Quant à l’affaire Katkoff, voici où elle en est… Depuis longtemps déjà Valoujeff l’Olympien (nommé Périclès)*
était troublé dans sa sérénité par la brutalité irrévérencieuse de la Gazette de Moscou. Il avait bien essayé de quelques froncements de sourcils, mais qui n’avaient pas aboutis. — Enfin je ne sais quelle goutte imperceptible a fait déborder le vase de sa colère, et à propos d’un article qui n’était qu’une centième redite, il a, contrairement à l’avis de tout le Conseil moins deux voix, lancé son premier avertissement. Il ne faudrait pas croire toutefois que c’est aux doctrines, à la politique de Katkoff qu’il s’attaquait… il ne se serait pas abaissé jusque-là — non, c’était plutôt un Sultan, un Padischah qui sortait de son majestueux repos p aller réprimer un vassal trop turbulent…* Mais malheureusement il avait compté sans son hôte, il n’avait pas compté sur une rebellion ouverte, refus d’insérer l’avertissement et rude coup de bâton, assené sur la main qui s’étendait pour l’imposer*. En vue d’un pareil outrage, d’un pareil attentat à leur autorité officielle, mes collègues du Conseil n’y tinrent plus, et dans la dernière séance ils s’emportèrent jusqu’à proposer un second avertissement. C’était précisément le 4 avril — l’incident de ce jour a tout à coup arrêté comme de raison toute cette ébullition, et force a été de reconnaître même aux plus stupides d’entre nous qu’il y aurait mauvaise grâce à s’attaquer à la G de Moscou dans un pareil moment… Il y avait tout un aveu dans cette abstention, mais qui ne sera pas compris de ceux-là même à qui la force des choses vient de l’arracher. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de ce qui succédera… En attendant, mille amitiés à ton cher, bien cher mari, auquel je ne manquerai pas d’écrire directement le résultat de la démarche qu’il m’a chargé de faire. — Mais quant à la Revue, pourquoi ne s’adresse-t-il pas à quelque libraire de Moscou?* — Adieu ma fille chérie, et bientôt au revoir.