En se rapportant aux pénibles instants qui désignaient l'heure de la rénovation planétaire, le Maître conseilla à ceux qui étaient en Judée de se rendre dans les montagnes. L'avertissement est profond, car le terme « Judée » doit être pris dans le sens de « région spirituelle » par ceux qui, dans leurs aspirations intimes, s'approchent du Maître pour arriver à l'illumination suprême.
L'actualité de la terre est un des tableaux les plus forts de ce genre. De toute part, les luttes et la ruine s'installent. Des poissons mortels sont inoculés aux masses populaires soumises à l'inconscience de la politique. La plaine est couverte d'un brouillard intense. Les lieux saints sont envahis d'abominables ténèbres. Quelques hommes avancent à la sinistre clarté des incendies. Le sol est abreuvé de sang et de larmes pour semer l'avenir.
L'instant est venu de retirer ceux qui sont restés en Judée pour les guider vers les « montagnes » des idées supérieures. Il
Francisco C. Xavier
est essentiel que le disciple du bien se maintienne sur les hauteurs spirituelles, sans abandonner la coopération élevée dont le Seigneur a donné l'exemple sur la terre ; qu'il y consolide sa position de collaborateur fidèle, invincible dans la paix et dans l'espérance, convaincu qu'après le passage des hommes par la perturbation, porteurs de décadence et de larmes, ce seront les fils du travail qui sèmeront à nouveau la joie, et reconstruiront l'édifice de la vie.
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Pire pour eux
En prenant place auprès des habitants de Nazareth, Jésus s'exclama, après avoir lu quelques promesses d'Isaïe : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture. »
Les groupements religieux attirent, presque toujours, des investigateurs curieux qui, à première vue, semblent être des vagabonds itinérants ; cependant, il faut reconnaître que des ascendants spirituels contraignent toujours leur esprit à l'examen et à la réflexion ; eux-mêmes ne sauraient définir cette convocation subtile et silencieuse qui les oblige à écouter parfois de grands discours, de longues conférences, des expositions et des élucidations qui, apparemment, ne les intéressent pas.
En de nombreuses circonstances, ils affirment tolérer le sujet par pure gentillesse, par respect mutuel. Il n'en reste pas moins qu'il existe quelque chose de plus fort, bien au-delà des bonnes manières qui les obligent à écouter, c'est le moment de la révélation spirituelle qui a retenti pour eux.
Beaucoup restent indifférents, ironiques, récalcitrants, mais la responsabilité de la connaissance leur pèse déjà sur les épaules et, s'ils pouvaient sentir la vérité plus clairement, ils hébergeraient l'affectueux avertissement du Maître au fond de leur âme : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture. »
La miséricorde a été distribuée. Jésus a manifesté sa bonté infinie. La divine parole s'est accomplie. Si les intéressés n'en tirent pas profit, c'est d'autant plus triste pour eux.
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Un seul seigneur
Si, de tout temps, les chrétiens trouvèrent sur les routes du monde de douloureuses situations qui les jetèrent dans la perplexité, la raison tient au fait qu'après les apôtres et les martyrs, la majorité a coopéré à la divulgation de faux sentiments en ce qui concerne le Seigneur qu'ils doivent servir.
Comme le royaume du Christ n'est pas encore sur la terre, on ne peut satisfaire en même temps Jésus et le monde. Au quotidien, le vice et le devoir ne s'unissent pas pour aller de l'avant.
Que dire d'un homme qui prétendrait diriger deux centres d'activité antagonique, dans un même effort ?
Le Christ est la ligne centrale de nos cogitations.
C'est l'unique Seigneur, après Dieu, pour les fils de la terre ayant des droits inaliénables, puisque c'est notre lumière du premier jour évolutif et il nous a acquis pour la rédemption par les sacrifices de son amour.
Nous sommes Ses serviteurs. Nous devons répondre à ses intérêts sublimes avec humilité. Pour cela, il ne faut pas fuir le monde, ni les responsabilités qui nous entourent, mais transformer grâce à nos efforts la part de service qui nous est confiée au sien des luttes en cellule de travail du Christ.
La tâche primordiale du disciple est, donc, celle de comprendre le caractère transitoire de l'existence charnelle, de se consacrer au Maître comme au centre de la vie et d'offrir à ses semblables ses bienfaits divins.
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Légion du mal
Dans ce passage des Evangiles, le Maître a légué cette inoubliable leçon aux disciples.
Alors, Jésus, qui répand le bien et la paix, s'approcha de l'Esprit pervers qui le reçut pris de désespoir.