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La chambre où il repose est claire. Par les fenêtres ouvertes entrent le chant des oiseaux, le parfum des fleurs du jardin. Que tout est calme ici! Sa mère, sa soeur, ses amis, des visiteurs, restent discrètement assis non loin du lit; certains prennent note de nos paroles. Je dis à Ostrovski l'extraordinaire réconfort que je puise dans le spectacle de sa constance; mais la louange semble le gêner: ce qu'il faut admirer, c'est l'U.R.S.S., c'est l'énorme effort accompli; il ne s'intéresse qu'à cela, pas à lui-même. Par trois fois je lui dis adieu, craignant de le fatiguer, car je ne puis supposer qu'usante une si constante ardeur; mais il me prie de rester encore; on sent qu'il a besoin de parler. Il continuera de parler après que nous serons partis; et parler, pour lui, c'est dicter. C'est ainsi qu'il a pu écrire (faire écrire) ce livre où il a raconté sa vie. Il en dicte un autre à présent, me dit-il. Du matin au soir, et fort avant dans la nuit, il travaille. Il dicte sans cesse.

Je me lève enfin pour partir. Il me demande de l'embrasser. En posant mes lèvres sur son front, j'ai peine à retenir mes larmes; il me semble soudain que je le connais depuis longtemps, que c'est un ami que je quitte; il me semble aussi que c'est lui qui nous quitte et que je prends congé d'un mourant... Mais il y a des mois et des mois, me dit-on, qu'il semble ainsi près de mourir et que seule la ferveur entretient dans ce corps débile cette flamme près de s'éteindre.



VI



UN KOLKHOSE



Donc 16 r. 50, taux de la journée. Ce qui ne serait pas énorme. Mais le chef de brigade du kolkhose, avec qui je m'entretiens longuement tandis que mes camarades ont été se baigner (car ce kolkhose est au bord de la mer), m'explique que ce que l'on appelle «journée de travail» est une mesure conventionnelle et qu'un bon ouvrier peut obtenir double, ou même parfois triple, «journée» en un jour 28. Il me montre les carnets individuels et les feuilles de règlement, qui tous et toutes passent entre ses mains. On y tient compte non seulement de la quantité, mais aussi de la qualité du travail. Des chefs d'équipe le renseignent à ce sujet, et c'est d'après ces renseignements qu'il établit les feuilles de paie. Cela nécessite une comptabilité assez compliquée et il ne cache pas qu'il est un peu surmené; mais très satisfait néanmoins car il peut déjà compter à son actif personnel (l'équivalent de) 300 journées de travail depuis le début de l'année (nous sommes au 3 août). Ce chef de brigade, lui, dirige 56 hommes; entre eux et lui, des chefs d'équipe. Donc, une hiérarchie; mais le taux de base de la «journée» reste le même pour tous. De plus, chacun bénéficie personnellement des produits de son jardin, qu'il cultive après s'être acquitté de son travail au kolkhose.

Pour ce travail-ci, pas d'heures fixes et réglementaires: chacun, lorsqu'il n'y a pas urgence, travaille quand il veut.

Ce qui m'amène à demander s'il n'en est pas qui fournissent moins que la «journée» étalon. Mais non, cela n'arrive pas, m'est-il répondu. Sans doute cette «journée» n'est-elle pas une moyenne, mais un minimum assez facilement obtenu. Au surplus, les paresseux fieffés seraient vite éliminés du kolkhose, dont les avantages sont si grands qu'on cherche au contraire à y entrer, à en faire partie. Mais en vain: le nombre des kolkhosiens est limité.

Ces kolkhosiens privilégiés se feraient donc des mois d'environ 600 roubles. Les ouvriers «qualifiés», reçoivent parfois bien davantage. Pour les non qualifiés, qui sont l'immense majorité, le salaire journalier est de 5 à 6 roubles 29

. Le simple manoeuvre gagne encore moins.

L'état pourrait, il semble, les rétribuer davantage. Mais, tant qu'il n'y aura pas plus de denrées livrées à la consommation, une hausse des salaires n'amènerait qu'une hausse des prix. C'est du moins ce que l'on objecte.

En attendant, les différences de salaires invitent à la qualification. Les manoeuvres surabondent; ce qui manque, ce sont les spécialistes, les cadres. On fait tout pour les obtenir; et je n'admire peut-être rien tant, en U.R.S.S. que les moyens d'instruction mis, presque partout déjà, à portée des plus humbles travailleurs pour leur permettre (il ne tient qu'à eux), de s'élever au-dessus de leur état précaire.



VII



BOLCHEVO



J'ai visité Bolchevo. Ce n'était qu'un village d'abord, brusquement né du sol sur commande, il y a quelque six ans je crois, sur l'initiative de Gorki. Aujourd'hui, c'est une ville assez importante.

Elle a ceci de très particulier: tous ses habitants sont d'anciens criminels: voleurs, assassins même... Cette idée présida à la formation et à la constitution de la cité: que les criminels sont des victimes, des dévoyés, et qu'une rééducation rationnelle peut faire d'eux d'excellents sujets soviétiques. Ce que Bolchevo prouve. La ville prospère. Des usines y furent créées qui devinrent vite des usines modèles.

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