Profitant de son passage par Lystre, la gentille Loïde lui parla de ses besoins particuliers. Elle et Eunice avaient des parents en Grèce, du côté du père de son petit-fils, qui réclamaient leur présence personnelle pour qu'ils ne manquent pas de secours affectifs. Les ressources qui leur restaient à Lystre étaient sur le point de s'épuiser. D'autre part, elle désirait que Timothée se consacre au service de Jésus, Illuminant son cœur et son intelligence. La généreuse petite vieille et sa fille projetaient, alors, le changement définitif et consultaient l'apôtre quant à la possibilité d'accepter la compagnie du jeune homme, pour le moins pendant quelque temps, non seulement pour qu'il acquière de nouvelles valeurs sur le terrain de la pratique, mais aussi parce que cela faciliterait leur transfert dans un lieu aussi éloigné.
Paul acquiesça volontiers. Il accepterait la coopération de Timothée avec un réel plaisir. En apprenant la nouvelle, le jeune, à son tour transporté de joie, ne savait pas comment traduire sa profonde reconnaissance.
La veille de leur départ, Silas a abordé prudemment le sujet et demanda à l'apôtre s'il ne vaudrait pas mieux circoncire le jeune homme, afin que le judaïsme ne dérange pas les travaux apostoliques. Pour soutenir cet argument, il invoquait les obstacles et les luttes acerbes de Jérusalem. Paul y réfléchit longuement et s'est souvenu du besoin de répandre l'Évangile sans scandale pour personne et fut d'accord avec la mesure évoquée. Timothée devrait prêcher publiquement. Il coexisterait avec les gentils, mais plus particulièrement avec les Israélites, seigneurs des synagogues et de bien d'autres centres où la religion était enseignée au peuple. Il était juste de prendre des mesures pour que le jeune homme ne soit pas dérangé en leur compagnie.
Le fils d'Eunice a obéi sans hésitation. Quelques jours plus tard, faisant leurs adieux à leurs frères et aux généreuses femmes qui restaient à supplier des vœux de paix en Dieu, les missionnaires se sont dirigés vers Iconie, pleins d'un courage invincible et de la ferme intention de servir Jésus.
Les disciples visitèrent ainsi tous les petits villages de Galatie pleins de cet esprit aimant de prédication et de fraternité que le pouvoir de l'Évangile rédempteur dilatait dans les âmes et sans jamais oublier l'aide apportée à l'église de Jérusalem. Ils s'attardèrent quelque temps à Antioche de Pisidie où ils travaillèrent pour leur compte afin de répondre à leurs besoins.
Paul était très satisfait. Ses efforts, en compagnie de Barnabe, n'avaient pas été vains. Dans les lieux les plus éloignés, quand il s'y attendait le moins, voici qu'apparaissaient des nouvelles des églises qu'ils avaient précédemment fondées. Il s'agissait de bienfaits rendus à des nécessiteux, d'améliorations ou de guérisons de malades, de consolations apportées à ceux qui se trouvaient dans un désespoir extrême. L'apôtre ressentait la satisfaction du semeur qui se trouve devant les premières fleurs comme de radieuses promesses du champ cultivé.
Les émissaires de la Bonne Nouvelle ont traversé la Phrygie et la Galatie sans persécutions de grande ampleur. Le nom de Jésus était maintenant prononcé avec plus de respect.
L'ex-rabbin poursuivait sa franche activité pour la diffusion de l'Évangile en Asie, lorsqu'une nuit, après les prières habituelles, il a entendu une voix qui lui disait sur un ton aimant :
Paul, va de l'avant.... Apporte la lumière du ciel à d'autres ombres, d'autres frères t'attendent sur la route infinie !...
C'était Etienne, l'ami de tous les instants qui, représentant le Maître divin auprès de l'apôtre des gentils, l'incitait à semer la Bonne Nouvelle dans d'autres endroits.
Le valeureux émissaire des vérités éternelles a compris que le Seigneur lui réservait de nouveaux champs à défricher. Le lendemain, il en informa Silas et Timothée et conclut inspiré:
J'ai l'impression que le Maître m'appelle à de nouvelles tâches. Ce qui est d'autant plus juste que je reconnais que ces régions ont déjà reçu la semence divine.
Et il souligna après une pause :
Cette fois, nous n'avons pas rencontré de grandes difficultés. Avant, avec Barnabe, nous avons vécu les expulsions, la prison, les coups de fouets, la lapidation... Maintenant, cependant, rien de tout cela ne nous cm! arrivé. Cela veut dire qu'ici il existe déjà des bases sûres pour la victoire du Christ. Il faut donc aller là où se trouvent les obstacles et les vaincre pour que le Maître soit connu et glorifié, car nous sommes dans une bataille dont il ne faut pas mépriser les fronts.
Les deux disciples l'écoutaient et réfléchissaient à la grandeur de tels concepts.