Après un voyage difficile, plein d'incidents pénibles, Paul et ses compagnons arrivèrent à destination.
L'église d'Éphèse affrontait de cruels problèmes. Jean combattait sérieusement pour que l'effort évangélique ne dégénère pas en polémiques stériles, et les tisserands dernièrement arrivés de Corinthe lui prêtèrent main forte lui apportant une coopération essentielle.
Alors qu'il affrontait les juifs à la synagogue lors de discussions échauffées, l'ex-rabbin n'oubliait pas certaines réalisations sentimentales qu'il convoitait depuis longtemps. Avec une délicatesse extrême, il rendit visite à la Mère de Jésus dans sa modeste maisonnette qui donnait sur la mer. Il fut fortement impressionné par l'humilité de cette créature simple et aimante qui ressemblait davantage à un ange portant l'habit d'une femme. Paul de Tarse s'est intéressé à ses tendres récits concernant la nuit de la naissance du Maître. Il enregistra au fond de son cœur ses impressions divines et promit de revenir à la première occasion, afin de rassembler les données indispensables à l'Évangile qu'il prétendait écrire pour les générations de chrétiens à venir. Avec joie, Marie se mit à sa disposition.
Toutefois après avoir coopéré pendant quelque temps à la consolidation de l'église et considérant qu'Aquiles et Prisca se trouvaient bien installés et satisfaits, l'apôtre décida de partir vers de nouveaux horizons. En vain ses frères voulurent l'en dissuader, le suppliant de rester en ville un peu plus longtemps. Il promit de revenir dès que les circonstances le lui permettraient et prétexta devoir aller à Jérusalem, porter à Simon Pierre le fruit des collectes rassemblées pendant des années consécutives sur les lieux qu'il avait parcourus. Le fils de Zébédée, qui connaissait son ancien projet, lui donna raison d'entreprendre ce voyage sans plus tarder.
Comme ils se trouvaient à nouveau à ses côtés, Silas et Timothée lui tinrent compagnie lors de cette nouvelle excursion.
Passant par d'énormes difficultés, mais prêchant toujours la Bonne Nouvelle avec un véritable enthousiasme dévotionnel, ils arrivèrent au port de Césarée où ils restèrent quelques jours pour instruire les intéressés à la connaissance de l'Évangile. De là, ils se sont dirigés à pied vers Jérusalem, distribuant des consolations et des guérisons tout le long du chemin. Arrivés à la capitale du judaïsme, l'ex-pêcheur de Capharnaum les reçut avec une immense joie. Simon Pierre présentait une grande fatigue physique vu les luttes terribles et incessantes affrontées pour que l'église supporte les tempêtes acharnées sans trop d'émoi. Ses yeux, malgré tout, gardaient la même sérénité caractéristique aux fidèles disciples.
Paul lui remit joyeusement la petite fortune dont l'application allait assurer une plus grande indépendance à l'institution de Jérusalem pour le juste développement de l'oeuvre du Christ. Ému, Pierre le remercia et l'embrassa les larmes aux yeux. Les pauvres, les orphelins, les vieux abandonnés et les convalescents auraient désormais une école bénie de travail sanctifiant.
Pierre remarqua aussi que l'ex-rabbin semblait las. Très maigre et particulièrement pâle, les cheveux déjà grisonnants, tout en lui dénonçait l'intensité des luttes endurées. Ses mains et son visage étaient pleins de cicatrices.
Face à cela, l'ex-pêcheur lui a parlé avec enthousiasme de ses épîtres qui se répandaient dans toutes les églises et qui étaient lues avec assiduité. Sa grande expérience des problèmes d'ordre spirituel lui donnait la conviction que ces lettres avaient été écrites sous l'inspiration directe du Maître divin. Paul de Tarse reçut ce commentaire avec émotion vu la spontanéité manifestée par son compagnon. De plus - ajouta Simon avec plaisir -, il ne pouvait être d'élément éducatif d'une portée plus élevée que celui-ci. Il connaissait des chrétiens de Palestine qui gardaient de nombreuses copies du message aux Thessaloniciens. Les églises de Joppé et d'Antipatris, par exemple, commentaient les épîtres phrase après phrase.
L'ex-rabbin ressentit un immense réconfort pour continuer sa lutte rédemptrice.
Après quelques jours, il partit pour Antioche avec quelques disciples. Il se reposa un peu auprès de précieux compagnons, mais sa puissante capacité de travail ne lui permettait pas de plus longs arrêts.