– Ma grand-mère dit que ce sont des idioties, intervint Neville. Elle dit que c’est
Il se mit au lit et remonta les couvertures jusqu’à son menton, en lançant à Seamus un regard de hibou.
– Ma grand-mère a toujours dit que Tu-Sais-Qui reviendrait un jour. Et elle dit que si Dumbledore annonce qu’il est revenu, c’est qu’il est revenu.
Harry sentit monter en lui une bouffée de gratitude pour Neville. Plus personne n’ajouta un mot. Seamus sortit sa baguette magique, répara les rideaux de son lit et disparut derrière. Dean se coucha également, se tourna sur le côté et demeura silencieux. Neville, qui n’avait rien d’autre à ajouter, regardait avec tendresse son cactus éclairé par un rayon de lune.
Harry posa la tête sur ses oreillers tandis que Ron s’activait autour du lit voisin, en rangeant ses affaires. Il se sentait ébranlé par sa dispute avec Seamus qu’il avait toujours bien aimé. Combien d’autres allaient répandre à leur tour la rumeur qu’il était un menteur ou un détraqué ?
Dumbledore avait-il connu la même souffrance, cet été, lorsque le Magenmagot, puis la Confédération internationale des sorciers l’avaient exclu de leurs rangs ? Était-ce un sentiment de colère contre Harry qui l’avait dissuadé de le contacter ces derniers mois ? Après tout, ils étaient tous les deux embarqués sur le même bateau. Dumbledore avait cru son récit, il avait répété sa version des événements devant l’école tout entière puis, plus largement, à la communauté des sorciers. Quiconque pensait que Harry était un menteur devait considérer que Dumbledore en était un aussi, ou bien qu’il avait été abusé…
« Ils finiront par comprendre que nous avons raison », songea Harry, désemparé, alors que Ron se couchait et éteignait la dernière chandelle du dortoir. Mais il se demandait combien d’attaques semblables à celle de Seamus il devrait subir avant que vienne enfin le temps de la vérité.
12. LE PROFESSEUR OMBRAGE
Le lendemain matin, Seamus s’habilla en hâte et sortit du dortoir avant même que Harry ait mis ses chaussettes.
– Est-ce qu’il a peur de devenir fou s’il reste trop longtemps avec moi dans la même pièce ? demanda Harry à haute voix, en voyant les pans de la robe de Seamus disparaître derrière la porte.
– Ne t’inquiète pas pour ça, Harry, marmonna Dean en hissant son sac sur l’épaule. Il est juste un peu…
Mais apparemment, il était incapable de dire avec précision ce qu’était Seamus et, après un silence gêné, il préféra sortir à son tour.
Neville et Ron lancèrent tous deux à Harry un regard qui signifiait : « C’est son problème, pas le tien », mais Harry n’en éprouva guère de consolation. Combien de fois devrait-il encore subir ce genre d’avanies ?
– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Hermione cinq minutes plus tard.
Elle avait rattrapé Harry et Ron au milieu de la salle commune tandis qu’ils allaient tous prendre leur petit déjeuner.
– Tu as l’air absolument… Oh, mon Dieu !
Elle fixait d’un regard effaré le tableau d’affichage sur lequel une nouvelle annonce avait été placardée.
– Ils dépassent vraiment les bornes ! dit Hermione d’un air sombre.
Elle s’empressa d’enlever l’annonce épinglée par les jumeaux sur une affiche qui informait que la première sortie à Pré-au-Lard aurait lieu au mois d’octobre.
– Il va falloir leur dire deux mots, Ron.
Ron parut soudain très inquiet.
– Et pourquoi ?
– Parce que nous sommes préfets ! répondit Hermione, en se glissant par le trou que masquait le portrait de la grosse dame. C’est à nous de mettre un frein à ce genre de choses !
Ron resta silencieux. Harry devinait à son expression renfrognée que la perspective d’empêcher Fred et George de faire ce qui leur plaisait n’avait rien d’enthousiasmant à ses yeux.
– Au fait, qu’est-ce qui se passe, Harry ? reprit Hermione. Tu as l’air furieux.
Ils descendaient à présent un escalier où s’alignaient des portraits de vieux sorciers trop absorbés par leurs conversations pour leur accorder le moindre regard.
– Seamus prétend que Harry ment au sujet de Tu-Sais-Qui, résuma Ron en voyant que Harry ne répondait pas.