– Tu te rends compte de tous les devoirs qu’on a déjà à faire ? Binns nous a demandé quarante-cinq centimètres de parchemin sur les guerres des géants, Rogue veut trente centimètres sur les pierres de lune et maintenant Trelawney nous oblige à tenir le journal de nos rêves pendant tout un mois ! Fred et George n’avaient pas tort quand ils nous parlaient de l’année des B.U.S.E. J’espère que cette Ombrage ne va rien nous donner en plus…
Quand ils entrèrent dans la classe de défense contre les forces du Mal, le professeur Ombrage était déjà assise à son bureau. Elle portait le même cardigan rose que la veille ainsi que le nœud de velours noir accroché dans ses cheveux. Encore une fois, Harry ne put s’empêcher de penser à une grosse mouche qui se serait imprudemment perchée sur la tête d’un crapaud.
Les élèves entrèrent dans la salle en silence. Le professeur Ombrage restait une inconnue pour l’instant et personne ne savait quelles seraient ses exigences en matière de discipline.
– Eh bien, bonjour, dit-elle lorsqu’ils furent tous assis.
Quelques élèves marmonnèrent un vague bonjour.
– Voyons, voyons, dit le professeur Ombrage, ça ne va pas du tout. J’aimerais bien, s’il vous plaît, que vous répondiez : « Bonjour, professeur Ombrage. » Recommençons depuis le début, si vous le voulez bien. Bonjour, tout le monde !
– Bonjour professeur Ombrage, scandèrent les élèves.
– Voilà qui est beaucoup mieux, dit-elle d’une voix douce. Ce n’était pas si difficile, n’est-ce pas ? Rangez vos baguettes et sortez vos plumes, s’il vous plaît.
De nombreux élèves échangèrent des regards sombres. Quand un professeur disait : « Rangez vos baguettes », la leçon qui suivait était rarement passionnante. Harry glissa sa baguette magique dans son sac et sortit plume, encre et parchemin. Le professeur Ombrage ouvrit son sac à main, en tira sa propre baguette, qui était étonnamment courte, et en tapota le tableau noir. Des mots s’inscrivirent aussitôt :
– Bien. Il apparaît que votre enseignement dans cette matière a été passablement perturbé et plutôt fragmentaire, n’est-ce pas ? déclara le professeur Ombrage en se tournant vers les élèves, les mains jointes devant elle. Le changement constant d’enseignants, dont beaucoup ne semblent pas avoir suivi le programme approuvé par le ministère, a eu le fâcheux résultat de vous laisser loin au-dessous du niveau qu’on est en droit d’attendre au début d’une année de B.U.S.E. Vous serez certainement satisfaits d’apprendre que ces problèmes vont être désormais résolus. Cette année, en effet, nous aurons un programme de magie défensive centré sur la théorie et approuvé par le ministère. Commencez par copier sur vos parchemins les phrases suivantes.
Elle tapota à nouveau le tableau noir. Les mots qui s’y étaient inscrits s’effacèrent pour faire place aux objectifs d’apprentissage :
Pendant deux minutes, on n’entendit plus que le grattement des plumes sur les parchemins. Lorsque tout le monde eut recopié les trois objectifs du professeur Ombrage, elle demanda :
– Avez-vous tous votre exemplaire de
Un murmure d’approbation dénuée d’enthousiasme parcourut la classe.
– Je crois qu’il va falloir recommencer, dit alors le professeur Ombrage. Lorsque je vous pose une question, j’aimerais bien que vous me répondiez : « Oui, professeur Ombrage », ou « Non, professeur Ombrage. » Donc, je reprends : Avez-vous tous votre exemplaire de
– Oui professeur Ombrage, répondit la classe d’une seule voix.
– Très bien. Je voudrais maintenant que vous ouvriez ce livre à la page 5 et que vous lisiez le premier chapitre : « Principes de base à l’usage des débutants ». Et je vous signale qu’il est inutile de bavarder.
Le professeur Ombrage s’éloigna du tableau noir et s’installa dans le fauteuil, derrière le bureau, en observant les élèves de ses yeux de crapaud bordés de cernes. Harry ouvrit son livre à la page 5 et commença à lire.