Мне очень жаль было видеть из вашего письма, что вы испытываете тяжелое чувство. Позвольте мне, как старому человеку, подать вам совет о том, что если что-н[и]б[удь] удручает вас, то несите эту тяжесть одни, а не обвиняйте других, считая их причиною вашего горя. Поступая так, можно быть очень несправедливым, главное же то, что недобрые чувства к другим людям, как то, которое вы испытываете к Суллержицкому, не только не облегчают тяжести положения или горя, но во много, много раз увеличивают его. Очень бы желал, чтобы вы поверили мне и уничтожили в себе недобрые чувства к Суллержицкому, которых он никак не заслуживает, и нашли бы душевное успокоение.
Простите, что не своей рукой пишу вам. Я очень нездоров и слаб. Искренне расположенный к вам
Лев Толстой.
Написано рукой Н. Л. Оболенского, подпись собственноручная. Датируется по содержанию.
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Далее редакцией выпущено два слова: имя и отчество адресата.2
В письме к Толстому адресат в силу личной заинтересованности крайне резко отзывался о Л. А. Сулержицком. Сулержицкий 15 июля 1901 г. женился на пианистке Ольге Ивановне Поль (р. 1878).*113. Мирзе Риза Хану (Mirza Riza Khan).
Mon Prince,
Je vous suis très reconnaissant pour l’еnvоі de votre poème. Il est du plus haut intérêt et je crois que la propagation des idées qu’il contient sera d’une grande utilité non seulement pour le peuple persan, mais pour les hommes de tous les continents. Je partage parfaitement l’idée émise par le dernier orateur — l’Oriental, que pour remédier au mal il faut en trouver la cause et tâcher de la supprimer. L’Oriental dit que la cause du mal est l’égoïsme et l’ignorance, mais je voudrais ajouter seulement au mot ignorance — l’ignorance de la vraie religion. Sous le terme de vraie religion j’entends une religion à la portée de tous les hommes, fondée sur la raison commune à tous les peuples et à cause de cela obligatoire pour tous.
Le principe de cette religion est exprimé dans l’evangile par ces mots: «Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fît. Ceci est la loi et les prophètes». Si seulement ce principe était reconnu comme unique principe religieux pour tous les hommes, l’égoïsme qui est prêt à sacrifier le bien de son prochain pour atteindre à ces fins disparaîtrait de soi-même. De sorte que je reconnais comme cause du mal en général et des guerres en particulier uniquement l’ignorance de la vraie religion.
Je ne suis pas non plus tout-à-fait d’accord avec vous sur la fraternité que vous supposez possible entre les états et leurs chefs. Je crois que l’état, formé et soutenu toujours par la violence, non seulement exclut la fraternité, mais en est tout l’opposé.
Si les hommes sont frères, il ne peut y avoir ni empereur, ni ministre, ni général, ni sujet, ni soldat. Entre frères personne ne peut avoir le droit de commander, ni personne le devoir d’obéir. Tous doivent obéir à Dieu et non aux hommes dont les ordres le plus souvent sont contraires à la loi de Dieu.
Selon moi les guerres ne finiront que quand chaque individu sera imbu à un tel point du principe religieux de ne pas faire à autrui ce qu’il ne veut pas qu’on lui fasse, que personne ne pourra accepter l’obligation du service militaire, qui n’est pas autre chose que la préparation au meurtre, l’acte le plus contraire au principe de la réciprocité, puisque chaque homme tient plus qu’à tout autre chose à la vie et par conséquent vouloir l’en priver est faire à autrui ce que l’on ne voudrait pas qu’on vous fit.
Je crois que partout, comme chez vous en Perse les Babistes,1
il y a des gens professant la vraie religion et que malgré les persécutions, auxquelles ces gens sont partout et toujours exposés, leurs idées se propageront de plus en plus et triompheront à la fin de la barbarie et de la férocité des gouvernements et surtout des tromperies, dans lesquelles ils tâchent de tenir leurs peuples. Ce ne seront pas les gouvernements qui aboliront la guerre. Au contraire, les gouvernements tâcheront toujours d’attiser les haines nationales pour rendre nécessaires les armées, qui seules constituent leur force et leur raison d’être.La guerre ne peut etre abolie que par les individus qui en souffrent. Elles ne seront abolies que quand la vraie religion sera tellement répandue que la majorité des hommes sera prête à souffrir plutôt la violence, que de l’employer et en refusant le service militaire rendra par là la guerre absolument impossible.
En vous remerciant encore une fois pour votre lettre et votre poème je vous prie, mon Prince, de recevoir l’expression de ma parfaite considération et de mes sentiments distingués.
Je ne vous écris pas de ma propre main, parce que étant malade je suis alité.
Léon Tolstoy.
Juillet 10/23.
1901.
Toula. Russie.
Князь,