Il vient de paraître dans la Revue des Deux Mondes
du 1er septembre un article sur le Congrès Slave en Russie, un article écrit par un Polonais* où, à ce qu’on m’a dit, il est beaucoup question ,[46] ce qui serait assez indifférent. Mais ce qui l’est moins, c’est que dans ce même article il est parlé de mes rapports avec le Prince Gortchakoff, sur le compte duquel on cite quelques plaisanteries plus ou moins réussies qu’on s’obstine à m’attribuer et dont la paternité est pour le moins douteuse… Eh bien, tel est le fond excellent de cette sympathique nature du Chancelier qu’il m’a parlé de ce petit incident avec la plus aimable gaieté et ouverture d’esprit, bien qu’il puisse avoir quelque raison d’admettre l’authenticité des propos cités, attendu que, quand il en a parlé aux personnes de son entourage, celles-ci se sont empressées de lui dire que ces propos leur étaient connus depuis longtemps, ainsi que du public. — Mais, encore une fois, tout cela n’a été qu’un petit flocon de nuage, déjà fondu à l’heure qu’il est.Quant à mes nouvelles de Moscou, elles en sont toujours encore à l’état de conjectures… Jamais, je crois, pareil anachronisme ne s’est produit dans des calculs de grossesse, et j’ai par moments l’idée que ce n’est pas une grossesse réelle, et que tout cet état d’incertitude va se résoudre par quelque phénomène tout à fait anormal.
En attendant, le coup qui menaçait la gazette d’Aksakoff a été heureusement conjuré, grâce à l’absence de Валуев, je suppose. On a reculé devant la responsabilité d’une décision qui aurait été d’une iniquité révoltante, car il a paru dans ces derniers temps dans la gazette de Катков
des articles d’une portée bien autrement grave et d’une hostilité encore plus incisive. — Or, comme je savais que personne n’aurait le courage de toucher à la G de Moscou, j’ai réclamé pour ces articles la priorité d’un avertissement sous peine de constater de la manière la plus flagrante, en nous y refusant, notre inconséquence et notre pusillanimité… Il est de fait que ce pauvre Conseil est une pitoyable chose et bien digne de refléter dans son infimité le grand tout dont il fait partie.La santé de Dima est très satisfaisante. Il va, vient, s’occupe parfois avec un étudiant qui vient le voir. Je jouis de son voisinage, mais sans indiscrétion, c’est-à-d en lui laissant une liberté d’action pleine et entière. — Je ne crois pas qu’il puisse jamais se dire que le toit paternel ait beaucoup pesé sur lui. — Nos heures étant trop différentes, il ne nous arrive guères de dîner ensemble, mais nous nous réunissons quelquefois pour le déjeuner.
Je pourrais t’écrire ainsi des volumes, mais je sens que mes doigts se contractent et vont me refuser tout service. Ainsi adieu, pour le moment. Je vous quitte, ma chatte chérie, pour aller m’occuper de la procuration. C’est l’excellent Добровольский*
qui va m’arranger tout cela.Mille tendresses à Marie. Je lui ai écrit la dernière fois une lettre qui ne lui aura laissé rien à désirer, quant au volume.
Dieu vs garde.
Перевод
Петербург. Четверг. 31 августа
Вчера я получил твое компрометирующее письмо
от 23 августа и страшно доволен, что у меня есть нечто в таком роде от тебя. Впрочем, будь спокойна. Оно надежно спрятано. Что же до того, чтобы его уничтожить, то это уволь. Уже одно каллиграфическое совершенство должно было бы защитить его от подобного надругательства. Действительно, вид твоего почерка радует меня все больше и больше, и мне остается только пожелать, чтобы твое здоровье нормализовалось так же, как начертание твоих букв… Дело не в том, что я не верю хорошим новостям, которые ты мне сообщаешь. И волнует меня вовсе не настоящий момент, а ближайшее будущее, когда окончательно установится плохая погода — ведь в деревне она дает себя знать гораздо раньше, чем где-либо.