– Eh bien, dit-il d’une voix posée, j’imagine que c’est… à cause de toi.
– Qu’est-ce que tu veux dire ? répliqua vivement Harry.
Son cœur s’était mis à battre plus vite et il eut la vague impression que quelque chose se refermait sur lui.
– Eh bien, répéta Seamus en continuant d’éviter le regard de Harry, elle… heu… enfin, ce n’est pas seulement toi, c’est aussi Dumbledore…
– Elle croit ce qui est écrit dans
Seamus leva les yeux vers lui.
– Ouais, quelque chose dans ce goût-là.
Harry ne répondit rien. Il jeta sa baguette magique sur sa table de chevet, ôta sa robe de sorcier, la fourra d’un geste furieux dans sa valise et mit son pyjama. Il en avait assez, assez d’être celui qu’on regardait et dont on parlait tout le temps, il en était malade. Si l’un d’entre eux savait, si l’un d’entre eux avait la moindre idée de ce qu’on pouvait ressentir quand on avait vécu tout ce que lui avait vécu… Mrs Finnigan n’en savait rien du tout, la pauvre idiote, songea Harry avec férocité.
Il se glissa dans son lit et tendit la main pour fermer les rideaux de son baldaquin mais, avant d’avoir pu achever son geste, Seamus demanda :
– Écoute… Qu’est-ce qui s’est passé, cette nuit-là quand… tu sais… quand… avec Cedric Diggory et tout ça ?
Seamus paraissait à la fois inquiet et avide de savoir. Dean, qui s’était penché sur sa valise pour essayer d’y retrouver une pantoufle, s’immobilisa dans une attitude qui n’était pas très naturelle et Harry devina qu’il tendait l’oreille.
– Pourquoi me demander ça ? répliqua Harry. Tu n’as qu’à lire
– Ne t’en prends pas à ma mère ! protesta Seamus.
– Je m’en prendrai à tous ceux qui me traitent de menteur, répondit Harry.
– Ne me parle pas sur ce ton !
– Je te parle sur le ton qui me plaît.
Son humeur s’échauffait à tel point qu’il attrapa sa baguette magique, sur sa table de chevet.
– Si ça te pose un problème de partager un dortoir avec moi, va donc demander à McGonagall de te mettre ailleurs… Comme ça, ta maman cessera de s’inquiéter…
– Laisse ma mère tranquille, Potter !
– Qu’est-ce qui se passe, ici ?
Ron venait d’apparaître sur le seuil de la porte. Il regarda successivement Harry, à genoux sur son lit, sa baguette pointée sur Seamus, puis Seamus lui-même, les poings levés en position de combat.
– Il s’en prend à ma mère ! s’écria Seamus.
– Quoi ? dit Ron. Harry ne ferait jamais ça… On l’a rencontrée, ta mère, on l’a trouvée très sympathique…
– Ça, c’était avant qu’elle croie tout ce que cette immonde
– Ah…, dit Ron qui commençait à comprendre. D’accord.
– Tu sais quoi ? lança Seamus d’un ton enflammé, en jetant à Harry un regard venimeux. Il a raison, je ne veux plus me retrouver dans le même dortoir que lui, ce type est fou.
– Tu dérailles, Seamus, dit Ron dont les oreilles commençaient à rougir – ce qui était toujours chez lui un signal d’alerte.
– Je déraille, moi ? s’indigna Seamus qui, contrairement à Ron, était devenu très pâle. Alors, toi, tu crois toutes les imbécillités qu’il raconte sur Tu-Sais-Qui, tu penses qu’il dit la vérité ?
– Oui, c’est ce que je pense, répliqua Ron avec colère.
– Dans ce cas, toi aussi, tu es fou, dit Seamus d’un ton dégoûté.
– Ah oui ? Malheureusement pour toi, mon vieux, il se trouve que je suis aussi préfet ! répondit Ron en tapotant son insigne. Alors, si tu veux éviter une retenue, fais un peu attention à ce que tu dis !
Pendant quelques secondes, Seamus parut penser qu’une retenue était un prix raisonnable à payer pour pouvoir dire ce qu’il avait sur le cœur mais, avec une exclamation de mépris, il finit par tourner les talons, sauta sur son lit et ferma les rideaux du baldaquin avec une telle violence qu’ils s’arrachèrent de leur tringle et tombèrent sur le sol en un gros tas d’étoffe poussiéreuse. Ron lança un regard noir à Seamus, puis se tourna vers Dean et Neville.
– Est-ce que d’autres parents ont un problème avec Harry ? demanda-t-il d’un ton agressif.
– Mes parents sont des Moldus, répliqua Dean avec un haussement d’épaules. Ils ne sont absolument pas au courant qu’il y a eu un mort à Poudlard, vu que je ne suis pas assez idiot pour leur parler de ça.
– Eh bien, moi, tu ne connais pas ma mère, elle arriverait à faire avouer n’importe quoi à n’importe qui ! lui lança Seamus. De toute façon, tes parents ne lisent pas