Vous ne pouvez faire une plus belle charité que de permettre que le porteur de ce billet puisse entrer dans les mystères de la marmelade et de vos véritables confitures, et je vous supplie très humblement de faire en sa faveur tout ce que vous pourrez. Je passerai après dîner chez vous pour avoir l’honneur de vous voir, si vous me le voulez permettre. Il me semble que nous avons bien de choses à dire. Songez, s’il vous plaît, à me donner vos maximes, car je m’en vais dans quatre jours.
Ce mardi matin.
23. Lettre de La Rochefoucauld à Mme Sablé. Date inconnue.
Je suis au désespoir de m’en retourner à Liancourt sans avoir l’honneur de vous voir et de vous rendre compte de nos prospérités; car enfin vous savez bien, Madame, que, quelque agréables qu’elles me puissent être d’elles-mêmes, elles me le sont encore davantage par le plaisir que j’ai de vous en entretenir. Je ferai tout ce que je pourrai pour aller prendre congé de vous, à Auteuil, avant que de commencer mon grand voyage. Cependant, s’il y a quelque sentence nouvelle, je vous supplie très humblement de me l’envoyer M. Esprit a admiré celle de la jalousie
Ce mercredi au soir
24. Lettre de La Rochefoucauld à Mme de Sablé. Date inconnue.
J’envoie savoir de vos nouvelles, et si vous vous êtes souvenue de ce que vous m’aviez promis. Je vous ai cherché un écrivain qui fera mieux que l’autre. Je vous renvoie l’écrit de M Esprit que j’emportai dernièrement avec ce que vous m’avez donné, et je vous envoie aussi ce qui est ajouté aux sentences que vous n’avez point vues. Comme c’est tout ce que j’ai, je vous supplie très humblement qu’il ne se perde pas, et de mander quand je pourrai avoir l’honneur de vous voir pour prendre congé de vous.
25. Lettre de Mme de Sablé à La Rochefoucauld. Date inconnue
Si vous eussiez demandé à venir ici une heure plus tôt, je vous eusse dit non. Il y a quelques jours que j’avais tellement perdu l’appétit que je croyais que c’en était fait de mon foie et de mon estomac; mais, Dieu merci, j’ai mangé deux vives aujourd’hui; c’est pourquoi, encore que j’aie renoncé à voir tous les gens faits comme vous, je ne saurais résister à la tentation, et vous serez le très bien venu. Pour les maximes, ne m’en parlez plus, elles sont supprimées. M. de Sens a mis les vôtres au-dessus de cent piques, et ainsi de me parler d’avoir les miennes, c’est me parler de mon déshonneur.
26. Lettre de Mme de Sablé à La Rochefoucauld. Date inconnue.
Cette sentence n’est que pour faire une sentence, car je suis assurée qu’elle n’a pas son effet en ce sujet ici; mais vous jugerez aisément que la maladie que vous m’avez donnée des sentences ne peut manquer de jouer son jeu en toute rencontre. Encore que je comprenne fort bien que vous avez beaucoup d’affaires, je ne laisse pas à être surprise que vous puissiez aller à Liancourt sans me voir, et en quelque façon ce pourrait être une marque de la vérité de la sentence, puisque vous n’avez pas autant de plaisir de me parler de vos joies que vous en aviez de me parler de vos désirs et de vos inquiétudes. Néanmoins je vous pardonne sincèrement, jugeant bien les terribles embarras que vous avez. Vous pouvez penser par beaucoup de raisons la part que je prends à votre satisfaction, quand il n’y aurait que l’amour-propre de voir que j’ai si bien deviné ce qui est si ponctuellement arrivé
II. Jugements recueillis par Mme de Sablé
27. Lettre de Mme de Maure à Mme de Sablé. 3 mars 1661.
Il me semble, m’amour, que M. de La Rochefoucauld n’y est pas assez loué pour le lui envoyer, et du moins il y faudrait remettre quelque chose que j’ai oublié avant que de dire «Mais je trouve qu’il fait à l’homme une âme trop laide». Renvoyez-le moi, s’il vous plaît, m’amour, pour voir si je pourrai le rendre aussi propre pour lui qu’il peut l’être pour M Esprit Depuis que ceci fut écrit, M. le M[arquis] d’Antin étant ici avec M. le Comte de Maure, je leur montrai ce que vous et M. Esprit avez écrit; et en disant que j’avais bien de la peine à croire que vous vous fussiez méprise, parce que cela ne vous arrivait jamais, ils furent tous deux d’une même opinion, et je dis au philosophe d’écrire la sienne: