Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Eh bien, le soir, répéta madame du Barry, Sa Majesté, qui sans doute ne voulait pas rester à Trianon après sa terreur de la veille, le soir, Sa Majesté venait me trouver à Luciennes, où, cher comte, je m’aperçus, ma foi, que M. de Richelieu était presque aussi grand sorcier que vous.


La figure triomphante de la comtesse, son geste plein de grâce et de coquetterie achevèrent sa pensée et rassurèrent complètement Balsamo à l’endroit de la puissance qu’exerçait encore la favorite sur le roi.


– Alors, dit-il, vous êtes contente de moi, madame?


– Enthousiasmée, je vous jure, comte; car vous m’avez, en me parlant des impossibilités que vous aviez créées, dit l’exacte vérité.


Et elle lui tendit en preuve de remerciement, cette main si blanche, si douce, si parfumée, qui n’était pas fraîche comme celle de Lorenza, mais dont la tiédeur avait aussi son éloquence.


– Et maintenant, à vous, comte, dit-elle.


Balsamo s’inclina en homme prêt à écouter.


– Si vous m’avez préservée d’un grand danger, continua madame du Barry, je crois vous avoir sauvé à mon tour d’un péril qui n’était pas mince.


– Moi, dit Balsamo, cachant son émotion, je n’ai point besoin de cela pour vous être reconnaissant; cependant veuillez me dire…


– Oui, le coffret en question.


– Eh bien, madame?


– Il contenait bien des chiffres que M. de Sartine a fait traduire à tous ses commis; tous ont signé leur traduction faite en particulier, et toutes les traductions ont donné le même résultat. De sorte que M. de Sartine est arrivé ce matin à Versailles, tandis que j’y étais, porteur de toutes ces traductions et du dictionnaire des chiffres diplomatiques.


– Ah! ah! Et qu’a dit le roi?


– Le roi a paru surpris d’abord, puis effrayé. On est facilement écouté de Sa Majesté lorsqu’on lui parle danger. Depuis le coup de canif de Damiens, il est un mot qui réussit à tout le monde auprès de Louis XV, c’est: «Prenez garde!»


– Ainsi M. de Sartine m’a accusé de complot?


– D’abord, M. de Sartine a essayé de me faire sortir; mais je m’y suis refusée, déclarant que, comme personne n’était plus attaché que moi au roi, personne n’avait le droit de me faire sortir lorsqu’on lui parlait danger. M. de Sartine insistait; mais j’ai résisté, et le roi a dit en souriant et me regardant d’une certaine façon à laquelle je me connais:


«- Laissez-la, Sartine, je n’ai rien à lui refuser aujourd’hui.»


«Alors, vous comprenez, comte, moi étant là, M. de Sartine, qui se souvenait de notre adieu si nettement formulé, M. de Sartine a craint de me déplaire en vous chargeant, il s’est rejeté sur les mauvais vouloirs du roi de Prusse à l’égard de la France, sur les dispositions des esprits à s’aider du surnaturel pour faciliter la marche de leur rébellion. Il a accusé en un mot beaucoup de gens, prouvant toujours, ses chiffres à la main, que ces gens étaient coupables.


– Coupables de quoi?


– De quoi?… Comte, dois-je dire le secret de l’État?


– Qui est notre secret, madame. Oh! vous ne risquez rien! J’ai intérêt, ce me semble, à ne point parler.


– Oui, comte, je le sais, grand intérêt. M. de Sartine a donc voulu prouver qu’une secte nombreuse, puissante, formée d’adeptes courageux, adroits, résolus, minaient sourdement le respect dû à Sa Majesté royale, répandant certains bruits sur le roi.


– Quels bruits?


– Disant, par exemple, que Sa Majesté était accusée d’affamer son peuple.


– Ce à quoi le roi a répondu?


– Comme le roi répond toujours, par une plaisanterie.


Balsamo respira.


– Et cette plaisanterie, demanda-t-il, quelle est-elle?


«- Puisqu’on m’accuse d’affamer mon peuple, a-t-il dit, il n’y a qu’une seule réponse à faire à cette accusation: nourrissons-le.


«- Comment cela, sire? a dit M. de Sartine.


«- Je prends à mon compte la nourriture de tous ceux qui répandent ce bruit, et je leur offre, de plus, un logement dans mon château de la Bastille.»


Balsamo sentit un léger frisson courir dans ses veines, mais il demeura souriant.


– Ensuite? demanda-t-il.


– Ensuite, le roi sembla me consulter par un sourire.


«- Sire, lui dis-je alors, on ne me fera jamais croire que ces petits chiffres noirs que vous apporte M. de Sartine veulent dire que vous êtes un mauvais roi.


«Alors le lieutenant de police s’est récrié.


«- Pas plus, ai-je ajouté, qu’ils ne prouveront que vos commis sachent lire.»


– Et qu’a dit le roi, comtesse? demanda Balsamo.


– Que je pouvais avoir raison, mais que M. de Sartine n’avait pas tort.


– Eh bien, alors?


– Alors on a expédié beaucoup de lettres de cachet, parmi lesquelles j’ai vu clairement que M. de Sartine cherchait à en glisser une pour vous. Mais je n’ai point fléchi et je l’ai arrêté d’un seul mot.


«- Monsieur, lui ai-je dit tout haut et devant le roi, arrêtez tout Paris si bon vous semble, c’est votre état; mais qu’on ne s’avise pas de toucher à un seul de mes amis… sinon!…


«- Oh! oh! fit le roi, elle se fâche. Gare à vous, Sartine!


«- Mais, sire, l’intérêt du royaume…


«- Oh! vous n’êtes pas un Sully, lui ai-je dit rouge de colère, et je ne suis pas une Gabrielle.


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