Je ne t’'ecris pas aujourd’hui. Je ne m’en sens pas le courage. Je suis tout d'emoralis'e par ton silence. Voil`a cinq `a six jours que j’aurais du avoir de tes nouvelles. Je t’avais 'ecrit de Varsovie en date de 24 du mois dernier. Cette lettre a d^u te parvenir dans les tous premiers jours de juillet. Si tu y avais r'epondu sur-le-champ, j’aurais d^u avoir la lettre depuis cinq `a six jours. Je ne veux ni ne puis entendre raison sur les retards, pas plus que sur les coups de b^aton qu’on me donnerait. Tout ce que je puis faire c’est de les subir en silence. Aussi je me tais. Mes affaires ici sont termin'ees. Mon p`ere nous a c'ed'e les 2
/3 de son bien. Cela doit nous faire de 10 `a 12 mМосква. 25 июля 1843
Не пишу тебе сегодня. Не нахожу в себе мужества. Я в полном унынии от твоего молчания. Я должен был получить от тебя письмо уже пять или шесть дней назад. Я писал тебе из Варшавы 24-го числа прошлого месяца. Ты должна была получить это письмо в самые первые дни июля. Если бы ты тотчас ответила, я бы уже пять-шесть дней назад получил твое письмо. Я не хочу и не могу слышать ни о каких причинах такой задержки, это все равно что получать удары палкой. Все, что я могу сделать, это сносить их в молчании. Итак, я умолкаю. Дела мои здесь окончены. Отец уступил нам 2
/3 своего имущества. Это должно составить 10–12 тысяч франков на каждого. К тому же он даст перед отъездом 3 тысячи рублей, чтобы оплатить мне проезд. Но это все мне совершенно безразлично. Ничто не вознаградит меня за то, что я переживаю в эти минуты. Храни тебя Господь. Ф. Т.Тютчевой Эрн. Ф., 14/26-15/27 июля 1843*
Moscou. Ce 26 juillet 1843
Ma chatte ch'erie. J’avais bien raison de penser que l’explosion de mon humeur h^aterait l’arriv'ee de ta lettre. Car cette ch`ere lettre du 8 si impatiemment attendue, je l’ai recue hier, deux heures apr`es avoir fait porter la mienne `a la poste. C’est ma m`ere qui est venue me la remettre en triomphe. J’ai bien sinc`erement maudit, tu peux m’en croire, ce nouvel acc`es de tes sacr'es rhumatismes qui ont eu la l^achet'e de s’attaquer `a toi, m^eme en mon absence, et je suis parfaitement de ton avis qu’il faut leur faire une guerre `a outrance, une guerre d’extermination. Aussi j’approuve tr`es fort l’id'ee du voyage `a Paris. Mais je pr'etends que tu ne l’entreprennes qu’`a mon retour `a Munich qui d’ailleurs ne se fera gu`eres attendre, car je compte bien, Dieu aidant, pouvoir te rejoindre dans le courant de septembre.
Maintenant il serait `a propos, je pense, de te donner quelques d'etails sur mon s'ejour d’ici. Tu sais que nous sommes arriv'es ici le 8, pr'ecis'ement le jour, o`u tu as 'ecrit ta lettre. Je ne hais pas ces co"incidences. P`ere et m`ere, pr'evenus depuis plusieurs jours de notre arriv'ee, avaient lou'e pour nous dans la maison, qu’ils occupent, un appartement au rez-de-chauss'ee*
compos'e de trois chambres assez jolies, assez proprettes pour nous et d’une quatri`eme pour le fid`ele Brochet, attenante `a la mienne. La maison est situ'ee dans un quartier de la ville qui correspond parfaitement aux faubourgs ext'erieurs `a Paris. C’est moins d'elabr'e toutefois et plus campagne. Nous avons voiture et chevaux `a notre disposition absolue et exclusive.