– Dobby vous ramène votre chouette, monsieur ! couina une petite voix.
– Dobby ? répéta Harry d’une voix pâteuse en scrutant les ténèbres dans la direction d’où venait la voix.
Dobby, l’elfe de maison, était debout à côté de la table sur laquelle Hermione avait laissé une demi-douzaine de chapeaux de laine. Ses grandes oreilles pointues dépassaient de sous une pile de chapeaux qui devait rassembler tous ceux qu’Hermione avait tricotés. Il les portait les uns par-dessus les autres et sa tête paraissait s’être ainsi allongée de près de un mètre. Sur le dernier pompon de la pile se tenait Hedwige qui hululait d’un air paisible, visiblement guérie.
– Dobby s’est proposé pour ramener la chouette de Harry Potter, dit l’elfe de sa voix aiguë, une expression de véritable adoration sur le visage. Le professeur Gobe-Planche dit qu’elle va très bien, maintenant, monsieur.
Il s’inclina si bas que son nez en pointe effleura le tapis usé. Avec un hululement indigné, Hedwige s’envola et vint se poser sur le bras du fauteuil.
– Merci, Dobby ! dit Harry en caressant la tête de sa chouette.
Il ne cessait de cligner des yeux pour chasser l’image de la porte qu’il avait vue dans son rêve… Elle lui avait paru d’une réalité saisissante. En se retournant vers Dobby, il remarqua que l’elfe portait également plusieurs écharpes et d’innombrables chaussettes qui faisaient paraître ses pieds beaucoup trop gros par rapport à son corps.
– Heu… Tu as pris
– Oh non, monsieur, dit Dobby d’un ton joyeux. Dobby en a aussi donné à Winky, monsieur.
– Ah oui, et comment va-t-elle, Winky ? demanda Harry.
Les oreilles de Dobby s’affaissèrent légèrement.
– Winky boit toujours beaucoup, monsieur, répondit-il avec tristesse, en baissant ses énormes yeux ronds et verts, aussi gros que des balles de tennis. Elle n’a toujours pas envie de vêtements, Harry Potter. Et les autres elfes de maison non plus. Aucun d’eux ne veut plus nettoyer la tour de Gryffondor à cause des chapeaux et des chaussettes qui sont cachés partout. Ils trouvent cela insultant, monsieur. Dobby fait le ménage tout seul, monsieur, mais ça ne dérange pas Dobby parce qu’il espère toujours rencontrer Harry Potter et ce soir, monsieur, son vœu s’est réalisé !
Dobby s’inclina à nouveau très bas.
– Mais Harry Potter ne semble pas heureux, poursuivit Dobby qui se redressa en regardant Harry d’un air timide. Dobby l’a entendu grommeler dans son sommeil. Harry Potter a-t-il fait de mauvais rêves ?
– Pas vraiment mauvais, répondit Harry en bâillant et en se frottant les yeux. J’en ai eu de pires.
L’elfe contempla Harry de ses grands yeux sphériques. Puis, les oreilles tombantes, il dit d’un ton très sérieux :
– Dobby aimerait bien pouvoir aider Harry Potter parce que Harry Potter a donné la liberté à Dobby et Dobby est beaucoup plus heureux maintenant.
Harry eut un sourire.
– Tu ne peux pas m’aider, Dobby, mais je te remercie de me l’avoir proposé.
Il se pencha et ramassa son livre de potions. Il essayerait de finir son devoir le lendemain. Lorsqu’il referma le livre, les dernières lueurs du feu éclairèrent les fines cicatrices blanchâtres au dos de sa main – le résultat de ses retenues avec Ombrage…
– Ah mais, attends, dit lentement Harry, il y a peut-être quelque chose que tu pourrais faire pour moi, Dobby.
L’elfe le regarda, le visage radieux.
– Dites ce que veut Harry Potter, monsieur !
– J’ai besoin d’un endroit où vingt-huit personnes puissent s’entraîner à la défense contre les forces du Mal sans être découvertes par un professeur. Et surtout – Harry crispa la main sur le livre, ses cicatrices brillant d’un blanc nacré – pas par le professeur Ombrage.
Il s’attendait à voir le sourire de Dobby disparaître et ses oreilles tomber. Il s’attendait à l’entendre dire que c’était impossible ou bien qu’il essayerait de chercher un endroit mais qu’il n’avait pas grand espoir. Jamais, en revanche, il n’aurait pensé que Dobby allait faire un petit bond en l’air et agiter ses oreilles d’un air joyeux en claquant des mains.
– Dobby connaît l’endroit idéal, monsieur ! dit-il d’un ton allègre. Dobby en a entendu parler par les autres elfes de maison quand il est arrivé à Poudlard, monsieur. On l’appelle la Pièce Va-et-Vient ou encore la Salle sur Demande.
– Et pourquoi ? s’étonna Harry.
– Parce que c’est une pièce où on ne peut entrer, dit Dobby d’un ton très sérieux, que si on en a vraiment besoin. Parfois, elle est là, parfois, elle n’y est pas, mais quand elle apparaît, elle contient toujours ce qu’on cherche. Dobby l’a déjà utilisée, monsieur, ajouta l’elfe en baissant la voix d’un air coupable, quand Winky avait beaucoup bu. Il l’a cachée dans la Salle sur Demande et il y a trouvé des antidotes à la Bièraubeurre avec un joli petit lit à la taille d’un elfe pour qu’elle puisse se remettre, monsieur… Et Dobby sait aussi que Mr Rusard y a trouvé du matériel de nettoyage un jour où il en manquait, monsieur, et…