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Si je me suis trompé d'abord, le mieux est de reconnaître au plus tôt mon erreur; car je suis responsable, ici, de ceux que cette erreur entraîne. Il n'y a pas, en ce cas, amour-propre qui tienne; et du reste j'en ai fort peu. Il y a des choses plus importantes à mes yeux que moi-même; plus importantes que l'U.R.S.S.: c'est l'humanité, c'est son destin, c'est sa culture.

Mais m'étais-je trompé tout d'abord? Ceux qui ont suivi l'évolution de l'U.R.S.S. depuis à peine un peu plus d'un an, diront si c'est moi qui ai changé ou si ce n'est pas l'U.R.S.S. Et par: l'U.R.S.S. j'entends celui qui la dirige.

D'autres plus compétents que moi, diront si ce changement d'orientation n'est peut-être qu'apparent et si ce qui nous apparaît comme une dérogation n'est pas une conséquence fatale de certaines dispositions antérieures.

L'U.R.S.S. est «en construction», il importe de se le redire sans cesse. Et de là l'exceptionnel intérêt d'un séjour sur cette immense terre en gésine: il semble qu'on y assiste à la parturition du futur.

Il y a là-bas du bon et du mauvais; je devrais dire: de l'excellent et du pire. L'excellent fut obtenu au prix, souvent, d'un immense effort. L'effort n'a pas toujours et partout obtenu ce qu'il prétendait obtenir. Parfois l'on peut penser: pas encore. Parfois le pire accompagne et double le meilleur; on dirait presque qu'il en est la conséquence. Et l'on passe du plus lumineux au plus sombre avec une brusquerie déconcertante. Il arrive souvent que le voyageur, selon des convictions préétablies, ne soit sensible qu'à l'un ou qu'à l'autre. Il arrive trop souvent que les amis de l'U.R.S.S. se refusent à voir le mauvais, ou du moins à le reconnaître; de sorte que, trop souvent, la vérité sur l'U.R.S.S. est dite avec haine, et le mensonge avec amour.

Or, mon esprit est ainsi fait que son plus de sévérité s'adresse à ceux que je voudrais pouvoir approuver toujours. C'est témoigner mal son amour que le borner à la louange et je pense rendre plus grand service à l'U.R.S.S. même et à la cause que pour nous elle représente, en parlant sans feinte et sans ménagement. C'est en raison même de mon admiration pour l'U.R.S.S. et pour les prodiges accomplis par elle déjà, que vont s'élever mes critiques; en raison aussi de ce que nous attendons encore d'elle; en raison surtout de ce qu'elle nous permettait d'espérer.

Qui dira ce que l'U.R.S.S. a été pour nous? Plus qu'une patrie d'élection: un exemple, un guide. Ce que nous rêvions, que nous osions à peine espérer mais à quoi tendaient nos volontés, nos forces, avait eu lieu là-bas. Il était donc une terre où l'utopie était en passe de devenir réalité. D'immenses accomplissements déjà nous emplissaient le coeur d'exigence. Le plus difficile était fait déjà, semblait-il, et nous nous aventurions joyeusement dans cette sorte d'engagement pris avec elle au nom de tous les peuples souffrants.

Jusqu'à quel point, dans une faillite, nous sentirions-nous de même engagés? Mais la seule idée d'une faillite est inadmissible.

Si certaines promesses tacites n'étaient pas tenues que fallait-il incriminer? En fallait-il tenir pour responsables les premières directives, ou plutôt les écarts mêmes, les infractions, les accommodements si motivés qu'ils fussent?...

Je livre ici mes réflexions personnelles sur ce que l'U.R.S.S. prend plaisir et légitime orgueil à montrer et sur ce que, à côté de cela, j'ai pu voir. Les réalisations de l'U.R.S.S. sont, le plus souvent, admirables. Dans des contrées entières elle présente l'aspect déjà riant du bonheur. Ceux qui m'approuvaient de chercher, au Congo, quittant l'auto des gouverneurs, à entrer avec tous et n'importe qui en contact direct pour m'instruire, me reprocheront-ils d'avoir apporté en U.R.S.S, un semblable, souci et de ne me laisser point éblouir?

Je ne me dissimule pas l'apparent avantage que les partis ennemis—ceux pour qui «l'amour de l'ordre se confond avec le goût des tyrans

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»—vont prétendre tirer de mon livre. Et voici qui m'eût retenu de le publier, de l'écrire même, si ma conviction ne restait intacte, inébranlée, que d'une part l'U.R.S.S. finira bien par triompher des graves erreurs que je signale; d'autre part, et ceci est plus important, que les erreurs particulières d'un pays ne peuvent suffire à compromettre la vérité d'une cause internationale, universelle. Le mensonge, fût-ce celui du silence, peut paraître opportun, et opportune la persévérance dans le mensonge, mais il fait à l'ennemi trop beau jeu, et la vérité, fût-elle douloureuse, ne peut blesser que pour guérir.



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