Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Veuillez seulement, cher et excellent ami, consentir à un dernier mensonge: car il faut, avant tout, rassurer Andrée; vous lui direz que vous étiez hier inquiet de la santé de cet enfant, que vous l’êtes revenu prendre la nuit pour le porter chez sa nourrice. C’est la première fable qui me soit venue à l’idée, et que j’aie improvisée pour Andrée.


– Je dirai cela; cependant, vous chercherez cet enfant?


– J’ai un moyen de le retrouver. Je suis décidé à quitter la France; Andrée entrera au monastère de Saint-Denis; alors j’irai trouver M. de Taverney: je lui dirai que je sais tout; je le forcerai à me découvrir la retraite de l’enfant. Ses résistances, je les vaincrai par la menace d’une révélation publique, par la menace d’une intervention de madame la dauphine.


– Et l’enfant, qu’en ferez-vous, votre sœur étant au couvent?


– Je le mettrai en nourrice chez une femme que vous me recommanderez… puis au collège, et, quand il sera grand, je le prendrai avec moi, si je vis.


– Et vous croyez que la mère consentira, soit à vous quitter, soit à quitter son enfant?


– Andrée consentira désormais à tout ce que je voudrai. Elle sait que j’ai fait une démarche auprès de madame la dauphine, dont j’ai la parole; elle ne m’exposera pas à manquer de respect à notre protectrice.


– Je vous prie, rentrons chez la pauvre mère, dit le docteur.


Et il rentra en effet chez Andrée, qui sommeillait doucement, consolée par les soins de Philippe.


Son premier mot fut une question au docteur, qui avait déjà répondu par une mine riante.


Andrée entra dès lors dans un calme parfait qui accéléra si bien sa convalescence, que, dix jours après, elle se levait et pouvait marcher dans la serre, à l’heure où le soleil descendait sur les vitraux.


Le jour même de cette promenade, Philippe, qui s’était absenté pendant quelques jours, revint à la maison de la rue Coq-Héron avec un visage tellement sombre, que le docteur, en lui ouvrant la porte, pressentit un grand malheur.


– Qu’y a-t-il donc? demanda-t-il; est-ce que le père refuse de rendre l’enfant?


– Le père, dit Philippe, a été saisi d’un accès de fièvre qui l’a cloué sur son lit trois jours après son départ de Paris, et le père était à l’extrémité quand je suis arrivé; j’ai pris toute cette maladie pour une ruse, pour une feinte, pour une preuve même de sa participation à l’enlèvement. J’ai insisté, j’ai menacé. M. de Taverney m’a juré sur le Christ qu’il ne comprenait rien à ce que je voulais lui dire.


– En sorte que vous revenez sans nouvelles?


– Oui, docteur.


– Et convaincu de la véracité du baron?


– Presque convaincu.


– Plus rusé que vous, il n’a pas livré son secret.


– J’ai menacé de faire intervenir madame la dauphine, et le baron a pâli. «Perdez-moi si vous voulez, a-t-il dit; déshonorez votre père et vous-même, ce sera une folie furieuse qui n’amènera aucun résultat. Je ne sais ce que vous voulez me dire.»


– En sorte que?…


– En sorte que je reviens au désespoir.


À ce moment, Philippe entendit la voix de sa sœur qui criait:


– N’est-ce pas Philippe qui est entré?


– Grand Dieu! la voici… Que lui dirai-je? murmura Philippe.


– Silence! fit le docteur.


Andrée entra dans la chambre et vint embrasser son frère avec une tendresse joyeuse qui glaça le cœur du jeune homme.


– Eh bien, dit-elle, d’où viens-tu?


– Je viens de chez mon père d’abord, ainsi que je t’en avais prévenue.


– M. le baron est-il bien?


– Bien, oui, Andrée; mais ce n’est pas la seule visite que j’aie faite… J’ai vu aussi plusieurs personnes pour ton entrée à Saint-Denis. Dieu merci, maintenant tout est préparé; te voilà sauvée, tu peux t’occuper de ton avenir avec intelligence et fermeté.


Andrée s’approcha de son frère, et, avec un tendre sourire:


– Cher ami, lui dit-elle, mon avenir à moi ne m’occupe plus: il ne faut plus même que mon avenir occupe personne… L’avenir de mon enfant est tout pour moi, et je me consacrerai uniquement au fils que Dieu m’a donné. Telle est ma résolution, prise irrévocablement depuis que, mes forces étant revenues, je n’ai plus douté de la solidité de mon esprit. Vivre pour mon fils, vivre de privations, travailler même, s’il est nécessaire, mais ne le quitter ni jour ni nuit, tel est l’avenir que je me suis tracé. Plus de couvent, plus d’égoïsme; j’appartiens à quelqu’un; Dieu ne veut plus de moi!


Le docteur regarda Philippe comme pour lui dire: «Eh bien, qu’avais-je prédit?»


– Ma sœur, s’écria le jeune homme, ma sœur, que dis-tu?


– Ne m’accuse pas, Philippe, ce n’est pas là un caprice de femme faible et vaine; je ne te gênerai pas, je ne t’imposerai rien.


– Mais… mais, Andrée, moi, je ne puis rester en France, moi, je veux quitter tout: je n’ai plus de fortune, moi; point d’avenir non plus: je pourrai consentir à t’abandonner au pied d’un autel, mais dans le monde, dans le travail… Andrée, prends garde!


– J’ai tout prévu… Je t’aime sincèrement, Philippe; mais, si tu me quittes, je dévorerai mes larmes et j’irai me réfugier près du berceau de mon fils.


Le docteur s’approcha.


– Voilà de l’exagération, de la démence, dit-il.


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