Aujourd'hui l'espace est splendide!Sans mors, sans 'eperons, sans bride,Partons `a cheval sur le vinPour un ciel f'eerique et divin!Comme deux anges que tortureUne implacable calenture,Dans le bleu cristal du matinSuivons le mirage lointain!Mollement balanc'es sur l'aileDu tourbillon intelligent,Dans un d'elire parall`ele,Ma soeur, c^ote `a c^ote nageant,Nous fuirons sans repos ni tr^evesVers le paradis de mes r^eves!
Sans cesse `a mes c^ot'es s'agite le D'emon;Il nage autour de moi comme un air impalpable;Je l'avale et le sens qui br^ule mon poumonEt l'emplit d'un d'esir 'eternel et coupable.Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,La forme de la plus s'eduisante des femmes,Et, sous de sp'ecieux pr'etextes de cafard,Accoutume ma l`evre `a des philtres inf^ames.Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,Haletant et bris'e de fatigue, au milieuDes plaines de l'Ennui, profondes et d'esertes,Et jette dans mes yeux pleins de confusionDes v^etements souill'es, des blessures ouvertes,Et l'appareil sanglant de la Destruction!