Мне, право, смешно и совестно занимать вас такими пустяками.
Ф. Тютчев
Майкову А. Н., 16 декабря 1866*
Пятница. 16 дек<абря>
Спешу вас уведомить, дорогой мой Аполлон Николаич, что императрица желает прочесть вашего «Странника»*
. Я это узнал от Авроры Карловны Карамзиной, бывшей Демидовой, и потому я советовал бы вам снести к ней вашу рукопись, которую она и доставит по принадлежности. — Живет же она в доме Демидова, в Большой Морской — только не в большом доме, а в маленьком, что возле. Вам душевно пред<анный>Ф. Тютчев
Аксаковой А. Ф., 20 декабря 1866*
Pétersbourg. 20 décembre 1866
Ma fille chérie. Profitant de l’expérience, c’est par une occasion particulière que je vous écris. On parle toujours mieux quand on sait qu’il n’y a personne qui vous écoute aux portes.
Ces lignes d’ailleurs sont plutôt à l’adresse de ton mari qu’à la tienne. Au moment où son journal va paraître*
, je voudrais le mettre au fait de la situation du moment, au moins en ce qui a rapport à lui. — Cette situation n’est pas du tout aussi sombre qu’il pourrait le croire, et il n’y a pas lieu, selon moi, à se laisser aller à des appréhensions exagérées.Je conviens qu’après l’incident des lettres interceptées*
et de ce qui s’en est suivi, il y aura nécessité à user d’une plus grande circonspection, mais j’ai la presque certitude que, pour éviter les conflits, il suffira qu’Аксаков mette dans tout son jour ce qui est le fond même de sa nature —Nous ne serions assez nous répéter qu’une direction à contresens dans les idées doit amener dans l’ordre des faits des résultats ayant tout le caractère d’une trahison préméditée… Surtout à présent où l’on
Assurément, la fatalité des derniers événements est immense. Mais il ne faudrait pas croire que maintenant tout est perdu sans ressource. — D’abord le système adopté a pour lui la force des choses, et lors même qu’ici on voudrait s’en déssaisir (ce qui n’est pas du tout le cas, au moins quant à l’Empereur) nos ennemis nous obligeraient de le garder et d’en poursuivre l’application. Nos ennemis, les Polonais surtout, sont les véritables pionniers de notre avenir. — Il y a dans le moment actuel un double fait qu’on ne saurait assez remarquer et qui prouve bien l’inanité de l’action humaine dans l’histoire — ce double fait le voici: c’est d’une part la France, dont la politique inquiète lui crée à sa porte deux organismes puissants, destinés à grandir à ses dépens, et d’autre part la Russie, avec deux immenses dissolutions sur ses frontières, mises là tout exprès pour solliciter son développement… et ce double résultat, réalisé en sens contraire des efforts de chacune de ces deux puissances*
.Nous sommes ici en train de faire une démonstration en faveur des Candiotes*
, et bien que la forme en soit par trop occidentale, — il s’agit d’un grand bal à l’Assemblée de la Noblesse sous les auspices de l’Impératrice, — le fond, cette fois, corrigera la forme… J’espère d’ailleurs que ce sera un signal donné à toute la Russie et qui sera accepté par elle…Mais je suis pressé d’interrompre ici mes écritures. On vient chercher ma lettre. — Je n’ai que le temps de te prier de me donner des nouvelles précises de l’état de ta santé, dont les anomalies m’inquiètent un peu… beaucoup. Je persiste dans la résolution d’aller vous voir, mais ces horribles froids m’effraient pour le moment.
Mille tendres amitiés à ton mari. — Que Dieu vous garde… Je vous recommande le porteur de la présente un Mr Ведров, homme bien intentionné et qui m’est attaché. T. Tutchef
Петербург. 20 декабря 1866