Дата Толстого ошибочна. Основание датировки: к письму была приложена копия письма к Богатикову от 15 августа; оба эти письма в копировальной книге отпечатаны рядом и, очевидно, написаны в один день — 15 августа.
Яков Павлович Колосовский (р. 1866) — священник с. Калеевки, Черниговской губ. Религиозно-философскими произведениями Толстого интересовался с начала 1890-х гг. В 1929 г. снял сан.
Ответ на письма Колосовского от 2 февраля и 18 марта 1901 г. В первом он сообщал о своем намерении распространять произведения Толстого, во втором выражал сочувствие по поводу отлучения.
138. Э. Бурдери (Е. Bourdery).
Cher Monsieur,
Je viens de recevoir votre lettre et je vous remercie pour les sentiments que vous m’exprimez. Je v[ou]s suis reconnaissant aussi pour les citations que vous y faites d’Aug[uste] Sabatier.1
Je regrette beaucoup de ne connaître cet homme éminent que de nom et de réputation. La citation que v[ou]s faites de sa manière de comprendre le christianisme, me prouve que j’aurais dû être en complète com[m]union d’idées et de sentiments avec lui, ainsi qu’avec v[ou]s et tous ceux qui partagent ses idées. Il y a cependant un point sur lequel je ne suis pas d’accord avec vous: c’est l’idée que vous avez de la nécessité d’une église et, par suite, — de pasteurs, c. à d. gens revêtus d’une certain[e] autorité. Je ne puis pas oublier le verset 8 et 9 de XXIII Mathieu, non pas parceque c’est un verset de l’évangile, mais parceque c’est une vérité pour moi parfaitement évidente, qu’il ne peut pas y avoir de pasteurs, de maîtres, de directeurs entre chrétiens, et que c’est precisement cette contravention à la loi évangelique, qui à rendu presque nulle jusqu’ à présent la prédication de la vraie doctrine chrétienne. Selon moi l’idée maîtresse de la doctrine chrétienne est le rétablissement de la relation directe entre Dieu et l’homme. Tout homme qui prétend se faire l’intermédiaire de cette relation empêche celui qu’il veut diriger de se mettre en contact direct avec Dieu et — ce qui est le plus grand mal — s’éloigne tout à fait soi-même de toute possibilité d’une vie chrétienne. Selon moi s’est le comble de l’orgueil, le péché qui éloigne le plus de Dieu — de se dire que je suis en état d’aider les autres à bien vivre et à sauver leur âme. Tout ce que peut faire un homme qui tâche de suivre la doctrine chrétienne, c’est de tâcher de se perfectionner autant que possible (Math. V. 48), employer à ce perfection[n]ement toutes ses forces, toute son énergie. Ceci est le seul moyen d’agir sur ses prochains, de les aider dans la route du bien. Si l’église existe personne ne peut en connaître les bornes ni savoir s’il en est un membre. Tout ce que peut désirer et espérer un homme, c’est d’en faire partie, mais jamais personne ne peut être sûr de l’être et encore moins supposer qu’il a le droit et la possibilité de diriger les autres.Je v[ou]s prie, cher Monsieur, de m’excuser pour la franchise avec laquelle j’expose mon opinion contraire à la votre et de croire aux sentiments de sympathie et de considération avec lesquels je me dis votre serviteur.
Léon Tolstoy.
26 Août 1901.
Милостивый государь,