Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Le lieu serait mal choisi, madame; et, d’ailleurs, le temps de vous faire ma demande n’est pas venu.


– À quelque moment que vienne cette demande, elle me trouvera prête à l’accomplir.


– Pourrai-je en tout temps, en tout lieu, à toute heure, pénétrer jusqu’à vous, madame?


– Je vous le promets.


– Merci.


– Mais sous quel nom vous présenterez-vous? Est-ce sous celui du comte de Fœnix?


– Non, ce sera sous celui de Joseph Balsamo.


– Joseph Balsamo…, répéta la comtesse, tandis que le mystérieux étranger se perdait au milieu des groupes. Joseph Balsamo! C’est bien! je ne l’oublierai pas.

Chapitre XXXIX Compiègne

Le lendemain, Compiègne se réveilla ivre et transporté, ou, pour mieux dire, Compiègne ne se coucha point.


Dès la veille, l’avant-garde de la maison du roi avait disposé ses logements dans la ville, et tandis que les officiers prenaient connaissance des lieux, les notables, de concert avec l’intendant des menus, préparaient la ville au grand honneur qu’elle allait recevoir.


Des arcs de triomphe en verdure, des massifs de roses et de lilas, des inscriptions latines, françaises et allemandes, vers et prose, occupèrent jusqu’au jour l’édilité picarde.


Des jeunes filles vêtues de blanc, selon l’usage immémorial, les échevins vêtus de noir, les cordeliers vêtus de gris, le clergé paré de ses habits les plus riches, les soldats et les officiers de la garnison sous leurs uniformes neufs, furent placés à leurs postes, tous se tenant prêts à marcher aussitôt qu’on signalerait l’arrivée de la princesse.


Le dauphin, parti de la veille, était arrivé incognito vers les onze heures du soir avec ses deux frères. Il monta de grand matin à cheval, sans autre distinction que s’il eût été un simple particulier, et, suivi de M. le comte de Provence et de M. le comte d’Artois, âgés, l’un de quinze ans, l’autre de treize, il se mit à galoper dans la direction de Ribecourt, suivant la route par laquelle madame la dauphine devait venir.


Ce n’était point au jeune prince, il faut le dire, que cette idée galante était venue; c’était à son gouverneur, M. de Lavanguyon, qui, mandé la veille par le roi, avait reçu de Louis XV l’injonction d’instruire son auguste élève de tous les devoirs que lui imposaient les vingt-quatre heures qui allaient s’écouler.


M. de Lavanguyon avait donc jugé à propos, pour soutenir en tout point l’honneur de la monarchie, de faire suivre au duc de Berry l’exemple traditionnel des rois de sa race, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, lesquels avaient voulu analyser par eux-mêmes, sans l’illusion de la parure, leur future épouse, moins préparée sur le grand chemin à soutenir l’examen d’un époux.


Emportés sur de rapides coureurs, ils firent trois ou quatre lieues en une demi-heure. Le dauphin était parti sérieux et ses deux frères riants. À huit heures et demie, ils étaient de retour en ville: le dauphin sérieux comme lorsqu’il était parti, M. de Provence presque maussade, M. le comte d’Artois seul plus gai qu’il n’était le matin.


C’est que M. le duc de Berry était inquiet, que le comte de Provence était envieux, que le comte d’Artois était enchanté d’une seule et même chose: c’était de trouver la dauphine si belle.


Le caractère grave, jaloux et insoucieux des trois princes était épandu sur la figure de chacun d’eux.


Dix heures sonnaient à l’hôtel de ville de Compiègne quand le guetteur vit arborer sur le clocher du village de Claives le drapeau blanc qu’on devait déployer lorsque la dauphine serait en vue.


Il sonna aussitôt la cloche d’avis, signal auquel répondit un coup de canon tiré de la place du Château.


Au même instant, comme s’il n’eût attendu que cet avis, le roi entra en carrosse à huit chevaux à Compiègne, avec la double haie de sa maison militaire, suivi par la foule immense des voitures de sa cour.


Les gendarmes et les dragons ouvraient au galop cette foule partagée entre le désir de voir le roi et celui d’aller au-devant de la dauphine; car il y avait l’éclat d’un côté et l’intérêt de l’autre.


Cent carrosses à quatre chevaux, tenant presque l’espace d’une lieue, roulaient quatre cents femmes et autant de seigneurs de la plus haute noblesse de France. Ces cent carrosses étaient escortés de piqueurs, d’heiduques, de coureurs et de pages. Les gentilshommes de la maison du roi étaient à cheval et formaient une armée étincelante qui brillait au milieu de la poussière soulevée par les pieds des chevaux, comme un flot de velours, d’or, de plumes et de soie.


On fit une halte d’un instant à Compiègne, puis on sortit de la ville au pas pour s’avancer jusqu’à la limite convenue, qui était une croix placée sur la route, à la hauteur du village de Magny.


Toute la jeunesse de France entourait le dauphin; toute la vieille noblesse était près du roi.


De son côté, la dauphine, qui n’avait pas changé de carrosse, s’avança d’un pas calculé vers la limite convenue.


Les deux troupes se joignirent enfin.


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