Un troll mangé aux mites cessa de donner ses habituels coups de massue au maître de ballet et regarda les nouveaux venus.
– Dobby m’a dit de passer trois fois devant ce morceau de mur en pensant très fort à ce que nous voulons.
Ils suivirent ces instructions, faisant demi-tour devant la fenêtre située à l’une des extrémités du mur, puis devant le vase de la taille d’un homme qui se trouvait à l’autre bout. Ron plissait les yeux dans un effort de concentration, Hermione murmurait des paroles indistinctes et Harry serrait les poings en regardant droit devant lui.
« Il nous faut un endroit pour apprendre à nous battre…, pensait-il avec force. Donnez-nous un lieu pour nous entraîner… quelque part où on ne pourra pas nous trouver… »
– Harry ! dit soudain Hermione alors qu’ils faisaient à nouveau demi-tour après leur troisième passage.
Une porte de bois verni était apparue dans le mur. Ron la regarda d’un air un peu méfiant. Harry tendit la main, saisit la poignée de cuivre, ouvrit la porte et pénétra le premier dans une pièce spacieuse, illuminée par des torches semblables à celles qui éclairaient les cachots, huit étages plus bas.
Des bibliothèques s’alignaient le long des murs et de grands coussins en soie tenaient lieu de sièges. Au fond de la pièce, des étagères étaient chargées de toutes sortes d’instruments tels des Scrutoscopes, des Capteurs de Dissimulation et une grande Glace à l’Ennemi craquelée, celle-là même que Harry avait déjà vue l’année précédente dans le bureau du faux Maugrey.
– Ça, ce sera bien quand on s’entraînera à la Stupéfixion, dit Ron avec enthousiasme en donnant un petit coup de pied dans un coussin.
– Et regardez tous ces livres ! s’exclama Hermione, surexcitée, en caressant du bout des doigts la reliure des gros volumes de cuir.
Le visage radieux, elle se tourna vers Harry. La présence de ces centaines d’ouvrages avait finalement convaincu Hermione qu’ils avaient raison de faire ce qu’ils faisaient.
– Harry, c’est merveilleux, dit-elle, il y a tout ce qu’il nous faut, ici !
Et sans attendre, elle prit sur une étagère
On frappa doucement à la porte. Harry se retourna. Ginny, Neville, Lavande, Parvati et Dean étaient arrivés.
– Ooooh, s’écria Dean en regardant autour de lui, l’air impressionné. C’est quoi, cet endroit ?
Harry se lança dans des explications mais, avant d’en avoir terminé, d’autres personnes arrivèrent et il dut tout recommencer depuis le début. Lorsqu’il fut huit heures, tous les coussins étaient occupés. Harry se dirigea vers la porte et tourna la clé qui dépassait de la serrure. Il y eut un déclic sonore des plus satisfaisants et tout le monde se tut, les yeux tournés vers lui. Hermione prit bien soin de marquer la page de
– Bien, dit Harry, un peu nerveux. Voici donc l’endroit que nous avons trouvé pour nos séances d’entraînement et heu… apparemment, il vous convient.
– C’est fantastique ! dit Cho.
Des murmures approbateurs s’élevèrent de toutes parts.
– C’est bizarre, dit Fred, les sourcils froncés, un jour on s’est réfugiés ici pour échapper à Rusard, tu te souviens, George ? Mais, à l’époque, c’était un simple placard à balais.
– Hé, Harry, qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Dean, assis au fond de la pièce, l’index pointé sur les Scrutoscopes et la Glace à l’Ennemi.
– Des détecteurs de magie noire, répondit Harry en se faufilant parmi les coussins pour s’approcher des étagères. Leur fonction de base, c’est de montrer la présence d’ennemis ou de Mages noirs qui se trouveraient à proximité, mais il ne faut pas trop s’y fier, on peut parfois déjouer leur vigilance…
Il observa un moment la Glace à l’Ennemi craquelée. Des silhouettes sombres s’y promenaient mais aucune n’était reconnaissable. Harry tourna le dos au miroir.
– J’ai réfléchi à ce qu’on devrait faire au début et… heu… – il remarqua une main levée. Qu’est-ce qu’il y a, Hermione ?
– Je pense qu’il faudrait commencer par élire un chef, dit-elle.
– C’est Harry, le chef, dit aussitôt Cho en regardant Hermione comme si elle était folle.
Harry sentit son estomac faire un nouveau saut périlleux.
– Oui, mais je pense qu’il faudrait procéder à un vrai vote, poursuivit Hermione, imperturbable. Ça officialisera la fonction et ça lui donnera l’autorité nécessaire. Alors, ceux qui pensent que Harry doit être le chef de ce groupe, levez la main.
Tout le monde leva la main, même Zacharias Smith. Son geste manquait cependant de conviction.
– Bon, heu… très bien, merci, dit Harry qui sentit ses joues s’embraser. Et…