Ma femme qui a fait avec moi une grande partie du voyage ne m’a quitté qu’à Carlsbad, d’où elle est directement retournée à Munich, pour ne pas laisser trop longtemps les enfants privés de sa surveillance. Nous sommes d’abord allés à Prague*
que je ne connaissais pas encore et que j’ai visitée avec le plus grand intérêt. C’est une magnifique ville et qui à quelques égards rappelle Moscou. A Carlsbad, au moment où nous y sommes venus, la saison tirait à sa fin*, et nous n’y avons trouvé que peu de monde. Maintenant je vais songer à mon retour. Je partirai d’ici après-demain et passerai par Leipsick, où la foire se tient en ce moment, et Dresde, où je compte aller voir la cousineQuant à mon voyage en Russie, je n’y ai nullement renoncé, mais je ne pourrai le faire qu’au printemps prochain. La saison est déjà si avancée que si j’allais maintenant à Pétersb
C’est une triste chose que de devoir ainsi ajourner à des mois les projets qui nous tiennent au cœur. Mais qu’y faire? A mesure que l’âge vient, la dépendance de l’homme redouble, jusqu’à ce qu’enfin on se trouve un beau matin cloué à sa place, comme un arbre en terre. Grâce à Dieu, je n’en suis pas encore là, et si Dieu nous prête vie, nous nous reverrons bien certainement l’été prochain*
.Vous ne parlez pas dans vos lettres de la santé de Dorothée, ce qui me fait croire, chers papa et maman, que les nouvelles que vous en recevez sont satisfaisantes. Faites-lui, je vous prie, mes amitiés, ainsi qu’à son mari. Mon silence, j’espère, ne pourra ni me faire entièrement oublié par elle, ni la faire douter de l’attachement que je lui porte. Quant à Nicolas, qui, je présume, est plus que jamais à Varsovie, puisque l’Empereur s’y trouve en ce moment, je m’en vais tout à l’heure essayer de lui écrire et je veux même lui adresser cette lettre pour vous la faire parvenir. Cela m’épargnera des redites, à moi, et un grand détour à la lettre… Et lui aussi, quand donc le reverrai-je?..
Quelques jours avant mon départ de Munich j’ai reçu la lettre de change de 3000 r
Comment ont été vos récoltes cette année? Des voyageurs russes m’ont assuré qu’en général la récolte a été bonne en Russie. Dieu veuille vous dédommager des trois terribles années dont vous venez d’être affligés.
Adieu, chers papa et maman. Que le Ciel vous protège et vous conserve. Je baise tendrement vos mains. T. Tutchef
Веймар. 10/22 сентября 1841