Сегодня в 5 часов я обедаю у министра Уварова, которому не хотелось отпустить меня, не исполнив одного своего давнишнего обещания. — Касательно моей поездки могу сообщить тебе следующие новости. Намедни меня вызвали в министерство и от имени канцлера предложили мне взять на себя курьерскую посылку помимо Берлина еще и в Цюрих
. Сначала я было отказался — по врожденной лени, ибо предложение было вполне приемлемое, поскольку командировка в Цюрих снимает расходы на поездку в Баден. А потому, вернувшись, одумался. Но пришлось бы похлопотать… Это мне было не по душе, и я махнул рукой. К счастью, вчера на гулянии я встретил канцлера. Я с ним переговорил — согласился, и вот собираюсь в путь — в Цюрих. Я все же проеду через Веймар и туда-то, милая моя кисанька, я и прошу писать мне…Храни тебя Господь как самое ценное, что есть на свете. Целую детей… Но писать мне противно и скучно… Ибо пишу я уж слишком плохо.
Ф. Т.
Тютчевой Эрн. Ф., 21 июня/3 июля 1847*
136. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 21 июня/3 июля 1847 г. Петербург
St-Pétersbourg. Ce 21 juin/3 juillet
Ma chatte chérie, voilà donc le grand jour arrivé, et je sens que c’est encore une séparation dans la séparation. Un trou dans un vide. Hier je suis rentré en ville et suis allé prendre congé du Chancelier. Il m’a touché par sa bonhomie. Il m’a très naïvement conjuré de n’aller voir sa femme à Bade qu’après avoir remis mon expédition à Zürich, car elle est un peu pressée, a-t-il ajouté. Au reste on m’a traîté plus généreusement que je ne m’y attendais. On m’a donné la somme de 250 ducats, ce qui est beaucoup, attendu que sur cette route il y a chemin de fer presque continu de Stettin à Zürich. J’en porterai avec moi, toutes les dépenses payées, au-delà de 1000 r arg. Que je m’en veux et que je me détracte d’avoir permis que tu le dépouillasses ainsi à mon profit, ton dévouement me consterne et m’épouvante. Je viens d’écrire à Nicolas pour lui recommander de la manière la plus pressante de t’aller voir coûte que coûte à Hapsal. Mais ce Hapsal! C’est donc une insigne sottise que nous avons fait là. La description que tu m’en fais dans ta lettre m’a fait venir la chair de poule. Et c’est dans un pareil chenil que tu vas te confiner pour deux mois, tandis qu’avec l’argent que ce stupide séjour te coûtera, tu aurais fort bien pu, comme nous nous en sommes assurés, avoir une très jolie maison de campagne soit aux îles, soit à Pavlovsk. Mais il faut que les bons soient bien efficaces pour me combler d’une pareille sottise. Et tandis que toi, tu vas te morfondre ainsi, moi bêtement je me donne les apparences d’aller courir l’Europe pour mon plaisir. Et personne ne se doute de ce que c’est pour moi que la séparation.
Tu comprends, je suppose, pourquoi j’ai accepté Zürich. C’était une expiation, cela fera du moins que le voyage, tout bête qu’il est, ne coûtera pas une ruine. Maintenant je ne m’arrêterai guères ni à Stettin, ni à Weimar qu’à mon retour. J’irai d’un trait p Francfort et Berlin à Z<ürich>, puis de là à Bade pour voir la Ctesse N, après quoi je tâcherai de voir joindre ton frère et de m’enlever les bords du Rhin… Tout cela est bien long et bien inutile. Toi, en attendant, écris-moi à Weimar. Tu auras de mes nouvelles de la route, soit par moi, soit par les autres. Mais avant tout conserve-toi, comme ce que j’ai au monde de plus cher. A Dieu. Il est 9 heures, à 4 j’irai chercher tes traces de l’autre jour dans les eaux de Kronstadt. T. T.