À Antioche, la situation a continué instable. Les discussions stériles restaient vives. L'influence judaïsante combattait les gentils et les chrétiens libres opposaient une résistance formelle au conventionnalisme préconçu. L'ex-rabbin, néanmoins, ne resta pas inactif. À la première occasion, il convoqua des réunions où il clarifia les finalités de l'assemblée que Simon leur avait promise à Jérusalem. Combattant actif, il multiplia ses énergies pour soutenir l'indépendance du christianisme et prou il I publiquement qu'il apporterait des lettres de l'église des apôtres galiléens, qui garantiraient la position des gentils dans la doctrine consolatrice de Jésus, se déchargeant des impositions absurdes, dans le cas de la circoncision.
Ses mesures et promesses embrasèrent de nouvelles luttes. Les observateurs rigoureux des règles anciennes doutaient de telles concessions venant de Jérusalem.
Paul ne se laissait pas décourager. Au fond, il idéalisait son arrivée à l'église des apôtres, il passait en revue dans son imagination surexcitée tous les puissants arguments à employer, et se voyait vainqueur de la question qui se présentait à ses yeux comme d'une importance fondamentale pour l'avenir de l'Évangile. Il chercherait à démontrer la capacité élevée des gentils pour le service de Jésus. Il raconterait les succès obtenus lors de ses longues excursions de plus de quatre ans à travers les régions pauvres et presque inconnues où les gentils avaient reçu les nouvelles du Maître avec une joie intense et une plus grande compréhension que les frères de sa race. Les généreux projets grandissants, il décida de prendre le jeune Tite avec lui qui, bien que de descendance païenne et ayant à peine vingt ans, dans l'église d'Antioche était doté d'une intelligence les plus lucides au service du Seigneur. Depuis l'arrivée de Tarse, Tite s'était pris d'affection pour lui comme un frère généreux.
Remarquant sa nature travailleuse, Paul lui avait enseigné le métier de tapissier et il le remplaça dans son humble tente pendant tout le temps que dura sa première mission. Le jeune garçon serait un exposant du pouvoir rénovateur de l'Évangile. Certainement que lorsqu'il parlerait à la réunion, il surprendrait les plus érudits par ses arguments d'une haute teneur exégétique.
Caressant ces espoirs, Paul de Tarse prit toutes les mesures pour s'assurer du succès de ses plans.
Au bout de quatre mois, un émissaire de Jérusalem apportait la nouvelle attendue de Pierre concernant l'assemblée. Assisté de Barnabe, l'ex-rabbin a accéléré les mesures indispensables. À la veille de partir, il est monté à la tribune et a renouvelé sa promesse des concessions espérées des gentils, insensible au sourire ironique que quelques Israélites déguisaient prudemment.
Le lendemain matin, la petite caravane est partie. Elle se composait de Paul et de Barnabe, de
Tite et de deux autres frères qui les accompagnaient comme assistants.
Ils firent un voyage lent, s'arrêtant à tous les villages pour prêcher la Bonne Nouvelle, apportant la guérison et la consolation chez les populations.
Après plusieurs jours, ils arrivèrent à Jérusalem où ils furent reçus par Simon avec une indicible satisfaction. En compagnie de Jean, le généreux apôtre leur a offert un accueil fraternel. Tous séjournèrent là où se trouvaient de nombreux nécessiteux et malades. Paul et Barnabe examinèrent les modifications introduites dans la maison. Bien que modestes, d'autres pavillons s'étendaient et couvraient maintenant tout un secteur.
Les services ne cessent d'augmenter - expliquait Simon avec bonté - ; les malades, qui frappent à nos portes, se multiplient tous les jours. Il a fallu construire de nouvelles dépendances.
La rangée de lits paraissait sans fin. Des blessés et des petits vieux se distrayaient au soleil entre les arbres amis du potager.