– Tu n’as pas bien compris quelle a été l’ambiance générale après les faits, répondit Hermione à voix basse. Tu as réapparu au milieu de la pelouse, cramponné au cadavre de Cedric… Aucun de nous n’avait vu ce qui s’était passé dans le labyrinthe… Nous avons dû croire Dumbledore sur parole quand il a dit que Tu-Sais-Qui était revenu, qu’il avait tué Cedric et que tu t’étais battu contre lui.
– Et c’est la vérité ! dit Harry d’une voix forte.
– Je le sais, Harry ! Tu veux bien arrêter,
La pluie martelait les vitres tandis qu’ils arpentaient les couloirs en direction de la tour de Gryffondor. Harry eut l’impression que son premier jour avait duré une semaine mais il avait encore une montagne de devoirs à faire avant d’aller se coucher. Une douleur sourde et lancinante s’était installée au-dessus de son œil droit. Lorsqu’ils tournèrent dans le couloir du portrait de la grosse dame, il jeta un regard dans le parc, à travers une fenêtre ruisselante de pluie, mais il n’y avait toujours pas de lumière dans la cabane de Hagrid.
–
Le portrait pivota, révélant le trou dans le mur par lequel ils se glissèrent l’un après l’autre.
La salle commune était presque vide. La plupart des autres Gryffondor n’avaient pas encore fini de dîner. Pattenrond, qui s’était roulé en boule dans un fauteuil, se leva et vint à leur rencontre en ronronnant bruyamment. Lorsque Harry, Ron et Hermione se furent installés dans leurs fauteuils préférés, près de la cheminée, le chat sauta en souplesse sur les genoux d’Hermione et s’y lova comme un coussin de fourrure orangée. Vidé, épuisé, Harry contempla le feu de bois.
– Comment Dumbledore a-t-il pu laisser cette situation s’installer ? s’exclama soudain Hermione en faisant sursauter Harry et Ron.
Pattenrond, l’air offensé, fit un bond et sauta à terre. Furieuse, Hermione donnait de grands coups de poing sur les bras de son fauteuil en faisant sortir des morceaux de bourre par les déchirures du cuir.
– Comment peut-il accepter que cette horrible bonne femme nous donne des cours ? Et en année de B.U.S.E., en plus !
– On n’a jamais eu de très bons profs en défense contre les forces du Mal, fit remarquer Harry. Tu sais bien pourquoi, Hagrid nous l’a dit, personne ne veut de ce poste, on raconte qu’il est maudit.
– Oui, mais de là à engager quelqu’un qui nous interdit d’utiliser la magie ! À quoi joue Dumbledore ?
– Et puis, elle encourage les gens à faire de l’espionnage pour son compte, dit Ron d’un air sombre. Vous vous souvenez quand elle a dit que si quelqu’un nous parlait du retour de Vous-Savez-Qui, il fallait la mettre au courant.
– Bien sûr, elle est là pour nous espionner tous, c’est évident, sinon pourquoi Fudge l’aurait-il fait venir ? trancha Hermione.
– Ne recommencez pas à vous disputer, tous les deux, dit Harry avec lassitude, alors que Ron s’apprêtait à répliquer. On ne pourrait pas simplement… Tiens, on n’a qu’à faire nos devoirs pour s’en débarrasser…
Ils allèrent chercher leurs sacs dans un coin de la pièce et retournèrent s’asseoir auprès du feu. Les autres revenaient de dîner, à présent. Harry évitait soigneusement de jeter le moindre coup d’œil vers l’entrée de la pièce commune mais il sentait peser leurs regards sur lui.
– On va commencer par celui de Rogue, d’accord ? dit Ron en trempant sa plume dans l’encre.
Il souligna le titre puis regarda Hermione d’un œil interrogateur.
– Alors, quelles sont les propriétés de la pierre de lune et son utilisation dans les potions magiques ?
Mais Hermione ne l’écoutait pas. Elle observait le coin opposé de la pièce où Fred, George et Lee Jordan étaient assis au centre d’un groupe d’élèves de première année qui les regardaient d’un air naïf. Tous mâchaient quelque chose qui semblait provenir d’un grand sac en papier que Fred tenait entre ses mains.
– Non, désolée, mais là, ils vont trop loin, dit-elle en se levant avec fureur. Viens, Ron.
– Hein ?… Quoi ? répondit Ron qui essayait manifestement de gagner du temps. Enfin, Hermione, on ne peut quand même pas leur reprocher de distribuer des bonbons.
– Tu sais très bien qu’il s’agit de nougats Néansang ou de pastilles de Gerbe ou de…
– … petits-fours Tourndelœil ? suggéra Harry à voix basse.