Je ne sais comment commencer cette lettre que mon devoir me force cependant de Vous adresser. Je crains de paraître abuser de cette bonté ineffable que Vous avez pour moi! J’ai reçu avant-hier les devis des bâtiments de l’Université1
, faits sur les données que l’expérience a fournies, et la somme est énorme à mes yeux, quoique ces devis soient faits par la plus pure intégrité: c’est le professeur Krause qui les a faits. Non seulement nous devons terminer les bâtiments dont Vous avez décrété l’exécution en Avril 1803 et pour lesquels Vous nous avez accordé une somme de 120 000 Rbl. qui ne suffit pas à beaucoup prèsSire! Il est sûr que comparée aux bâtiments considérables et nombreux qu’elle produira cette somme n’est pas disproportionnée. Mais c’est de
que nous espérons ces sacrifices considérables, de Vous qui en faites tous les jours pour nous et pour tous Vos sujets. Cette idée me peine, m’attriste extrêmement. Il me semble qu’en Vous demandant ces sommes je Vous prive d’autres jouissances. Je suis, il est vrai quant à moi, indifférent pour les richesses, mais je sais comment Vous employez les Vôtres – je sais davantage. – Mais il ne fallait pas me mettre dans le cas de revenir une troisième fois.Ma raison me dit, il est vrai, que nous avons fait tout ce qui est humainement possible pour diminuer ces sommes; que nous avons produit toutes les sommes de fondation de nos collections et appareils par des épargnes qu’une sage économie de nos revenus ordinaires nous a permis de faire, tandis que le seul article de l’histoire naturelle et de la physique à l’Université de Moscou Vous coûte 50 000 Ducats par l’achat du Cabinet de la comtesse Jablonska2
; elle me dit que les bâtiments des Universités de Charkow et de Casan coûteront beaucoup plus que les nôtres, et que dans tous les bâtiments que nous construisons nous n’avons pas songé à fournir des logements à nos professeurs quoiqu’à Moscou les professeurs soient logés ou indemnisés aux frais de la Couronne. Mais le sentiment est plus fort que ces raisons, parce que c’est de que j’espère ces sacrifices, moi qui voudrait me sacrifier pour Vous.Que le ciel Vous récompense de Vos bienfaits et me punisse s’il le faut de Vous les avoir demandés!
Parrot
40. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Il y a quelques jours que j’ai pris la liberté de Vous dire que j’avais quelques remarques bien importantes à Vous communiquer; je ne prévoyais pas alors qu’il se présenterait sitôt un cas extrêmement pressant d’en faire usage. Daignez, je Vous en supplie, m’accorder quelques instants, le plus tôt possible; la chose est si pressante que je cherche un autre canal que l’ordinaire pour Vous faire parvenir plus tôt ces mots, il n’y a pas un jour à perdre. Sûrement Vous me saurez quelque gré de Vous avoir fait cette prière.
Parrot
41. Alexandre IER
à G. F. Parrot[
J’avais espéré Vous donner Samedi un après-dîner entier, n’en ayant pas libre jusqu’à ce jour-ci. Si ce que Vous voulez me dire peut être remis jusque-là, cela m’accommoderait beaucoup, si non et s’il est d’une nécessité absolue, que je Vous voie aujourd’hui, passez chez moi à 8 heures, je pourrais Vous voir un moment.
[
42. Alexandre IER
à G. F. Parrot