Le texte était à peu près aussi ennuyeux que les cours du professeur Binns. Il sentit son attention décliner et s’aperçut bientôt qu’il avait relu la même phrase une demi-douzaine de fois sans en retenir grand-chose au-delà des premiers mots. Plusieurs minutes s’écoulèrent en silence. À côté de lui, Ron, l’air absent, tournait et retournait sa plume entre ses doigts, le regard fixé sur la même ligne. Jetant un coup d’œil à sa droite, Harry eut alors une surprise qui le sortit de sa torpeur. Hermione n’avait même pas pris la peine d’ouvrir son exemplaire de la
Harry ne se souvenait pas d’avoir jamais vu Hermione dédaigner un livre qu’on lui demandait de lire. D’ailleurs, elle ne résistait jamais à la tentation d’ouvrir n’importe quel volume qui lui tombait sous le nez. Il l’interrogea du regard mais elle se contenta de hocher légèrement la tête pour indiquer qu’elle n’était pas disposée à répondre aux questions. Elle continuait de fixer le professeur Ombrage qui s’était résolument tournée dans une autre direction.
Quelques minutes plus tard, Harry s’aperçut qu’il n’était plus le seul à s’intéresser à Hermione. Le chapitre qu’ils étaient censés lire dégageait un tel ennui qu’un nombre grandissant d’élèves préféraient observer sa tentative muette pour accrocher le regard du professeur Ombrage plutôt que d’affronter les « Principes de base à l’usage des débutants ».
Lorsque plus de la moitié de la classe eut ainsi les yeux tournés vers Hermione au détriment du livre, le professeur Ombrage estima qu’elle ne pouvait ignorer plus longtemps la situation.
– Souhaitiez-vous poser une question au sujet de ce chapitre ? demanda-t-elle à Hermione comme si elle venait tout juste de la remarquer.
– Non, pas au sujet du chapitre, répondit Hermione.
– Pour l’instant, nous sommes en train de lire, dit le professeur Ombrage en découvrant ses dents pointues. Si vous avez d’autres questions, nous attendrons la fin du cours pour nous en occuper.
– J’ai une question à propos de vos objectifs d’apprentissage, dit Hermione.
Le professeur Ombrage haussa les sourcils.
– Et vous vous appelez ?
– Hermione Granger, répondit Hermione.
– Eh bien, Miss Granger, il me semble que ces objectifs sont parfaitement clairs si vous prenez la peine de les lire attentivement, répliqua le professeur Ombrage d’un ton à la fois aimable et décidé.
– Je ne le pense pas, dit abruptement Hermione. Rien n’est indiqué au sujet de l’
Il y eut un bref silence pendant lequel de nombreux élèves, sourcils froncés, tournèrent la tête vers le tableau pour relire les trois objectifs qui y étaient toujours inscrits.
– L’
– Alors, on ne fera pas de magie ? s’exclama Ron d’une voix sonore.
– Lorsqu’on veut s’exprimer dans ma classe, on lève la main, Mr…
– Weasley, dit Ron qui tendit aussitôt la main en l’air.
Le professeur Ombrage, avec un sourire plus large que jamais, lui tourna le dos. Harry et Hermione levèrent la main à leur tour. Les yeux cernés du professeur s’attardèrent un moment sur Harry, puis elle s’adressa à Hermione :
– Miss Granger ? Vous vouliez demander autre chose ?
– Oui, répondit Hermione. La raison d’être des cours de défense contre les forces du Mal, c’est bien de pratiquer des sortilèges de défense, non ?
– Seriez-vous une experte formée par le ministère, Miss Granger ? demanda le professeur Ombrage de sa voix faussement aimable.
– Non, mais…
– Dans ce cas, j’ai bien peur que vous ne soyez pas qualifiée pour définir la raison d’être d’une matière, quelle qu’elle soit. Notre nouveau programme d’études a été établi par des sorciers beaucoup plus âgés et intelligents que vous, Miss Granger. Vous apprendrez ainsi les sortilèges de défense dans des conditions qui garantissent la sécurité et l’absence de risques…
– À quoi ça peut bien servir ? interrogea Harry à haute voix. Si nous sommes attaqués, ce ne sera pas avec…
– Votre
Harry brandit le poing en l’air. Cette fois encore, le professeur Ombrage se détourna de lui mais, à présent, plusieurs autres élèves avaient également levé la main.
– Vous vous appelez ? demanda le professeur Ombrage à Dean.
– Dean Thomas.
– Je vous écoute, Mr Thomas.
– Harry a raison, non ? déclara Dean. Si on se fait attaquer, les risques ne seront pas du tout absents.
– Je le répète, reprit le professeur Ombrage en adressant à Dean un sourire exaspérant, craignez-vous de subir une attaque pendant mes cours ?
– Non, mais…
Le professeur Ombrage l’interrompit :