De Berlin, gr^ace au chemin de fer, il ne m’a fallu que 7 h pour arriver `a Leipsick, de l`a en une heure `a Altenbourg, o`u j’ai pris la diligence qui m’a emmen'e `a bon port `a Munich en deux fois vingt quatre heures. J’y ai trouv'e ma femme, rentr'ee depuis deux jours en ville de Tegernsee, se portant `a charme, ainsi que les enfants que j’ai trouv'es consid'erablement grandis et d'evelopp'es, surtout le petit garcon. Hier j’ai fait venir les trois petites qui sont `a l’Institut, etc. etc. Et maintenant que me voil`a r'eussi dans mes impressions habituelles, je pourrais croire que ces cinq derniers mois que je viens de passer n’ont 'et'e qu’un r^eve, si je n’'eprouvais, en pensant `a vous, et un regret r'eel de vous avoir quitt'es, et un d'esir tr`es positif de vous revoir. Aussi comptez bien qu’`a moins d’obstacle impr'evu et tout `a fait inattendu, vous me reverrez en Russie dans le courant de l’ann'ee prochaine. Munich depuis longtemps n’a plus d’int'er^et pour moi, et ma femme en est encore plus fatigu'ee que moi-m^eme. Le voyage que je viens de faire, en secouant ma paresse, a ranim'e en moi le d'esir d’un d'eplacement. Je n’ai plus trouv'e ici les S'ev'erine, partis pour P'etersb, et je dois les avoir rencontr'es en chemin sans les reconna^itre.
Ici j’ai trouv'e tout le monde tr`es pr'eoccup'e des 'ev'enements qui viennent de se passer en Gr`ece*
. On a des inqui'etudes non pas pr'ecis'ement pour la personne du Roi Othon, mais pour son autorit'e, pour sa Royaut'e — et je crois, quant `a moi, les inqui'etudes parfaitement fond'ees. Mais ce qui m’int'eresserait bien plus que les 'ev'enements qui se passent `a Ath`enes, ce serait de savoir ce qui se passe `a Овстуг. Il n’y a pas de soir'ees qui commencent d'ej`a `a devenir longues que je ne pense `a vous et que je ne cherche `a deviner quelle est l’humeur de Nicolas.Quelles nouvelles avez-vous de Doroth'ee et de son mari? Je compte leur 'ecrire prochainement. Il me semble encore me voir chez eux, dans leur salon vo^ut'e, `a leur table — sous le coup de la parole facile, intarissable et quelque peu paradoxale de Николай Васильевич. Je suis fort heureux de les avoir revus.
Простите. Опять то же пространство между нами — но, надеюсь, ненадолго. Да сохранит вас Бог и утешит нас новым свиданием. С нетерпением жду известий от вас. Живите, будьте покойны, по возможности здоровы и вполне уверены, как вы нежно любимы.
Перевод
Мюнхен. 1/13 октября 1843