Ma chatte ch'erie, me voil`a de nouveau occup'e `a t’'ecrire. Mais l’id'ee qu’il y a 18 jours et plus de la moiti'e de l’Europe entre le bec de ma plume et le premier regard que tu laisseras tomber sur ces lignes, cette conviction est plus que saisissante pour glacer une veine 'epistolaire, comme la mienne. Il faut `a la pens'ee de l’homme une ferveur presque religieuse pour ne pas se laisser accabler `a cette terrible id'ee de la distance. Hier, en te quittant, je suis all'e d^iner au club. Il y a ici plusieurs clubs dans le genre de ceux de Londres et dont quelques-uns sont mont'es sur un pied tout `a fait grandiose. On y d^ine, on y joue aux cartes et on y trouve une collection de journaux russes et 'etrangers, livres, brochures, etc. Ce sont en ce moment les seuls points de r'eunion qu’il y ait, car la plus grande partie de la soci'et'e a d'ej`a quitt'e la ville. Le th'e^atre est peu suivi, les promenades sont aussi peu, bien qu’il y en ait des charmantes. Mais c’est la ville elle-m^eme, la ville dans son immense vari'et'e que je voudrais pouvoir te montrer, toi qui vois tout, que de choses ne verrais-tu pas ici! Comme tu sentirais d’influent, ce que les anciens appelaient le
Peste soit des interruptions. Il y a eu entre cette ligne et la pr'ec'edente une visite paternelle qui a dur'e une heure et demie et qui a mis en compl`ete d'eroute toutes les belles choses que j’avais `a te dire.
Ma chatte ch'erie, quand tu recevras cette lettre, je serai sur le point de quitter Moscou. Ainsi je pr'eviens qu’`a partir du 15 ao^ut tu feras bien de m’adresser tes lettres `a P'etersbourg, en les recommandant `a Stieglitz. Ici tout conspire `a abr'eger mon s'ejour, et je crois que mon p`ere lui-m^eme tout afflig'e qu’il sera de me voir partir, attend avec quelque impatience le moment o`u il pourra s’en aller d’ici. J’ignore, combien de temps je resterai `a P'etersbourg. Cela d'ependra des chances que j’y rencontrerai. Dans tous les cas j’esp`ere et je compte y avoir fini mes affaires assez t^ot pour ^etre rendu `a Tegernsee bien avant l’'epoque que tu as fix'ee pour entreprendre ton voyage de Paris. Je te d'efends par cons'equ
Москва. 26 июля 1843
Милая моя кисанька, я был прав, предполагая, что взрыв моей досады ускорит прибытие твоего письма. Ибо драгоценное письмо твое от 8 числа, столь долгожданное, я получил вчера, два часа спустя после того, как отправил свое на почту. Мне с торжественным видом вручила его маминька. От души проклинаю, можешь мне поверить, новый приступ несносного ревматизма, который имел подлость напасть на тебя даже в мое отсутствие, и вполне согласен с тобою, что ему надо объявить войну насмерть, войну на полное уничтожение. А потому вполне одобряю твое намерение съездить в Париж. Но мне хочется, чтобы ты не уезжала раньше моего возвращения в Мюнхен, что, кстати сказать, произойдет довольно скоро. Ибо я надеюсь с Божьей помощью вернуться к тебе в сентябре.