Читаем Les Fourmis полностью

Chli-pou-kan n'est malheureusement pas prête à encaisser un tel assaut. Certes, depuis quelques jours, la ville regorge d'un bon million d'habitantes; certes, on a construit un mur de plantes carnivores sur la frontière est… mais cela ne suffira jamais. Chli-pou-ni sait que sa cité est trop jeune, pas assez aguerrie. En outre, elle n'a toujours pas de nouvelles des ambassadrices qu'elle a envoyées à Bel-o-kan pour signifier l'appartenance à la Fédération. Elle ne peut donc compter sur la solidarité des cités voisines. Même Guayeï-Tyolot est à plusieurs milliers de tête, il est impossible d'avertir les gens de ce nid d'été… Qu'aurait fait Mère devant une telle situation? Chli-pou-ni décide de réunir quelques-unes de ses meilleures chasseresses (elles n'ont pas encore eu l'occasion de prouver qu'elles étaient guerrières) pour une communication absolue. Il est urgent de mettre au point une stratégie. Elles sont encore réunies dans la Cité interdite lorsque les vigiles postées dans l'arbuste surplombant Chli-pou-kan annoncent qu'on perçoit les odeurs d'une armée qui accourt.

Tout le monde se prépare. Aucune stratégie n'a pu être établie. On va improviser. Le branle-bas de combat est donné, les légions s'assemblent tant bien que mal (elles ignorent encore tout de la formation, chèrement acquise face aux fourmis naines). En fait, la plupart des soldâtes préfèrent placer leurs espoirs dans le mur de plantes carnivores.


 


AU MALI: Au Mali, les Dogons considèrent que lors du mariage originel entre le Ciel et la Terre, le sexe de la Terre était une fourmilière. Lorsque le monde issu de cet accouplement fut achevé, la vulve devint une bouche, d'où sortirent la parole et ce qui en est le support matériel: la technique du tissage, que les fourmis transmirent aux hommes.

De nos jours encore, les rites de fécondité demeurent liés à la fourmi. Les femmes stériles vont s'asseoir sur une fourmilière pour demander au dieu Amma de les rendre fécondes.

Mais les fourmis ne firent pas que cela pour les hommes, elles leur montrèrent aussi comment construire leurs maisons. Et enfin

elles leur désignèrent les sources. Car les Dogons comprirent qu'il leur fallait creuser sous les fourmilières Pour trouver de l'eau.

Edmond Wells

Encyclopédie du savoir relatif et absolu.


 


Des sauterelles se mettent à bondir en tous sens. C'est un signe. Juste au-delà, les fourmis équipées des meilleurs yeux distinguent déjà une colonne de poussière. On a beau parler des esclavagistes, les voir charger est bien autre chose. Elles n'ont pas de cavalerie, elles sont la cavalerie. Tout leur corps est souple et solide, leurs pattes sont épaisses et musclées, leur tête fine et pointue est prolongée de cornes mobiles qui sont en fait leurs mandibules. Leur aérodynamisme est tel qu'aucun sifflement n'accompagne leur crâne lorsqu'il fend les airs, emporté par la vitesse des pattes.

L'herbe se couche à leur passage, la terre vibre, le sable ondule. Leurs antennes pointées en avant lâchent des phéromones tellement piquantes qu'on dirait des vociférations.

Doit-on s'enfermer et résister au siège ou sortir et se battre? Chli-pou-ni hésite, elle a peur, au point de ne pas risquer même une suggestion. Alors naturellement, les soldâtes rousses font ce qu'il ne faut pas faire. Elles se divisent. Une moitié sort pour affronter l'adversaire à découvert; l'autre moitié reste calfeutrée dans la Cité comme force de réserve et de résistance en cas de siège. Chli-pou-ni essaye de se remémorer la bataille des Coquelicots, la seule qu'elle connaisse. Et c'est, lui semble-t-il, l'artillerie qui avait provoqué le plus de dégâts dans les troupes adverses. Elle ordonne aussitôt qu'on place en premières lignes trois rangs d'artilleuses.

Les légions esclavagistes foncent à présent sur le mur de plantes carnivores. Les fauves végétaux se baissent à leur passage, attirés par l'odeur de viande chaude. Mais ils sont beaucoup trop lents, et toutes les guerrières ennemies passent avant que la moindre dionée ne soit parvenue ne serait-ce qu'à les pincer.

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