– Chaque directeur, chaque directrice de Poudlard a apporté quelque chose de nouveau en accomplissant la lourde tâche de gouverner cette école historique et c’est ainsi qu’il doit en être car l’absence de progrès signifie la stagnation puis le déclin. Mais le progrès pour le progrès ne doit pas être encouragé pour autant, car nos traditions éprouvées par le temps n’ont souvent nul besoin d’être modifiées. Un équilibre entre l’ancien et le nouveau, entre la pérennité et le changement, entre la tradition et l’innovation…
Harry s’aperçut que son attention avait tendance à faiblir comme si son cerveau s’éteignait par instants. Le silence qui accompagnait habituellement les discours de Dumbledore était à présent rompu par les chuchotements et les rires étouffés des élèves penchés les uns vers les autres. À la table de Serdaigle, Cho Chang était en grande conversation avec ses amis. Un peu plus loin, Luna Lovegood avait ressorti
Le professeur Ombrage ne semblait pas remarquer l’agitation de la salle. Harry avait l’impression qu’une émeute aurait pu éclater sous son nez sans qu’elle renonce pour autant à ânonner son discours jusqu’à la fin. Les autres professeurs, en revanche, l’écoutaient très attentivement et Hermione avait l’air de boire chacune de ses paroles même si, à en juger par son expression, elles n’étaient pas du tout de son goût.
– … car certains changements seront pour le mieux alors que d’autres, à l’épreuve du temps, apparaîtront comme des erreurs de jugement. De même, certaines coutumes anciennes seront conservées à juste titre tandis que d’autres, usées et démodées, devront être abandonnées. Aussi, n’hésitons pas à entrer dans une ère nouvelle d’ouverture, d’efficacité, de responsabilité, avec la volonté de préserver ce qui doit être préservé, d’améliorer ce qui doit être amélioré, et de tailler dans le vif chaque fois que nous serons confrontés à des pratiques dont l’interdiction s’impose.
Elle se rassit et Dumbledore applaudit. Les autres professeurs l’imitèrent mais Harry remarqua que plusieurs d’entre eux se contentèrent de claquer des mains une ou deux fois seulement. Quelques élèves suivirent mais la plupart avaient été surpris par la fin du discours dont ils n’avaient écouté que quelques mots et, avant qu’ils aient eu le temps d’applaudir vraiment, Dumbledore s’était à nouveau levé.
– Merci beaucoup, professeur Ombrage, pour ce discours très éclairant, dit-il en s’inclinant vers elle. À présent, comme je vous l’annonçais, les essais pour la constitution des équipes de Quidditch auront lieu le…
– Ça, pour être éclairant, c’était éclairant, dit Hermione à voix basse.
– Tu ne vas pas me dire que ça t’a captivée, non ? murmura Ron en tournant vers Hermione un visage éteint. C’est le discours le plus ennuyeux que j’aie jamais entendu et pourtant,
– J’ai dit éclairant, pas captivant, répondit-elle. C’était très révélateur.
– Vraiment ? s’étonna Harry. Moi, ça m’a donné l’impression d’une sauce insipide.
– Il y avait beaucoup d’ingrédients cachés dans la sauce, répliqua Hermione, le visage sombre.
– Ah bon ? dit Ron, interdit.
– Par exemple : « le progrès pour le progrès ne doit pas être encouragé ». Ou encore : « tailler dans le vif chaque fois que nous serons confrontés à des pratiques dont l’interdiction s’impose ».
– Et alors, qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Ron avec impatience.
– Ça veut dire ce que ça veut dire, répondit Hermione d’un ton lourd de menaces. Que le ministère a décidé d’intervenir dans les affaires de Poudlard.
Des bruits divers retentirent soudain autour d’eux. De toute évidence, Dumbledore avait annoncé la fin de la soirée car tout le monde s’était levé, prêt à quitter la Grande Salle. Hermione fit un bond, l’air effaré.
– Ron, nous sommes censés montrer le chemin aux première année !
– Ah oui, répondit Ron qui avait complètement oublié. Hé, vous, là-bas, les demi-portions !
–
– Ben, c’est vrai qu’ils sont tout petits…
– Je sais mais ce n’est pas une raison pour les traiter de demi-portions ! Les première année ! appela Hermione d’un ton autoritaire. Par ici, s’il vous plaît !