Читаем Le Petit Prince полностью

– C’est l’heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi…


Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d’eau fraîche, avait servi la fleur.



Ainsi l’avait-elle bien vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatre épines, elle avait dit au petit prince:


– Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes!



– Il n’y a pas de tigres sur ma planète, avait objecté le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas l’herbe.


– Je ne suis pas une herbe, avait doucement répondu la fleur.


– Pardonnez-moi…


– Je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent?



«Horreur des courants d’air… ce n’est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince. Cette fleur est bien compliquée…»


– Le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C’est mal installé. Là d’où je viens…


Mais elle s’était interrompue. Elle était venue sous forme de graine. Elle n’avait rien pu connaître des autres mondes. Humiliée de s’être laissé surprendre à préparer un mensonge aussi naïf, elle avait toussé deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort:


– Ce paravent?…


– J’allais le chercher mais vous me parliez!


Alors elle avait forcé sa toux pour lui infliger quand même des remords.


Ainsi le petit prince, malgré la bonne volonté de son amour, avait vite douté d’elle. Il avait pris au sérieux des mots sans importance, et était devenu très malheureux.


– J’aurais dû ne pas l’écouter, me confia-t-il un jour, il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agacé, eût dû m’attendrir…


Il me confia encore:


– Je n’ai alors rien su comprendre! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir! J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer.


CHAPITRE IX

Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages. Au matin du départ il mit sa planète bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activité. Il possédait deux volcans en activité. Et c’était bien commode pour faire chauffer le petit déjeuner du matin. Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, «On ne sait jamais!» Il ramona donc également le volcan éteint. S’ils sont bien ramonés, les volcans brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions. Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée. Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis.



Le petit prince arracha aussi, avec un peu de mélancolie, les dernières pousses de baobabs. Il croyait ne jamais devoir revenir. Mais tous ces travaux familiers lui parurent, ce matin-là, extrêmement doux. Et, quand il arrosa une dernière fois la fleur, et se prépara à la mettre à l’abri sous son globe, il se découvrit l’envie de pleurer.


– Adieu, dit-il à la fleur.


Mais elle ne lui répondit pas.


– Adieu, répéta-t-il.


La fleur toussa. Mais ce n’était pas à cause de son rhume.


– J’ai été sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon. Tâche d’être heureux.


Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait là tout déconcerté, le globe en l’air. Il ne comprenait pas cette douceur calme.


– Mais oui, je t’aime, lui dit la fleur. Tu n’en as rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance. Mais tu as été aussi sot que moi. Tâche d’être heureux… Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus.


– Mais le vent…


– Je ne suis pas si enrhumée que ça… L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur.


– Mais les bêtes…


– Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau. Sinon qui me rendra visite? Tu seras loin, toi. Quant aux grosses bêtes, je ne crains rien. J’ai mes griffes.


Et elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta:


– Ne traîne pas comme ça, c’est agaçant. Tu as décidé de partir. Va-t’en.


Car elle ne voulait pas qu’il la vît pleurer. C’était une fleur tellement orgueilleuse…


CHAPITRE X

Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s’instruire.


La première était habitée par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d’hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux.


– Ah! Voilà un sujet, s’écria le roi quand il aperçut le petit prince.


Et le petit prince se demanda:


– Comment peut-il me reconnaître puisqu’il ne m’a encore jamais vu!


Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.


– Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d’être roi pour quelqu’un.


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