Le changement si nécessaire dans le ministère de l’instruction publique. Mon Alexandre! Si je devais mourir demain et que j’eusse à Vous donner le dernier conseil, celui que je croirais le plus salutaire, le plus digne de Votre règne, ce serait celui que je Vous ai donné hier. Vous sentez que ce n’est que l’instruction de Votre nation qui peut Vous former une meilleure génération pour Vous servir, Vous et Votre peuple, et ce beau projet que
avez conçu est inexécutable si Vous ne le confiez à une main ferme et sûre. Klinger est le seul qui puisse le réaliser. Il a combattu pendant 6 ans infructueusement. Donnez-lui l’autorité nécessaire. Relevez son espérance abattue par l’idée que Vous l’avez rebuté en lui refusant la seconde classe de l’ordre de Wolodimir qu’il n’a pas demandée mais dont le refus l’a navré après trente ans de services rendus en homme de gloire et avec un attachement à Votre personne bien rare. Vous avez cette opinion de lui et c’est à Vous à dominer l’opinion des autres. Honorez-le aux yeux du public puisque Vous l’honorez intérieurement. Faites cela avant Votre départ pour la Finlande2. Je Vous en supplie. Titus ne perdait pas un jour. Vouloir réparer le mal en donnant des ordres spéciaux au Ministre n’aboutirait qu’à faire détester Dorpat encore davantage à cause de moi. Pour réussir il faut confier l’exécution de ce qui Vous est cher à des hommes qui aiment ce qu’ils ont à faire. Ce n’est qu’alors que Vous serez bien servi. Vous avez encore, m’avez-Vous dit, un homme de caractère à mettre à l’instruction publique3. Sire! il ne sera pas de trop. Faites-le Curateur de l’Université de Cazan. Rumofsky est absolument incapable et il est assez vieux pour mériter sa retraite.Les écoles paroissiales. Vous n’avez rien décidé hier à ce sujet. Je Vous supplie de me dire par un billet crayonné de Votre main chérie si Vous voulez les établir ou non. Mr. Repieff me secondera sûrement dans l’exécution pour la Livonie. Peut-être que les frais pour les séminaires Vous en empêchent. Dites-le-moi, mon Bien-Aimé. Je suis occupé depuis 4 ans de cet objet important; cela me ronge. Donnez-moi une décision. Je souffrirai de la négative, mais je souffre bien davantage de l’incertitude.
Soyez charitable envers Sonntag. Voudriez-Vous que le besoin le forçât à chercher ailleurs son pain?
Adieu, mon Alexandre chéri! C’est pour une année entière. Soyez heureux en tout ce que Vous ferez! – Dieu puissant, protège Le. Conduis mon Bien-Aimé dans sa pénible et difficile carrière!
Annexe
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La proportion actuelle de la valeur numéraire du cuivre à sa valeur commerciale est comme 16 à 30 ou 35. Ainsi la Couronne assure sur tout le cuivre qu’Elle fait monnayer une perte moyenne de 110 p. C. Cette perte en cause une seconde encore plus considérable; le cuivre monnayé se perd à l’étranger en contrebande ou est refondu dans les usines de cuivre, et la nation se trouvant par là appauvrie en numéraire tombe dans les mains des juifs de toutes les religions.
Pour faire rester le cuivre monnayé en circulation il n’est qu’un moyen, celui de le monnayer à un titre qui réponde à sa valeur dans le commerce, c’est à dire le poud à 35 Roubles. La Couronne y gagnera annuellement 118 ¾ p. C. Il y a deux manières de faire cette opération.
La première et la plus simple est de faire battre la nouvelle monnaie au nouveau titre et de donner un titre double à l’ancienne sans la rebattre d’abord. Pour la faire disparaître petit à petit il suffira de donner sur l’échange deux ou trois pour Cent de profit, ce qui peut se faire sans perte de la part de la Couronne, les anciennes monnaies étant de 118 ¾ pour Cent plus pesantes que ne seront les nouvelles. Ce petit profit qu’on accordera sur l’échange fera refluer petit à petit les anciennes monnaies aux hôtels des monnaies et au bout de quelques années elles se trouvent d’elles-mêmes hors de cours. Cette opération a le désavantage de frustrer la Couronne du profit du moment qui est considérable.
La seconde manière d’opérer consiste à rebattre d’abord les anciennes monnaies. La difficulté est de les faire refluer en peu de temps dans les hôtels des monnaies. Pour y parvenir il suffira d’abandonner une partie du profit aux particuliers en publiant une ordonnance qu’au bout d’un certain terme les vieilles monnaies n’auront plus de valeur numéraire et qu’elles doivent être échangées en sorte que pour 5 copeeks de vieille monnaie le particulier recevra 6 copeeks de nouvelle monnaie. Le paysan le plus ignare préférera un gain sûr de 20 p. C. à la perte totale de son numéraire, et dans les contrées où cela n’aurait pas lieu, on peut s’en fier à l’adresse des marchands et des usuriers qui sauront soutirer l’ancienne monnaie pour s’approprier le profit du change.