Il but une nouvelle gorgée de thé pour se donner du courage et reprit :
– Voilà, on est partis dès la fin du trimestre…
– Madame Maxime est allée avec vous ? l’interrompit Hermione.
– Ouais, c’est ça, dit Hagrid, et une expression attendrie apparut sur la toute petite partie de son visage qui n’était pas recouverte de barbe ou de steak. Oui, on était tous les deux, et je vais vous dire une chose : elle n’a pas peur de vivre à la dure, Olympe. Vous comprenez, c’est une belle femme, bien habillée, et comme je savais où on allait je me suis demandé, qu’est-ce qu’elle va faire quand elle verra qu’il faut grimper dans les rochers, dormir dans des grottes et tout ça, mais elle ne s’est jamais plainte une seule fois.
– Vous saviez où vous alliez ? demanda Harry. Vous connaissiez le pays des géants ?
– Dumbledore le connaissait et il nous a dit où c’était, répondit Hagrid.
– Est-ce qu’ils se cachent ? interrogea Ron. C’est un secret, l’endroit où ils habitent ?
– Pas vraiment, dit Hagrid en hochant sa tête hirsute. C’est simplement que la plupart des sorciers se fichent de savoir où ils sont, du moment que c’est le plus loin possible. Et justement, il est très difficile d’aller chez eux, pour les humains en tout cas, donc, on avait besoin des indications de Dumbledore. Nous a fallu environ un mois pour arriver là-bas.
– Un
Une étrange expression passa dans l’œil valide de Hagrid, comme s’il regardait Ron avec une certaine pitié.
– On est surveillés, Ron, dit-il d’un ton rude.
– Qu’est-ce que vous voulez dire ?
– Tu ne comprends pas, répliqua Hagrid. Les gens du ministère tiennent Dumbledore à l’œil et aussi tous ceux qu’ils soupçonnent d’être alliés avec lui, et…
– Ça, on le sait, dit précipitamment Harry, qui avait hâte d’entendre la suite de l’histoire, on sait que le ministère surveille Dumbledore…
– Alors, vous n’avez pas pu utiliser la magie pour arriver là-bas ? demanda Ron, effaré. Vous avez dû faire comme les Moldus,
– Pas vraiment tout le trajet, dit Hagrid d’un air rusé. Il fallait simplement prendre des précautions, parce que Olympe et moi, on a du mal à passer inaperçus…
Ron émit un son qui tenait à la fois du grognement et du reniflement et s’empressa de boire une gorgée de thé.
– … donc, c’est pas très difficile de nous suivre. Alors, on a fait comme si on partait en vacances. On a commencé par la France en prenant la direction de l’école d’Olympe parce qu’on savait que quelqu’un du ministère nous filait. Au début, il a fallu aller lentement vu que je n’ai pas vraiment le droit de me servir de la magie et qu’on savait que le ministère cherchait un prétexte pour nous arrêter. Mais on a réussi à semer l’abruti qui nous collait aux basques du côté de Dis John…
– Aaaaah, Dijon ? s’exclama Hermione, enthousiaste. J’y suis allée en vacances, vous avez vu le…
Elle s’interrompit en voyant le regard de Ron.
– Après, on a utilisé un peu de magie de temps en temps et le voyage s’est assez bien passé. On est tombés sur deux trolls fous du côté de la frontière polonaise et j’ai eu un léger désaccord avec un vampire dans un pub de Minsk, mais à part ça, c’était du gâteau.
Ensuite, on est arrivés sur place et on a commencé à marcher dans les montagnes en cherchant leurs traces…