Читаем Les Fourmis полностью

Mère s'était trompée! Sur le point d'encaisser la charge, la première ligne chlipoukanienne décoche une salve approximative qui n'élimine guère qu'une vingtaine d'assaillantes. La deuxième ligne n'a même pas le temps de se mettre en place, les artilleuses sont toutes saisies à la gorge et décapitées sans avoir pu lâcher une goutte d'acide.

C'est la grande spécialité des esclavagistes de n'attaquer qu'à la tête. Et elles le font très bien. Les crânes des jeunes Chlipoukaniennes volent. Les corps sans tête continuent parfois de se battre à l'aveuglette ou bien détalent en effrayant les survivantes. Au bout de douze minutes, il ne reste pas grand-chose des troupes rousses. La seconde moitié de l'armée bouche toutes les issues.

Chli-pou-kan n'ayant pas encore reçu son dôme, elle apparaît en surface sous la forme d'une dizaine de petits cratères entourés de graviers triturés.

Tout le monde est abasourdi. S'être donné tant de mal pour construire une cité moderne, et la voir à la merci d'une bande de barbares tellement primitives qu'elles ne savent pas se nourrir seules! Chli-pou-ni a beau multiplier les CA, elle ne trouve pas comment leur résister. Les moellons placés aux issues tiendront au mieux quelques secondes. Quant au combat dans les galeries, les Chlipoukaniennes n'y sont pas davantage préparées qu'au combat à découvert.

Dehors les dernières soldâtes rousses combattent comme des diablesses. Certaines ont pu battre en retraite, mais la plupart ont vu les issues se bouclier juste derrière leur dos. Pour elles, tout est fichu. Elles résistent pourtant avec d'autant plus d'efficacité qu'elles n'ont plus rien à perdre et qu'elles pensent que plus elles ralentiront les envahisseurs, plus les bouchons des issues pourront être consolidés. La dernière Chlipoukanienne se fait à son tour décapiter et son corps dans un réflexe nerveux se place devant une issue et y plante ses griffes, dérisoire bouclier. A l'intérieur de Chli-pou-kan, on attend. On attend les esclavagistes avec une morne résignation. La force physique pure a finalement une efficacité que la technologie n'a pu encore surpasser… Mais les esclavagistes n'attaquent pas. Tel Hannibal devant Rome, elles hésitent à vaincre. Tout cela paraît trop facile. Il doit y avoir un piège. Si leur réputation de tueuses les précède partout, les rousses ont aussi leur renommée. Dans le camp esclavagiste, on les dit habiles à inventer des pièges subtils. On prétend qu'elles savent faire alliance avec des mercenaires qui surgissent au moment où l'on s'y attend le moins, On dit aussi qu'elles savent dompter des animaux féroces, fabriquer des armes secrètes qui provoquent des douleurs insupportables. Et puis, autant les esclavagistes sont à l'aise en plein air, autant elles détestent se sentir entourées de murs.

Toujours est-il qu'elles ne font pas sauter les barricades disposées aux issues. Elles attendent. Elles ont tout leur temps. Après tout, la nuit ne devrait pas tomber avant une quinzaine d'heures.

Dans la fourmilière, on s'étonne. Pourquoi n'attaquent-elles pas? Chli-pou-ni n'aime pas cela. Ce qui l'inquiète, c'est que l'adversaire «agisse de manière à échapper à son mode de compréhension», alors qu'il n'en a nul besoin, étant le plus fort. Certaines de ses filles émettent timidement l'opinion qu'on essaie peut-être de les affamer. Une telle éventualité ne peut que redonner courage aux rousses: grâce à leurs étables en sous-sol, leurs champignonnières, leurs greniers à farine de céréales, les fourmis réservoirs gavées de miellat, elles sont en mesure de tenir deux bons mois de siège. Mais Chli-pou-ni ne croit pas à un siège. Ce que veulent les autres, là-haut, c'est un nid pour la nuit. Elle repense à la fameuse sentence de Mère: Si l'adversaire est plus fort, agis de manière à échapper à son mode de compréhension. Oui, face à ces brutasses, les technologies de pointe, voilà le salut. Les cinq cent mille Chlipoukaniennes opèrent des CA. Un débat intéressant émerge enfin. C'est une petite ouvrière qui émet:

L'erreur a été de vouloir reproduire des armes ou des stratégies utilisées par nos aînées de Bel-o-kan. Nous ne devons pas copier, nous devons inventer nos propres solutions, pour résoudre nos propres problèmes. Dès que cette phéromone est lâchée, les esprits se débloquent et une décision est rapidement prise. Tout le monde se met alors au travail.


 


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