Me voil`a `a peu pr`es quitte de mes irr'esolutions et fix'e, je pense, sur ce que nous avons `a faire. D'ecid'ement pour cet hiver nous ne bougerons pas de P'etersb
Moscou cette fois-ci est pour moi comme une lanterne magique dont on aurait 'eteint la lumi`ere. Je te laisse `a deviner qui est cette lumi`ere absente.
Non, je n’irai pas, ne t’en d'eplaise, voir ni Simonoff, ni aucun des endroits que nous avons visit'es ensemble. J’ai mes raisons pour cela.
La ville est d’un vide qui n’a rien de po'etique. Je d^ine et passe la moiti'e de la journ'ee chez les Souchkoff, puis le soir je vais quelquefois au club. L’autre jour nous avons 'et'e `a Sokolniky, etc. etc. Mais tu sais, il m’est tout `a fait insipide de parler de ce que je fais, tant j’y prends peu d’int'er^et.
En fait de connaissances j’ai revu
Ce qui est d’un int'er^et plus g'en'eral, c’est la crise qui a eu lieu hier, le 13, par rapport au temps et dont les effets, je suppose, se sont 'etendus jusqu’`a vous. C’est hier que le charme a cess'e et que l’'et'e a probablement pris cong'e de nous.
Ma chatte ch'erie, j’aurais mille choses `a te dire. Mais mon horrible 'ecriture m’a rendu nerveux au dernier point, et j’ai h^ate d’en finir. Adieu. Je n’aurais jamais d^u te quitter. J’embrasse Anna et la remercie de sa lettre, mais dans l’absence je ne puis songer qu’`a toi… Adieu, ma chatte. Conserve-toi.
Москва. 14 августа 1846